Plus d'un quart de siècle après avoir séduit les joueurs sur SNES, la légende des sept étoiles est à nouveau contée.
Du Toadofsky dans les oreilles
Bien avant les séries spin-offs Paper Mario et Mario & Luigi qui lui ont fait suite, Nintendo a sorti en 1996 un tout premier jeu de rôle dans l'univers de son célèbre plombier amateur de sauts. Cette collaboration avec Square se nommant Super Mario RPG: Legend of the Seven Stars n'avait alors pas eu droit à une sortie en Europe. Il aura fallu attendre la Console Virtuelle de la Wii en 2008 puis la Super NES Mini en 2017 pour que le grand public puisse y accéder légalement, mais sans aucune traduction dans notre langue. Quelle ne fut donc pas notre joie en juin dernier lorsque Big N. a annoncé l'arrivée d'un remake sur Switch, désormais simplement appelé Super Mario RPG. Nos premières impressions étaient totalement positives et nous y avons depuis joué de bout en bout. Qu'en est-il à présent ? Avant de sauter à la conclusion, nous avons pas mal de choses à en dire, let's go!
Une esthétique 3D modernisée qui respecte parfaitement la copie d'origine tout en la sublimant.
Avant toute chose, nous devons ce remake à ArtePiazza, studio japonais bien connu pour avoir participé au développement de nombreux Dragon Quest, en collaboration avec Nintendo et Square Enix. Nous retrouvons d'ailleurs aux crédits aussi bien Tetsuya Nomura que Shigeru Miyamoto et Takashi Tezuka en tant que superviseurs. Et visuellement, qu'est-ce que ça en jette ! Tous les décors de l'époque font donc leur retour avec une esthétique 3D modernisée qui respecte parfaitement la copie d'origine tout en la sublimant en y incorporant par-ci par-là de nouveaux éléments. Là où nous prenons le plus de plaisir à admirer les lieux sous ce nouveau jour, c'est lorsque la végétation et d'autres éléments naturels sont affichés à l'écran. En effet, nous retrouvons par moment un petit côté The Legend of Zelda: Link's Awakening (2019) du fait de certaines textures pour la végétation qui arborent un léger effet plastique, comme si nous étions en présence d'une maquette, et cela apporte un certain relief supplémentaire à l'ensemble. Les personnages et ennemis déjà fort bien modélisés à l'origine n'en sont que plus clinquants. Notons également l'ajout d'ombres et autres effets de lumière pour rendre chaque tableau plus vivant.
En effet, le découpage des niveaux que nous arpentons a été conservé, avec des espaces plus ou moins grands à explorer, mais parfaitement définis et dans l'ensemble assez linéaires, l'objectif étant bien souvent d'avancer jusqu'à la « salle » suivante jusqu'à atteindre un boss ou autre évènement narratif lorsque nous sommes en dehors d'une ville. Tous les niveaux sont ainsi reliés sur une carte du monde fidèle à l'originale et découpée en zones. Une petite nouveauté a toutefois été apportée, puisqu'il est désormais possible de se téléporter dans n'importe quel niveau déjà visité, une option qui ajoute un léger confort bienvenu. La vue d'origine a aussi été gardée, à savoir une perspective isométrique totalement indissociable de cette aventure, mais qui pose par moment quelques soucis. Outre la composante jeu de rôle sur laquelle nous reviendrons ensuite, Super Mario RPG propose également des passages de plateforme et certains comme dans l'avant-dernier donjon peuvent vite taper sur les nerfs en raison d'imprécisions causées par ce parti-pris en termes de caméra. Au moins, la nouvelle génération connaîtra également ces petits moments de frustration qui ne rendent pas le jeu déplaisant pour autant. En revanche, et s'il ne s'agit pas d'un choix volontaire pour corser le passage en question, les contrôles inversés lorsque Mario doit avancer sur un boulet sans se faire toucher par les ennemis nous ont laissé dubitatif, car évidemment peu intuitifs.
Pour en revenir à l'aspect visuel, Super Mario RPG est tout aussi joli sur l'écran de notre Switch OLED qu'en mode TV, en plus de proposer un framerate qui nous a semblé très stable, sans jamais poser souci. Il propose d'ailleurs de très belles et rares cinématiques mettant en scène des moments clés de l'aventure. Pour accompagner cette épopée haute en couleur dans tous les sens du terme, nous pouvons à nouveau compter sur l'excellente bande-son de Yoko Shimomura, qui réutilise à sa manière des thèmes de Koji Kondo connus de tous. Remake oblige, l'OST a également eu droit à un coup de jeune de la part de sa compositrice, tout simplement impeccable avec des réorchestrations de haute volée, plus énergiques pour certaines compositions. Vous pourrez d'ailleurs facilement vous en rendre compte, car une option permet à tout moment d'utiliser les musiques de la version SNES, bien que certaines scènes puissent jouer les nouvelles dans tous les cas. Mieux encore, une fois le jeu terminé, nous débloquons un Lecteur audio où bandes-son moderne et originale se côtoient, soit 61 pistes chacune. C'est le genre d'ajout que nous adorons. Et, oui, un certain thème de combat issu de l'un de nos Final Fantasy préférés est toujours présent, entre autres, mais il faudra le mériter pour le débloquer !
