GamerGen.com étale sa culture #07 - Rone : le Jean-Michel Jarre des temps modernes revient avec Creatures
par Amaury M.Un troisième album original, plein de saveurs, pour un voyage enivrant dignes des légendes de la musique électronique. Sortez votre casque, et partez à l'aventure avec Creatures.
GamerGen.com étale sa culture, c'est votre rendez-vous du week-end pour réagir à froid sur l'actualité "artistique" récente ou donner nos bons et mauvais points sur des œuvres marquantes. En plus de l’actualité régulière, nous vous proposerons donc régulièrement un billet culturel pour sortir un peu du monde du jeu vidéo. Chaque rédacteur participant à cette rubrique pourra apporter sa touche personnelle à celle-ci, pour balayer des sujets comme le cinéma, les séries, la littérature, la musique, le dessin… Bien évidemment, nous n’avons pas le monopole de la culture, alors libre à vous d’exprimer votre approbation ou votre aversion pour les thématiques évoquées, ou de nous partager vos coups de cœur du moment dans les commentaires.
Erwan Castex, plus connu sous le pseudonyme de Rone, est un artiste qui ne chôme pas. Sept EP au compteur, un troisième album qui vient de sortir en ce début février chez InFiné, le musicien français a rapidement su s'imposer sur la scène de l'électro dans l'Hexagone, remplissant l'Olympia, électrisant le public des Vieilles Charrues et donnant des sueurs froides aux organisateurs des TransMusicales. Il faut dire que son style particulier attire le public en recherche de nouveauté, le paysage de la musique électronique française ayant tendance à tourner en rond, du moins chez les artistes médiatisés. Rone mêle en effet le côté planant de l'électro aux mélodies entêtantes pour un résultat original invitant au voyage. L'artiste revient donc sur le devant de la scène avec Creatures, et a pour cela fait appelle à ses amis musiciens, plus ou moins connus du grand public.
En effet, drôle de surprise de voir Étienne Daho donner de la voix sur Mortelle, dans un genre très aérien et éthéré, mais avec toujours ces paroles chères à l'artiste, dont le sens premier ne fait pas mouche, mais qui proposent divers degrés de lectures, le tout accompagné par le synthétiseur de Rone. De même sur Quitter la Ville, où François Marry (Frànçois and The Atlas Mountains) nous fait profiter de sa voix nasillarde sur le tempo crescendo de la musique électronique nous accompagnant vers la fin de l'album. Du côté des autres musiciens, notons la présence du jazzman Toshinori Kondo sur Acid Reflux, un trip sous trompette enivrant que n'aurait pas renié Mike Oldfield à ses débuts, ou encore le violoncelliste Gaspar Claus sur Freaks, pour une composition des plus singulières, sorte de musique de foire planante et délirante à la fois. Enfin, une femme, en la présence de Sea Oleena, qui nous fait partager sa voix douce et calme sur Sir Orfeo, un voyage musical aux confins des terres et mers.
Mais là où Rone fait éclater tout son talent, même si ces pistes en duo sont de qualités, c'est en solo. Les fans de Tohu Bohu, Parade ou Bye Bye Macadam ne seront pas trop dépaysés, l'artiste proposant ici une nouvelle fois des titres riches, intelligemment composés, mais surtout faisant vibrer. Rone compose avec son cerveau, mais aussi avec ses tripes, le musicien proposant la bande originale d'un voyage édifiant. Impossible de ne pas se laisser emporter par les mélodies de la piste d'introduction, (OO), de Sing Song, sans oublier le titre dévoilé l'année dernière et faisant office de single promotionnel, Ouija, sans doute l'un des meilleurs de Rone à ce jour. Des nappes de synthétiseurs, des rythmes planants, une harmonie digne des pionniers de l'électronique, du haut de ces 34 ans, Rone a déjà tout d'un musicien accompli, ses compositions rappelant les belles heures de Vangelis ou Jean-Michel Jarre. Ce dernier avait d'ailleurs sélectionné en 2013 deux titres de Rone pour sa compilation InFiné par JMJ. Comme quoi, même les légendes savent reconnaître le talent des plus jeunes !
Un petit mot pour conclure avec la pochette de l'album, illustrée par Liliwood, compagne d'Erwan Castex, et représentant la partie supérieure du visage du musicien et mêlant le style graphique de la dessinatrice à l'univers de Max et les Maximonstres, un livre illustré pour enfant très populaire. La pochette reflète parfaitement ce que dégage la musique de Rone, la tête dans les étoiles, des créatures imaginaires dans les yeux et autant de brindilles/cheveux qui parcourent l'illustration que l'artiste a d'influences. Bien loin de Tohu Bohu et de ses couleurs chatoyantes, la pochette de Creatures rappelle plutôt Spanish Breakfast, mais surtout So So So, son EP lui aussi illustré par Liliwood.