Le conseil d'administration de Gameloft a refusé la proposition de Vivendi. Mais la guerre n'est sans doute pas terminée
Dans le sillage d'Yves Guillemot, Gameloft se bat contre Vivendi. Et l'éditeur de jeux mobiles a gagné une première bataille contre le géant dirigé par Vincent Boloré. Menacé d'une OPA la semaine dernière, Gameloft a vu son conseil d'administration refuser la proposition de Vivendi, à savoir le rachat de tous les titres à hauteur de 6 €. Une bonne nouvelle, donc.
En proposant 6 € par action, Vivendi a finalement subi la loi de la Bourse : au lendemain du lancement de l'OPA, le cours avait grimpé à 6,80 €. Derrière cette hausse, les actionnaires ont trouvé un argument financier pour ne pas vendre. Le conseil d'administration a également répondu favorablement au désir de Gameloft de rester indépendant. Ainsi, la firme a avancé plusieurs arguments pour contrer les plans de Vivendi, "contraires à l’intérêt de Gameloft, de ses actionnaires, de ses salariés et de ses clients". À savoir :
L’absence de rationnel industriel de ce projet de rapprochement. Depuis la vente il y a plus d’un an de son activité jeux, Vivendi, dont le chiffre d’affaires est en très grande majorité généré par la télévision payante avec Canal+ et par la musique avec Universal Music, n’a plus aucune activité susceptible d’apporter des synergies à Gameloft. En entreprise indépendante, Gameloft dispose de tous les atouts mis en place depuis sa création pour continuer la mise en œuvre de son plan industriel qui vise à tirer profit de la croissance de l’industrie des jeux sur mobile et en particulier de la très forte croissance du marché de la publicité programmatique sur mobile.
La déstabilisation des équipes de Gameloft résultant de cette offre hostile et en particulier de ses créatifs et leur management très attachés au caractère indépendant de la société.
Les modalités de la montée au capital de Gameloft par Vivendi depuis le 22 septembre 2015, qui ont trompé et lésé les actionnaires minoritaires ayant cédé leurs titres à Vivendi.
Bien sûr, il n'est pas certain que Vivendi, qui détient 30 % du capital de Gameloft, lâche prise si rapidement. En ce sens, une OPA pourrait bel et bien en cacher une autre. Beaucoup plus alléchante cette fois...