GamerGen.com étale sa culture #11 - Parks and Recreation, la vie en administration n'a jamais été aussi distrayante
par Auxance M.Après sept saisons efficaces, Parks and Recreation réussit définitivement à renouer le spectateur avec la fonction publique.
GamerGen étale sa culture, c'est votre rendez-vous du week-end pour réagir à froid sur l'actualité "artistique" récente ou donner nos bons et mauvais points sur des œuvres marquantes. En plus de l’actualité régulière, nous vous proposerons donc régulièrement un billet culturel pour sortir un peu du monde du jeu vidéo. Chaque rédacteur participant à cette rubrique pourra apporter sa touche personnelle à celle-ci, pour balayer des sujets comme le cinéma, les séries, la littérature, la musique, le dessin… Bien évidemment, nous n’avons pas le monopole de la culture, alors libre à vous d’exprimer votre approbation ou votre aversion pour les thématiques évoquées, ou de nous partager vos coups de cœur du moment dans les commentaires.
Après avoir enchaîné des sitcoms comme Friends, How I Met Your Mother ou The Big Bang Theory, le petit monde des séries comiques m'a séduit avec Community ou New Girl, des feuilletons aux codes moins établis et à la narration plus ouverte. Mais, en début d'année, je me suis lancé dans une aventure "humoristique" d'un nouveau genre, celle de Parks and Recreation, qui s'inscrit dans cette lignée de série sous forme de "faux documentaire", où les personnages parlent parfois face à la caméra sans jamais que ce procédé ne soit justifié par le scénario. Ce parti pris, de plus en plus présent dans les feuilletons modernes, permet de connaître encore mieux les personnages que nous voyons évoluer à l'écran, et avec une galerie de protagonistes comme dans Parks & Rec', c'était presque obligatoire.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série, elle nous conte l'histoire et l'évolution du département "parcs et loisirs" de la petite ville fictive de Pawnee, dans l'Indiana. À la tête du service, Ron Swanson, un Étasunien convaincu et bourru qui n'apprécie son métier que pour le peu de travail qu'il a besoin de fournir. Il doit sa léthargie professionnelle à sa subalterne, Leslie Knope, héroïne de la série débordant d'énergie et de bonne humeur, qui s'investit toujours corps et âme dans les missions qu'elle se donne, qu'elles soient professionnelles ou privées. Autour d'eux vont évoluer toute une galerie de personnages mémorables, du musicien benêt au blagueur capable de trouver une nouvelle idée de business par jour, en passant par le gaffeur "irrespecté", la stagiaire asociale et cynique, ou encore le cadre à la vie parfaitement calibrée.
Toute la saveur de Parks and Recreation vient de ce casting, éclectique et pourtant si homogène, dont les personnalités se mêlent toujours de manière plausible et naturelle, avec des oppositions de caractère marquantes. Ne vous attendez en revanche pas à des personnages bornés et unidirectionnels, chacun d'entre eux possédant ses failles, ses nuances et ses surprises, toujours savamment révélées au fil des saisons avec humour. Mais pour faire vivre de tels protagonistes, il faut des acteurs talents, et c'est aussi là que le pari est extrêmement réussi. Amy Poehler, Nick Offerman, Aubrey Plaza, Aziz Ansari, Rob Lowe, Adam Scott, Rashida Jones, Chris Pratt... Les personnages récurrents sont campés par des stars en devenir du petit et du grand écran, dont le talent n'est pas à démontrer après le visionnage de la série.
Mais pour en revenir à l'humour de la série, l'essence même d'un feuilleton comique, ne vous attendez pas à des éclats de rire chronométrés et francs comme dans les sitcoms. Non, ici, tout est une affaire de cynisme, d'humour à froid et de décalage. Leslie Knope gère en effet son département si futile d'une main de maître, comme s'il s'agissait de la Maison-Blanche, et doit diriger une équipe qui évolue dans un monde totalement différent de celui de l'administration, avec ses excentricités. Forcément, les scénaristes ne se privent pas pour tacler la politique étasunienne à tous ses niveaux, avec des codes malgré tout très perceptibles par les Européens.
Sans quasiment ne jamais amener de fou rire ou de rire forcé, la série assume son esprit comique malin et discret, qui laisse souvent un petit sourire narquois en coin. L'affect qu'il est facile de porter aux personnages permet lui de développer quelques rares moments plus "dramatiques" ou romantiques, jamais forcés, mais qui permettent d'apporter encore plus d'équilibre et d'humanité à Parks and Rec'.
Ne vous fiez cependant pas à la très courte première saison de six épisodes, pour lesquels le style de la série n'était pas encore très affinée, et préférez plutôt attendre les premiers chapitres de la seconde saison pour vous forger un avis sur cette série, finalement assez originale et particulière, qui pourra en charmer certains comme laisser indifférent beaucoup d'autres. Et si vous accrochez, pas d'inquiétude, les créateurs ont réussi à renouveler l'écriture au fil des saisons, surtout pour la septième et dernière, qui s'est achevée en février dernier outre-Atlantique. Forcément, il y a des hauts et des bas sur certains épisodes, mais globalement, le tout tient plus que debout, surtout quand l'ultime saison sous forme de long épilogue au final parfait permet de conclure une aventure humaine et satyrique, en nous faisant regretter de ne plus pouvoir assister à l'évolution de tels personnages.