Super Mario Fantasy
Et puisque nous parlons de nouveautés, il y en a une évidente que la jeune génération ne remarquera même pas, à savoir la traduction française. Super Mario RPG est enfin pleinement accessible dans notre langue et c'est un sans-faute à ce niveau puisque le sens des dialogues que nous avons pu connaître en anglais est bien conservé. C'est important à souligner, car les touches d'humour font partie du charme de cette œuvre. Tout passe par les textes et animations pour nous conter un récit plutôt original pour l'époque et qui reste efficace encore aujourd'hui. Le plus amusant nous concernant, c'est lorsque les protagonistes racontent à d'autres des évènements passés, arborant alors l'apparence des personnages, se déplaçant dans tous les sens ou prenant une pose hilarante avec les bras grands ouverts. L'expression donnée à Mario dans ces moments-là ne manque jamais de nous donner le sourire. Les easter eggs en lien avec les autres licences de Nintendo ont eux été parfaitement conservés, nous n'en attendions pas moins.
Super Mario RPG nous a totalement conquis.
Le prologue passé avec le traditionnel sauvetage de Peach, une épée géante fend donc les cieux pour venir se planter en plein dans le château de ce pauvre Bowser, envoyant valdinguer Mario, ce dernier et la princesse à travers le monde. Nous finissons par apprendre que le vil Forgeroi est derrière tout ça et qu'il a brisé la Route des Étoiles, nécessitant d'en retrouver tous les fragments pour la réparer, au nombre de sept. Ce n'est évidemment qu'un prétexte pour nous faire voir du pays - avec pour chaque étoile une petite intrigue locale à la manière des Dragon Quest -, combattre toutes sortes d'ennemis et former une bien drôle d'équipe hétéroclite. Pas de secret, ils sont après tout sur la jaquette, mais notre groupe finit ainsi par réunir Mario, le jeune Mallow qui n'est clairement pas une grenouille, la poupée en bois Geno qui transpire la classe, ce bon bougre de Bowser et la Princesse Peach. Pour venir à bout de cette aventure, il nous aura fallu près de 16h35, ce qui est peu pour un jeu de rôle, mais est assez conforme à l'expérience de l'époque.
En son temps, Super Mario RPG était une petite révolution dans la manière dont il nous faisait affronter un vaste bestiaire bien en marge de ce que la licence proposait en termes d'originalité dans les chara designs. En effet, les combats ont lieu au tour par tour, mais avec toute une dimension dynamique incluse durant chaque phase, ayant pour effet de ne jamais nous lasser. À l'époque, chaque touche de la manette SNES était affectée à une action précise, d'où les couleurs allant avec : A pour attaquer, X pour l'utilisation d'un objet, Y pour les techniques et B pour le reste, avec notamment une option de défense et la fuite. Il fallait toutefois valider chaque action à l'aide de son bouton respectif, ce qui est loin d'être instinctif surtout de nos jours. C'est sans doute pourquoi les développeurs de ce remake ont décidé de légèrement modifier le fonctionnement. Chaque touche est toujours liée à une commande, mais une fois sélectionnée, A sert à valider, tandis que B permet d'annuler. Lors d'une offensive, appuyer au bon moment sur A permet de réaliser une action coordonnée et d'augmenter les dégâts infligés, en plus de blesser légèrement les autres ennemis, ou de se protéger. Si le timing est vraiment bon, un bouclier est même visible devant notre personnage et nous ne subissons aucun dégât. Il faut donc avoir un certain sens du rythme et bien identifier les patterns de nos adversaires pour s'en sortir sans trop d'égratignures. De même, chacune des armes à notre disposition dispose de sa manière d'attaquer qu'il faut appréhender pour parvenir à infliger de puissants coups. Le gameplay s'en retrouve donc sans cesse renouveler. Certes, nous sommes bien plus habitués à ce type de fonctionnalités de nos jours, mais cela fait toujours mouche tout en restant suffisamment simple d'accès pour un jeune public. Notez que s'il n'est possible de posséder dans l'inventaire que 10 exemplaires d'un même objet, il n'est plus nécessaire de supprimer le surplus, qui est envoyé dans un coffre chez Mario.
