Sergent, au rapport ?
Après les évènements de The Avengers, Captain America est devenu un membre du S.H.I.E.L.D. à part entière, effectuant alors des missions pour compte de Nick Fury. S’interrogeant sur les motivations et la confiance de son "général", le Super Soldat va devoir faire face à bien pire : une agence compromise et la résurgence de démons du passé. Pour l'Humanité, la menace ne vient plus d’ailleurs, elle est cette fois-ci interne et le Monde pourrait bien basculer à jamais…
En y regardant de plus près, Captain America : Le Soldat de l’Hiver est un mauvais film de super-héros.
Avec Captain America : Le Soldat de l’Hiver, force est de reconnaître que Marvel s’essaie à un nouveau genre. Après la tragédie familiale shakespearienne (Thor), la guerre teintée d'aventure (Captain America: The First Avenger), le film choral (Avengers) ou encore la comédie (Iron Man 3), c’est maintenant l’espionnage qui nourrit les ambitions du studio à se servir de codes pour faire exister sa galerie de personnage. Cela permet bien évidemment de fournir un fil conducteur. Mais cela accouche aussi d’un spectacle beaucoup moins pétaradant. Car, en y regardant de plus près, Captain America : Le Soldat de l’Hiver est un mauvais film de super-héros.
La raison principale, et le duo de réalisateurs n’y peut sans doute pas grand-chose, c’est Captain America en lui-même. Si super-héros soit-il avec sa résistance et son bouclier qu’il aime à balancer partout (avec une efficacité palpable), en tant que personnage, il atteint très vite des limites que ne connaissent pas Thor, Iron Man ou encore Hulk : il n’a pas grand-chose à raconter. Passées les moqueries sur son côté has-been (il a passé des années congelé) ou encore les quelques interrogations sur ce qu’il doit faire pour s’intégrer et, surtout, intégrer les nouvelles normes sociétales, Captain America ne devient plus qu’un faire-valoir. Dans le long-métrage précédent, qui racontait ses origines, il était sauvé par un contexte historique anachronique qui plongeait dans l’ambiance et donnait une certaine identité visuelle tranchant avec les autres productions Marvel. Là, il n’est épaulé par rien, même pas des sidekicks dignes de ce nom (Le Faucon a du potentiel, sauf qu’il est mal introduit ; La Veuve Noire s’en sort mieux qu’à l’accoutumée). En termes de Némésis, ce n’est pas beaucoup mieux tant Crâne Rouge n’a aucun équivalent. Le Soldat de l’Hiver, très fantomatique et peu développé, est vite brossé, vite expédié.
Du reste, Captain America : Le Soldat de l’Hiver est-il un bon film d’espionnage ? Disons qu’il fait le job, sans plus, avec mollesse. Entre trahison et faux semblants, les poncifs sont respectés et le résultat final fait davantage penser à un Mission Impossible où Ethan Hunt serait remplacé par un justicier patriotique à la résistance encore plus grande en combat. Cela donne lieu à quelques rixes au corps-à-corps filmées de très près pour insister sur la puissance, à des années-lumière de ce que propose Thor : Le Monde des Ténèbres. Dommage de passer après. Après il y a Le Faucon - tiens tiens - pour offrir quelques séquences aériennes beaucoup plus impressionnantes. Mais il faudra lever les yeux, au sens propre comme au figuré.
En conclusion, Marvel a tenté et s’est brûlé les ailes. Partant sur un schéma de construction similaire à celui de Captain America: The First Avenger (un genre à part, un acteur vétéran pour le porter - ici Robert Redford), Captain America : Le Soldat de l’Hiver ne peut malheureusement pas, voire plus, se reposer sur son (super-)héros pour réveiller la recette et les papilles. Faudra-t-il attendre The Avengers: Age of Ultron pour qu’il prenne tout son sens ? Possible, vu l’intrigue politique déroulée et les conséquences sur le S.H.I.E.L.D. que cela implique et impliquera. En attendant, ce n’est pas suffisant pour être dans le haut du panier.
Verdict : 2,5 étoiles sur 5