Trois journaux français ont enquêté chez le studio parisien et dévoilent une ambiance particulièrement pesante.
David Cage et son studio Quantic Dream font régulièrement parler d'eux, surtout pour le style des jeux développés qui divise les foules de joueurs. Certains adorent, d'autres détestent, mais là, le studio est clairement dans la tourmente après une enquête menée par Le Monde, Canard PC et Mediapart.
David Cage et Guillaume de Fondaumière, directeur général délégué et producteur exécutif du studio Quantic Dream, sont en effet accusés par plusieurs anciens employés de comportements inappropriés, de surmener le personnel (semaines de 50h) et surtout de fermer les yeux devant des blagues sexistes et racistes de certains membres de l'équipe. Oui, ça fait tache, surtout que le studio est majeur en France, avec plus de 180 employés ainsi que des jeux réputés et reconnus dans le monde entier. Canard PC partage même en bannière publique plusieurs photomontages réalisés par des membres de Quantic Dream (il y en a plus de 600 en tout) et qui mettent en scène des employés dans des positions sexuelles, le tout accompagné d'insultes homophobes, sexistes ou les faisant passer pour des nazis. Devant le caractère particulièrement offensant de ces images, voici une version floutée, l'originale est à retrouver sur Canard PC.
Ces montages étaient envoyés par e-mails entre les employés, mais le responsable technique a trouvé l'intégralité des photos début 2017 et plusieurs plaintes ont alors été déposées. Par ailleurs, Quantic Dream compterait 83 % de membres masculins dans son équipe, et il y aurait même un dessin d'un pénis dont les testicules pètent dessiné sur un mur. Si la parodie « Beauf de France » de Kad et Olivier vous revient en tête, c'est normal... Concernant David Cage, décoré de la Légion d'honneur en 2014, celui-ci est présenté par ses anciens employés comme une personne avec laquelle il est difficile de travailler, surnommé « Papa », « Dieu » ou même « Roi-Soleil » (surnom de Louis XIV) qui n'écoute pas les autres membres de Quantic Dream et qui n'hésite pas à demander de longues heures de travail. Pire encore, il est accusé d'avoir peu de considération pour ses collègues féminines, de faire régulièrement des blagues vulgaires, des remarques concupiscentes en présence de sa femme, de tenir des propos inappropriés sur les actrices de ses jeux et de considérer le studio comme son espace privé. Rajoutez à cela des blagues racistes et homophobes : après avoir vu une vidéo d'un vol à la télé, il aurait demandé à un employé d'origine tunisienne si c'était l'un de ses cousins.
David Cage et Guillaume de Fondaumière ne sont pas restés longtemps sans se défendre et affirment être « très surpris », « choqués » et « indignés » par ces accusations, parlant d'« élucubrations » d'anciens salariés « frustrés ». Concernant les photomontages, David Cage affirme en avoir vu quelques-uns qui n'étaient pas choquants, juge ces allégations « ridicules, absurdes et grotesques » et se défend :
Vous voulez parler d'homophobie ? Je travaille avec Ellen Page, qui se bat pour les droits LGBT. Vous voulez parler de racisme ? Je travaille avec Jesse Williams, qui se bat pour les droits civiques aux États-Unis... Jugez-moi pour mon travail.
Guillaume de Fondaumière est lui accusé d'avoir un comportement lâche, comme en frappant le personnel pendant les soirées ou avec des « bises appuyées, des remarques déplacées ». Là aussi, le principal intéressé nie tout en bloc :
Je vais être extrêmement clair : c'est absolument faux. À Aucune soirée rien de tout cela ne s'est jamais passé.
Sur le plan financier, ce n'est pas mieux, comme l'a partagé Chloé Woitier sur Twitter, avec des montages financiers atypiques et douteux (un employé parti en milieu de projet s'est retrouvé avec 197h non effectuées et a finalement vu son solde raboté de 2 000 €). Du côté de Guillaume de Fondaumière, c'est pire, il s'est lui-même licencié le 31 septembre 2016 (oui, c'est ce qui est marqué, même si ce jour n'existe pas) pour se réembaucher le lendemain à un autre poste, avec 60 000 € d'indemnités au passage. Une pratique faite pour s'octroyer une assurance-chômage que l'intéressé ne nie pas, mais il dénonce tout de même un « enregistrement à son insu », « sorti de son contexte » et « tronqué »...
Voilà qui ne va certainement pas arranger les affaires de Quantic Dream ni aider les ventes de Detroit: Become Human, attendu sur PlayStation 4 dans le courant de l'année 2018.
Mise à jour : Guillaume de Fondaumière vient de partager ce communiqué sur Twitter pour réfuter les accusations ci-dessus.
— Guillaume:bcom human (@GdeFondaumiere) 14 janvier 2018
E3 2017 - PREVIEW - Detroit: Become Human - Markus, le beau gosse révolutionnaire qui charme