Malgré ce fonctionnement finalement assez basique, le jeu de 1996 n'était pas aisé pour autant, car certains ennemis pouvaient vite nous malmener. C'est toujours le cas dans une certaine mesure et sans doute la raison pour laquelle une difficulté Facile a été ajoutée. Ce choix supplémentaire s'accompagne de l'introduction d'une jauge d'action, qui se remplit en fonction des actions coordonnées effectuées, nous incitant à être bon, d'autant plus que des boosts s'activent selon le nombre de combos affiché à la gauche de l'écran, qui se conserve entre chaque affrontement. Nous vous avions dit qu'une fois cette jauge remplie, nous pouvions activer l'Assistoad faisant apparaître un coffre pour un effet « aléatoire ». Eh bien, c'est certes vrai lorsque nous n'avons que deux personnages en état de se battre, mais ce n'est pas tout. Le véritable aboutissement de ce système, ce sont les actions en trio qui comme leur nom l'indique font intervenir les trois personnages présents sur le terrain. Une cinématique en 3D se déclenche alors pour chacun de ces coups ultimes, qui ne sont d'ailleurs pas tous offensifs, avant d'en voir les répercussions. Même si Mario ne peut pas être retiré de l'équipe, cela offre tout de même quelques permutations et apporte une certaine touche de stratégie supplémentaire. D'ailleurs, différents bonus d'alliés sont appliqués en fonction des membres inclus dans l'équipe active.
Après tout, le terme RPG est dans le titre et chaque personnage se révèle utile à sa manière au fil du jeu, Peach étant par exemple une excellente soigneuse, tandis que Bowser est une bête d'attaque. En remportant un combat, nos héros gagnent de l'EXP et montent en niveaux, jusqu'à 30 au maximum. Et, oui, le mini-jeu demandant de retrouver l'œuf de Yoshi est toujours présent, mais bien plus simple puisque la vitesse a été réduite. Pour ne rien vous cacher, nous avons eu tendance à affronter tout ce qui croisait notre route et avons achevé l'aventure en étant proche de ce maximum, avec certains membres du groupe l'ayant atteint grâce à un accessoire doublant l'EXP reçue. Chaque passage au niveau supérieur s'accompagne désormais d'une petite séquence sur une scène où toute la bande est présente et se trémousse en rythme. C'est adorable et parfaitement en accord avec le ton décalé du titre. Également, ce moment est l'occasion de sélectionner un bonus pour accroître encore plus nos statistiques, avec au choix les PV pour plus de santé, le Physique pour renforcer l'attaque et la défense, ou la Magie pour l'attaque et la défense magiques. Au fil des niveaux, nous débloquons naturellement davantage de Techniques, qui s'utilisent en consommant des Points Fleur. Peut-être dans un souci de simplification ou pour compenser l'ajout des actions en trio, ces PF sont désormais communs à l'ensemble de l'équipe, changeant évidemment la dynamique de certaines rencontres. Enfin, des éléments et effets de statuts sont présents, mais sans être trop prise de tête. Cela permet à Super Mario RPG d'être ce que nous qualifierons de « premier jeu de rôle idéal » pour les jeunes enfants, hormis quelques phases de réflexion et énigme pas si simples, voire un léger manque d'indication sur comment continuer dans un cas précis (le passage vers le mur à « escalader » est bien caché).
La gestion de l'équipement va également à l'essentiel avec pour chacun le port d'une arme, d'un vêtement et d'un accessoire, s'obtenant pour la plupart au fil du jeu et en boutique contre des pièces voire des Pièces grenouille. Cette monnaie plus rare se remporte notamment en éliminant des ennemis spéciaux, variantes plus dangereuses de monstres apparaissant aléatoirement. Mais le meilleur équipement se mérite. Ce remake de Super Mario RPG propose en effet un léger contenu post-game inédit par rapport à l'original, permettant de réaffronter des boss comme Punchinello, devenus bien plus coriaces et faisant passer celui de fin pour une promenade de santé. Certaines actions doivent toutefois être réalisées avant de pouvoir les affronter dans un ordre bien précis, avec donc quelques belles récompenses à la clé et une mise en scène qui reste dans le ton. Et évidemment, le super boss de l'époque est toujours là, nous parlons bien sûr de Cristax, connu en anglais en tant que Culex. Par avance, bon courage ! Et si cela ne vous suffit pas, les différents mini-jeux présents au fil de l'aventure sont toujours rejouables et nos performances répertoriées dans un onglet Statistiques se débloquant après la fin.
Que dire si ce n'est que Super Mario RPG nous a totalement conquis en modernisant juste ce qu'il faut ce chef-d'œuvre d'antan pour le rendre accessible à une toute nouvelle génération de joueurs. C'est une vraie madeleine de Proust et un classique incontournable chargé d'histoire pour les plus anciens. Il est simplement dommage que le plaisir ne dure pas plus longtemps, mais toutes les bonnes choses ont une fin. Maintenant que la forge a été ravivée, nous ne pouvons qu'espérer que cela amène à une véritable suite, qui serait amplement méritée. Les Paper Mario s'étant éloignés des jeux de rôle, malgré le retour prochain de Paper Mario : La Porte Millénaire, et le développeur des Mario & Luigi, AlphaDream, ayant fait faillite, une prolongation de ce retour aux sources serait des plus appréciées.
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- Un remake ultra fidèle en tous points
- Une direction artistique qui régale les mirettes
- Le système de combat légèrement amélioré
- L'OST orchestrale de Yoko Shimomura (+ la présence d'un lecteur audio)
- Enfin une traduction française
- Quelques ajouts post-game pour les amateurs de baston
- Les imprécisions lors des phases de plateforme dues à la perspective
- Malheureusement toujours bien trop court