The Last Guardian : Nous avons joué une dernière fois au jeu de Fumito Ueda.
2016, c'est un peu l'année de sortie des arlésiennes. Car en plus de Final Fantasy XV à la fin du mois de novembre, nous allons pouvoir nourrir nos PlayStation 4 avec The Last Guardian, le projet de Fumito Ueda prévu, à l'origine, sur PlayStation 3. Après moult reports, le voici qui arrive à temps pour fêter Noël 2016. Un joli cadeau pour ceux ayant patienté tout ce temps ? C'est encore trop tôt pour le dire. Quoi qu'il en soit, nous avons eu l'occasion de (re)mettre les mains dessus et de rencontrer son papa. Juste histoire de prendre la température une dernière fois avant le jour j.
Il pourrait autant être une réussite artistique qu'un échec vidéoludique.
Soyons francs, il est difficile de juger The Last Guardian en jouant à trois moments différents de l'histoire. En effet, l'expérience s'articulera autour de la relation entre Trico, la drôle de bestiole inspirée surtout des chats - dixit Fumito Ueda - et le petit garçon, celui que nous incarnons. Tout au long de l'aventure, énigmatique et mystique, leur lien ne cessera d'être plus fort. Cela se traduira par des débuts un peu craintifs de part et d'autre, jusqu'à une complicité sans faille. Le gameplay s'en reflétera directement et il ne faudra pas trop s'agacer de voir la créature n'en faire qu'à sa tête lors des premières minutes. Cela fera, à priori, partie du difficile apprentissage. Un peu comme si l'enfant devait d'abord dompter la bête avant de pouvoir en faire son animal de compagnie.
Ce qui est difficile, en outre, c'est de constater que le développement chaotique a donné naissance à des stigmates posant parfois problème dans la prise en main. Parfois lourdingue et rappelant les déplacements d'Ico et de Shadow of the Colossus, The Last Gardian sent clairement le projet passé par tous les états, quitte à devenir maudit. De fait, il ne faudra pas toujours être regardant sur certains éléments dans le sillage des sauts imprécis ou de la caméra qui part parfois dans tous les sens, surtout quand le héros doit grimper sur Trico, ce qui arrive assez souvent. En qualité de puzzle-platformer, l'exclusivité PS4 manie l'art de l'observation, de l'exploration et des mécanismes à trouver pour continuer à avancer. Et ce sera souvent l'association improbable entre les deux personnages qui en sera la clé, les faiblesses/peurs de l'un étant compensées par les forces/le courage de l'autre - et vice versa.
En somme, ce qui fera la différence dans The Last Guardian, ce sera le charme de la direction artistique et la manière dont la narration fera comprendre des choses, à l'instar d'Ico et de Shadow of the Colossus, à qui il ressemble autant qu'il s'en éloigne. Autant le dire de suite : c'est une œuvre poétique auquel nous aurons droit, avec quelques défauts de syntaxes dans son expression. Ce ne sera peut-être pas pardonné en 2016, à une époque où l'exigence est de mise. Du reste, Fumito Ueda avait l'air soulagé d'en avoir terminé, même s'il a confié qu'il lui faudra plusieurs mois pour vraiment en prendre conscience.
Pour conclure, les quelques minutes passées en compagnie de The Last Guardian, éclatées en trois séquences différentes (la rencontre avec Trico, la scène du pont que vous avez probablement tous vue et une tour à escalader), ne permettent pas de présager quoi que ce soit. Il pourrait autant être une réussite artistique qu'un échec vidéoludique, voire peut-être les deux à la fois. Le format des impressions à chaud sans connaître l'intégralité des tenants et aboutissants a parfois ses limites et le jeu de Fumito Ueda les a atteintes. Nous vous donnons donc rendez-vous pour le test complet.