30 ans après le mythique Dragon's Lair, Epic nous propose son OVNI vidéoludique en total décalage avec son temps.
A l'époque où les premières consoles de jeu se contentaient de faire défiler quelques sprites carrés modélisant une action, et où les meilleurs titres se jouaient sur borne d'arcade en salles de jeux ou dans les cafés, apparut soudain en 1983 un OVNI du nom de Dragon's Lair.
Dans ce jeu aux époustouflants graphismes de dessin animé de chez Disney, vous étiez Dirk, chevalier sans peur, prêt à défier le dragon pour récupérer son trésor et délivrer la très sexy princesse Daphne. Conçu comme un film interactif, Dragon's Lair proposait un parcours semé d'embuches découpé en tableaux à traverser selon un ordre d'actions précises... mais totalement scriptées. En effet, l'interactivité du titre consistait à appuyer sur le bon bouton au bon moment pour effectuer la bonne action attendue, ou recommencer à l'infini jusqu'à y arriver. Nulle liberté de mouvement, nulle interaction avec le décor, nulle initiative, la réussite passait par le suivi du script.
Il semble qu'aujourd'hui Epic tente de récidiver cet exploit avec son nouveau titre Infinity Blade. Disponible depuis le 09/12 sur l'App Store pour iPod touch, iPhone et iPad de dernières générations (4,99€ / 318 Mo), le titre est basé sur le moteur graphique Unreal Engine 3 (Unreal Tournament 3, Gear of War 2...) et offre une réelle claque graphique inédite de la part d'un smartphone aux capacités limitées par rapport à une véritable console.
Mais au-delà de la véritable prouesse graphique de ce jeu par rapport à ce qui existe actuellement sur l'App Store, comme a pu l'être Dragon's Lair en son temps par rapport à la concurrence, Infinity Blade est également malheureusement totalement scripté et linéaire, et donc... d'un ennui certain.
Votre personnage est immobile dans un décor magnifique autour duquel tourne la caméra, quelques éléments du décor renferment des bonus cachés qu'il faut découvrir au hasard d'un doigt pointé sur la bonne zone (bourse, potion...), pour finalement arriver dans une zone de combat au corps à corps avec l'ennemi suivant, et ainsi de suite. Pour faire avancer votre héros, nul joystick ou déplacement libre, il faut cliquer sur un point précis du décor pour qu'il se déplace vers la zone de combat suivante, comme à la bonne époque des jeux Point&Click de Lucas Art. A aucun moment vous n'aurez la possibilité de déplacer votre personnage ou lui faire faire une action précise, autre que celle de se battre.
Les combats sont également très scriptés. L'adversaire frappe, il faut contrer et esquiver avec les touches du bas de l'écran, puis contre attaquer en passant le doigt sur l'adversaire pour simuler des coups d'épée jusqu'à réduire sa jauge de vie à zéro et placer alors son coup final. Il n'y a là aucune stratégie et très peu d'interactivité, il n'existera qu'une seule manière de battre l'adversaire quelque soit le type de joueur.
Vidéo du gameplay d'Infinity Blade
Infinity Blade est donc un concept réussi, une preuve que les smartphones sont aujourd'hui arrivés à une certaine maturité graphique à laquelle on ne s'attendait pas, mais ce n'est pas un RPG au sens ludique. Gageons qu'il ouvrira la voie à des titres très prometteurs qui sauront mêler d'ici quelques mois graphismes de très haute résolution, jouabilité riche, durée de vie et jeu en réseau.