Le retour du champion ?
États-Unis. Los Angeles. Convention Center. E3 : drôle d'endroit pour faire la rencontre de PES 2015, tant nous nous imaginions plutôt à Rio un soir de Coupe du Monde. Qu'à cela ne tienne, durant le prestigieux salon du jeu vidéo, Konami n'était pas venu qu'avec Metal Gear Solid V: The Phantom Pain dans sa besace. Il y avait également une simulation de football sur le showfloor, et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit d'une licence naguère reine de son domaine. Depuis le passage à l'ancienne génération, le studio japonais a loupé le coche et essuyé une concurrence grandissante de FIFA. Cela fait maintenant quelques années qu'EA Sports domine sans partage, mais l'hégémonie peut être brisée à n'importe quel moment : avant de chuter en phase de groupe, l'Espagne avait remporté deux fois l'Euro (2008 et 2012) et une Coupe du Monde (2010). Les leaders sont faits pour être renversés.
Konami a mis les petits plats dans les grands pour (re)conquérir les amateurs de ballon rond.
Est-ce la bonne année pour ce PES 2015, donc ? Il est encore trop tôt pour en juger. Néanmoins, nous pouvons d'ores et déjà affirmer que Konami a mis les petits plats dans les grands pour (re)conquérir les amateurs de ballon rond. Premièrement, le titre ne sera plus une œuvre 100 % nippone puisque l'antenne située en Angleterre participe au développement, pour une raison évidente : profiter de l'expertise de l'un des meilleurs footballs de la planète. Deuxièmement, il y a le FOX Engine, moteur qui fait des merveilles avec Metal Gear Solid V et qui a de quoi repousser les limites du photoréalisme. Troisièmement, il y a la nouvelle génération, volontairement oubliée en 2013 par défaut d'opportunisme. Et c'est plutôt une qualité.
La version PlayStation 4 de PES 2015 est prometteuse en termes de modélisation et d'animation, avec ce côté moins grand spectacle propre à FIFA. Il suffit de regarder les détails présents sur le visage de Paul Pogba (Juventus Turin - Équipe de France) pour s'en convaincre, sachant que Konami prévoit des mises à jour régulières pour le look des athlètes (ceux qui passent souvent chez le coiffeur risquent de donner du fil à retordre). Si certains mouvements paraissent encore mécaniques, le gap par rapport à PES 2014 se fait sentir. Précisons à tout hasard que certaines transitions (une touche jouée rapidement par exemple) sont instantanées pour ne pas casser le rythme. Mais il faudra le mettre côte à côte avec FIFA 15 new-gen pour savoir qui remportera la mise sur l'habillage. À armes égales.
En termes de gameplay, Konami ne se cache pas derrière des excuses et a conscience de ses lacunes. Par extension, le studio sait aussi qu'il doit mettre les bouchées doubles pour offrir l'expérience attendue. Concrètement, cela se matérialise par la reprise de certains ingrédients (les données stratégiques) et à un feeling ne manquant pas de souplesse (attention, nous n'avons pu jouer qu'un seul match, cela reste à confirmer). Toutefois, sur la session d'une dizaine de minutes, les défenses manquaient clairement de jugeote sur certaines actions, avec des espaces énormes dans lesquels les attaquants s'engouffraient sans trop de mal (heureusement qu'il n'est pas aisé de marquer). En somme et a priori, les arrières doivent s'acheter de l'agressivité, surtout s'ils se font mordre par Suarez. Sur le front offensif, l'intelligence artificielle a parfois du mal à se placer correctement - ou intelligemment - pour faciliter les actions et créer des situations favorables. Au milieu, en revanche, la bataille prévoit d'être rude, même s'il y a un risque d'étirer les lignes.
En conclusion, PES 2015 part sur d'excellentes intentions et devrait assurer des bases solides pour les futurs épisodes nouvelle génération. Sera-t-il encore trop juste pour titiller FIFA 15 ? Sans doute, tant le rival part de beaucoup moins loin. Du reste, l'apport de la structure européenne est de bon augure pour la suite et le build montré n'étant pas définitif, les quelques points négatifs, surtout liés à l'intelligence artificielle, ont le temps d'être gommés d'ici le lancement.
