PES 2015 - Adam Bhatti : "Nous sommes plus réalistes, plus réels, que FIFA"

Mon nom est Adam Bhatti, et je suis responsable de la marque PES en Europe.

• Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre travail en temps que responsable de la marque ?

Adam Bhatti : Votre travail est assez unique quand vous travaillez pour Konami en temps que responsable d'une marque, parce que vous êtes aussi responsable du produit, ce qui signifie que vous devez aussi vous concentrer sur le jeu, connaître les méthodes de développement, et être capable de communiquer certaines choses, comme les améliorations ou les points clefs. Nous devons choisir quels sont les éléments clefs sur lesquels il faut communiquer, et les points sur lesquels il faut s'améliorer année après année. Personnellement, je travaille avec le studio de Windsor et celui de Tokyo, et nous essayons de nous assurer que la communication est bonne.

• Les fans aiment ou détestent. Ils sont rarement entre les deux sentiments. Est-ce difficile de gérer une communauté de fans de football ?

Adam Bhatti : c'est difficile si vous ne produisez pas le meilleur jeu possible. C'est aussi difficile si vous avez créé quelque chose de très bon, mais que vous ne l'avez pas amélioré depuis. Cela offre à la communauté de nombreuses occasions d'être lassée et concernée par le problème. L'année dernière, nous avions beaucoup de fans très ennuyés par PES, principalement par la façon dont nous allions de l'avant, et ils ont cru que nous avions oublié pourquoi ils jouent à PES, pourquoi la communauté aime PES en temps que jeu de football numéro un. C'était donc très important pour nous de prendre ces retours en compte – tout le monde dit ça, je pense, chaque personne travaillant dans l'industrie du jeu vidéo dit « Oh, nous écoutons la communauté, nous écoutons les retours », mais pour nous, c'était très polarisant, surtout l'année dernière, parce que les fans n'étaient pas contents.

97 % des joueurs du jeu ont leurs propres animations et mouvements

• Après avoir perdu son leadership lors de la précédente génération de consoles, PES revient en challenger avec un opus qui semble être apprécié par la presse et les joueurs l'ayant testé. Comment vivez-vous ce changement ?

Adam Bhatti : C'est vraiment super, mais je pense que nous devons nous rappeler que le studio européen à Windsor est tout nouveau, nous travaillons ensemble depuis 18 mois avec Tokyo. Donc pour nous, c'est notre premier jeu, et nous voulons que notre première expérience soit positive. Et certainement, avec l'arrivée des nouvelles consoles, les PlayStation 4 et Xbox One, c'était le bon moment. La dernière génération n'était pas très positive pour PES. C'est une très bonne manière pour nous de recommencer, de repenser, reconstruire, utilisez le mot que vous voudrez. C'est une opportunité pour nous de ramener PES à son plus haut niveau, et de s'assurer que nous faisons au moins le nécessaire pour que le jeu soit le meilleur possible.

• Savez-vous ce qui fait que ce nouvel opus de PES est plus apprécié que les précédents ?

Adam Bhatti : Pour vous répondre, vous avez parfois besoin de regarder en arrière pour pouvoir aller de l'avant, comme une véritable équipe de football pour être honnête. PES 5 et PES 6 ont été une grande source d'inspiration pour nous, surtout pour les nouveaux de l'équipe, parce que nous avons senti que ces deux jeux en particulier n'ont jamais été surpassés par avant, que ce soit par nous ou par n'importe qui. Et nous utilisons ce ressenti que nous avons sur ces jeux, nous avons regardé en arrière et cherché pourquoi les fans continuent de dire « Ces jeux sont incroyables ». C'est pour les tirs, le gardien, le temps de réponse, les duels avec les milieux de terrain, vous n'avez pas besoin de faire une acrobatie pour passer quelqu'un. C'est juste cette sensation positive que vous avez, que chaque match sera différent, unique, que vous ne verrez jamais les mêmes buts aux mêmes moments. Et c'est cela qui nous a beaucoup inspirés, et c'est pour cela que vous voyez une énorme différence entre le jeu de l'année dernière et celui de cette année. Parce qu'on a regardé en arrière, et pris le meilleur des anciens jeux pour le mettre dans cette nouvelle génération. Bien sûr, vous pouvez le mettre en HD et faire payer les joueurs 50 £ ou 60 € pour le jeu, mais vous devez être sûr de l'apporter correctement sur la nouvelle génération de consoles, et aussi sur celle des joueurs. Cela inclut donc de réinventer l'aspect visuel, la façon dont ils bougent, la présentation, tous les modes, donc il y a beaucoup de travail à faire. Et ce n'est pas possible si vous n'avez pas deux choses : le Fox Engine, qui nous aide beaucoup, c'est sûr. C'est le moteur de jeu de Konami, que nous utilisons sur PES, mais qui a été créé pour des jeux incroyables, Metal Gear Solid: Ground Zero et The Phantom Pain qui ne va pas tarder à sortir, et vous avez vu l'annonce de Silent Hills. Le Fox Engine est un moteur incroyable, mais il n'a pas été créé pour un jeu de football, donc il a fallu l'adapter pour le rendre beau et puissant, mais il nous permet aussi de développer sur ces consoles d'une manière beaucoup plus facile, parce que tout le monde se souvient que le passage de la PS2 à la PS3 n'était pas une bonne chose pour nous.

