Activision Blizzard : les agissements de Bobby Kotick visés par un article du WSJ, le co-directeur de Teyarch démissionne, la tourmente continue
par Auxance M.Les affaires de harcèlement et agressions sexuelles ne sont pas terminées du côté de chez Activision Blizzard. Le président est désormais directement impliqué dans les témoignages.
Le mouvement #MeToo a aussi réveillé bien des consciences dans le milieu de jeu vidéo, et amené plusieurs victimes de harcèlement moral, agressions sexuelles et autres comportements toxiques à témoigner ou porter plainte. Ce fut notamment le cas chez Activision Blizzard depuis l'été dernier, où une action en justice est menée par le California Department of Fair Employment and Housing sur un tas de sujets plus dérangeants les uns que les autres. Le président Bobby Kotick s'est excusé pour son inaction, les employés se sont révoltés via des grèves ou des actions internes, et plusieurs têtes sont tombées, notamment chez Blizzard.
L'affaire empire encore cette semaine avec un article de Jason Schreier pour Bloomberg. Le journaliste rapporte cette fois des incidents liés directement à Bobby Kotick, qui a récemment annoncé qu'il se reverserait le salaire minimum jusqu'à ce que la situation s'assainisse au sein de son entreprise. Déjà, il est dit que le président était au courant d'une partie des mauvais agissements qui ont eu lieu dans la société, comme l'attesteraient d'anciens employés avec qui il se serait entretenu et des documents internes. Il aurait ainsi eu vent du viol présumé d'une employée de Sledgehammer Games par l'un de ses superviseurs, ou encore d'une agression sexuelle commise par Dan Bunting, co-directeur de Treyarch, en 2017.
Une enquête aurait été menée par le département des ressources humaines à l'époque et il aurait été recommandé de le renvoyer, ce qui n'a pas été fait, seules des mesures disciplinaires avaient été prises. Il aurait cependant quitté son poste récemment en apprenant l'écriture de l'article de Jason Schreier. La version officielle reste la même : Activision Blizzard assure via un communiqué que Bobby Kotick n'était pas au courant de cela.
M. Kotick n'a pas été informé de chaque signalement d'inconduite dans chaque entreprise d'Activision Blizzard, et il n'aurait pas dû raisonnablement être tenu au courant de tous les problèmes de personnel.
Plus grave encore, le WSJ rapporte que le président aurait lui-même harcelé plusieurs employées par le passé, dont une qui aurait reçu une menace de mort par message vocal en 2006. Cette fois, la société ne nie pas et un porte-parole déclare que des excuses avaient été présentées rapidement.
M. Kotick s'est rapidement excusé il y a 16 ans pour la messagerie vocale manifestement hyperbolique et inappropriée, et il regrette profondément l'exagération et le ton de sa messagerie vocale à ce jour.
Le papier évoque également le départ de Jen Oneal, coprésidente de Blizzard durant 3 mois qui a quitté ses fonctions en novembre dernier. Elle n'avait pas vraiment expliqué son choix à l'époque, mais il aurait été découvert qu'elle aurait elle-même été victime d'agressions sexuelles lors de ses précédentes années dans le studio et qu'elle était moins bien payée que l'autre co-directeur Mike Ybarra.
Suite à la publication de l'enquête, le conseil d'administration a réaffirmé sa toute confiance envers Bobby Kotick via la déclaration suivante :
Le conseil d'administration d'Activision Blizzard reste attaché à l'objectif de faire Activision Blizzard l'entreprise la plus accueillante et inclusive de l'industrie. Sous la direction de Bobby Kotick, la société met déjà en œuvre des changements à la pointe de l'industrie, notamment une politique de tolérance zéro en matière de harcèlement, un engagement à atteindre des augmentations significatives des pourcentages de femmes et de personnes non binaires dans notre effectif et des investissements internes et externes importants pour accélérer les opportunités pour divers talents. Le conseil demeure convaincu que les problèmes en milieu de travail qui ont été traités de manière appropriée ont été portés à l'attention de Bobby Kotick.
Les objectifs que nous nous sommes fixés sont à la fois critiques et ambitieux. Le Conseil reste confiant dans la direction de Bobby Kotick, son engagement et sa capacité à atteindre ces objectifs.
More than 100 people are at the walkout at Blizzard's campus in Irvine, California to demand Bobby Kotick's resignation, attendees tell Bloomberg -- an impressive number considering it was called two hours ago (and most employees are working from home)
— Jason Schreier (@jasonschreier) November 16, 2021
Les employés ne sont en revanche pas tous de cet avis. Une centaine de salariés se sont rassemblés devant les locaux à Irvine en Californie hier, pour demander le renvoi du président et une enquête sur les agissements déplacés passés et actuels par un acteur tiers. Une partie des investisseurs se sont joints à leur cause, qui va donc clairement prendre de l'ampleur rapidement.
We have instituted our own Zero Tolerance Policy. We will not be silenced until Bobby Kotick has been replaced as CEO, and continue to hold our original demand for Third-Party review by an employee-chosen source. We are staging a Walkout today. We welcome you to join us.
— ABetterABK ???? ABK Workers Alliance (@ABetterABK) November 16, 2021
Shareholders said in the letter that if Kotick, Kelly and Morgado don’t step down, they will not vote for the reelection of the current directors on the board at the next annual shareholder meeting in June.
— Shannon Liao (@Shannon_Liao) November 17, 2021
Le mouvement social devrait continuer dans les jours qui viennent, plongeant encore plus Activision Blizzard et Bobby Kotick dans la tourmente.