Mais les casse-t-il vraiment ?
De loin, l'idée d'associer une marque de jouets qui vend des boîtes par millions aux petits comme aux grands, avec une industrie qui rassemble ces mêmes petits et grands depuis des décennies, est une opportunité commerciale évidente. C'est à se demander pourquoi le mariage n'a pas eu lieu avant. Mais il a donc fallu attendre 2014 pour voir Hollywood ouvrir ses portes à la maison danoise LEGO, une union assez vite consommée, puisqu'elle a donné lieu à une campagne marketing massive, doublée d'un merchandising énorme, entre goodies McDo dans le Happy Meal, gamme dédiée pour les collectionneurs et indispensable adaptation en jeu vidéo. Et ce film alors ?
Une belle sortie en famille pour s'amuser et se rappeler qu'au fond, nous sommes tous restés de grands enfants.
Pour ainsi dire, il est difficile d'accuser Warner Bros. d'avoir pris les choses à la légère et se reposer sur la popularité légendaire de LEGO. Après tout, il ne s'agissait pas de trahir des produits qui ont résisté à l'appétence récente pour les plaisirs davantage virtuels. En s'offrant les services de Phil Lord et Chris Miller, le duo derrière l'excellent Tempête de boulettes géantes, le major a opté pour l'expérience, à savoir des réalisateurs ayant fait leur preuve dans l'animation orientée zygomatiques. Sans surprise, La Grande Aventure LEGO remplit pleinement son objectif, celui d'être un blockbuster tout public - ou presque -, soit qui accumule les ingrédients essentiels pour faire mouche (faire rire et émerveiller). En un mot comme en cent, le pari, si osé était-il à notre époque, est réussi.
L'histoire, celle d'une vieille prophétie annonçant qu'un jour, un héros anodin sauvera le Monde, démarre tout azimut et donne le ton. À l'exception d'un dernier tiers un tantinet trop moralisateur et sans doute inaccessible pour une frange importante de spectateurs (les adultes qui ne collectionnent pas les LEGO, ndlr), le spectacle est total et ne laisse aucun répit. Cela passe par un humour parfois acide et très référencé (sans doute un peu trop pour les têtes blondes), de multiples clins d'œil à la culture et aux franchises populaires (Star Wars, Le Seigneur des Anneaux, les super-héros... tout y passe, même les cafés Starbucks) et de l'action à en revendre. Le tout évolue dans une maestria visuelle, nourrie par les milliards de briques qui s'animent au gré des effets spéciaux (du jamais vu), un voyage entre plusieurs univers bourrés de codes (une ode à l'imagination) et les bouilles mignonnes du casting - Emmet et son visage à l'ancienne en tête. Pour rester dans l'aspect technique, il est dommage que le potentiel 3D soit gâché par une absence de vraie sentiment de profondeur et qu'aucun jaillissement ne vienne nous rappeler pourquoi des lunettes jonchent notre nez. Cela l'est d'autant plus que Phil Lord et Chris Miller maîtrisaient plutôt bien le sujet avec Tempête de boulettes géantes.
Réussi dans la forme, La Grande Aventure LEGO n'a pas du tout lésiné le fond. Si la fable s'articulant autour d'un type ordinaire capable de réaliser des choses extraordinaires est monnaie courante dans ce type de production, le long-métrage va très loin dans son message universel. Que ce soit avec les notions de créativité face aux règles établies ou de solidarité obligatoire pour contourner les obstacles, les scénaristes ont de quoi creuser. Cela prend-il le pas sur le divertissement ? Pas vraiment, puisque les morales avancées sont aussi universelles que dans l'air du temps.
En conclusion, nous pourrions bien évidemment reprocher à La Grande Aventure LEGO de faire du placement produit en veux-tu en voilà et d'oublier quelque peu les plus jeunes le temps de blagues trop fines. Mais ce serait renier le formidable objet cinématographique qu'il représente : une belle sortie en famille pour s'amuser et se rappeler qu'au fond, nous sommes tous restés de grands enfants. Vivement la suite.
Verdict : 4 étoiles sur 5