Nous sommes plus réalistes, plus réels, que FIFA

• Pouvez-vous nous expliquer ce qui, d'après vous, différencie PES 2015 de FIFA 15 ?

Adam Bhatti : il y a quelques points clefs, en fait. Premièrement, nous sommes plus réalistes, plus réels, que FIFA. Vous devez connaître ce sport, c'est quelque chose que nous avions déjà dans PES, mais ce n'était pas fun. Vous pouvez avoir des connaissances, mais le gameplay n'est pas fun, alors nous voulions réunir les deux ensembles. Un des points clefs est donc que nous savons ce que sont les stratégies, les choix du manager, nous connaissons ces choses très bien. Cette année, nous allons sortir quelque chose de nouveau et frais, et nous allons proposer à chaque équipe six formations, ce qui peut sembler beaucoup, mais ce n'est pas tant que ça. Ce qui se passe, c'est qu'une équipe commence avec sa formation de base, mais, quand elle n'a pas le ballon, elle a une formation, et quand elle a le ballon, elle aborde une nouvelle formation. De plus, elle a une autre formation lorsqu'elle joue en extérieur. Il y a donc six formations différentes pour chaque équipe du jeu. Ensuite, il y a le Player ID. Les gens adorent l'individualité de certains joueurs, donc quand vous faites une passe à une superstar, comme Mario Götze, qui est sur la jaquette, vous sentez sa force comme dans la vie réelle, ses dribbles, ses percées. C'est un des points forts, mais nous mettons le niveau haut dessus en les faisant jouer en mouvement. Dans le passé, nous avions Ronaldo qui bougeait comme lui seul sait le faire, Messi et ses dribbles, mais cette année, nous avons 97 % des joueurs du jeu qui ont leurs propres animations, mouvements, donc un joueur comme Ibrahimovic sera très élégant, aura plus de touches de ballon, coupera ses élans, un joueur dans un style très puissant, mais vous sentez que vous êtes lui, et qu'il est différent des autres joueurs sur le terrain. Un dernier point clef qui sera, je pense, très important cette année, sera le tout nouveau mode Role Control, où une personne contrôle la défense, une autre le milieu du terrain et une autre l'attaque. C'est un nouveau mode à trois contre trois, nous nous sommes penchés sur l'idée du 11 contre 11, et nous avions trouvé cela très difficile à organiser, et quand les gens jouent en 11 contre 11, ce n'est jamais 11 vrais joueurs contre 11 vrais autres joueurs, c'est plutôt du quatre contre cinq, mais de cette manière, nous avons de la coopération organisée. Quand vous êtes un défenseur, vous alternez entre les joueurs de la défense, vous n'allez pas vous retrouver avec un attaquant, et vous pouvez travailler ensemble parfaitement. Nous attendons beaucoup de ce mode.

• Pensez-vous qu'éviter le choc frontal avec FIFA 15 en sortant PES 2015 deux mois plus tard soit une stratégie qui sera payante ?

Adam Bhatti : Oui, bien sûr. Quand nous avons choisi la date, c'était très clair, parce que l'année dernière nous avions eu des retours négatifs des joueurs, qui pensaient que nous avions lancé un jeu qui était incomplet. Et ça nous a donné l'envie d'être sûr que, quand le jeu sera sorti, ils auront le sentiment d'un jeu complet, terminé, optimisé, parfait, qu'ils auront envie de mettre dans leur console. Les deux mois supplémentaires, cela ne me concerne pas trop, m'occupant du produit, et si cela avait été mon choix, j'aurais pris deux ans, tout mon temps, pour être sûr que le jeu est complet par rapport à l'année dernière. Mais oui, c'est sûr, sortir notre jeu après le leur nous donnera des opportunités, mais ce n'est pas un jeu que vous êtes obligé d'acheter dès le premier mois, vous pouvez l'acheter dans tout son cycle de vie, comme en mars ou en avril. En plus, il y aura des mises à jour chaque semaine, des transferts, de nouvelles formations, des contrats, donc il y aura du contenu frais tout au long de l'année.

• Imaginez que vous êtes directeur du marketing. Expliquez à nos lecteurs pourquoi il faudra acheter ce jeu ?

Adam Bhatti : nous croyons que PES 2015 est LE jeu à acheter cette année. Vous aurez des joueurs qui jouent de la même manière que dans la vraie vie, des équipes qui jouent aussi de la même manière que dans la vraie vie. Vous aurez un contrôle total. Il y aura un tout nouveau mode en ligne, le mode Role Control, où un joueur contrôle la défense, un autre le centre et un autre l'attaque. Nous avons revu la présentation, nous avons revu le visuel, et nous avons le Fox Engine. PES est de retour.