Test
Othercide

TEST de Othercide : quand Tactical et Rogue-Like se conjuguent à l’imparfait

par

Othercide : La Mère nous a fait découvrir un monde dangereux et prometteur dans lequel nous avons malheureusement tourné en rond.

Triste beauté

Une voix douce et rassurante nous appelle au loin dans les ténèbres. Le monde et son propre corps sont au bord de la rupture, mais La Mère tient bon pour venir en aide à l’élu, un enfant, une victime... Le sort qui attend notre être suprême dans l’introduction est inévitablement la mort. Une fin tragique, mais qui est, à l’image du reste de l’aventure, synonyme d’une renaissance plus passionnante encore. Son sacrifice ultime donne naissance aux Sœurs. Ce sont elles que nous serons amenés à diriger et qui tâcheront d’accomplir le dessein de La Mère en retraçant le passé de l’enfant corrompu.

C’est toute la boucle de gameplay qui devient très vite répétitive.

Othercide 3Othercide est là pour nous raconter une histoire cruelle, mais il faut bien avouer que les artistes de Lightbulb Crew le font avec un certain panache qui ne laisse pas indifférent. La direction artistique est la première chose qui nous saute aux yeux. Nous sortons de notre bouche un « ce jeu a de la gueule » avant d’ajouter, un peu penaud « ... à condition d’aimer les nuances de gris et de rouge ». Le character design et le sound design sont tout aussi réussis. Ce dernier ne fera toutefois pas l’unanimité à cause de certaines musiques un peu trop perchées par rapport à l’action qui se déroule, mais aussi et surtout à cause de phrases beaucoup trop redondantes qui sortent autant de la bouche de La Mère que de celles des ennemis.

Sur la forme, l’identité d’Othercide façon Sin City est enviable. Sur le fond le débat est déjà un peu plus nuancé, et ce n’est pas à cause du dogme de Lightbulb qui prône ici la difficulté déraisonnable et les choix cornéliens. De ce côté-là, nous pouvons dire que la promesse est tenue puisque même les adeptes des XCOM et autres Darkest Dungeon verront leurs compétences mises à rudes épreuves. Chaque attaque adverse s’avère dévastatrice pour vos Sœurs et les guerrières n’ont aucun moyen (ou presque) de regagner des points de vie. N’oublions pas l’essentiel, à savoir des combats de boss dantesques qui rythmeront votre progression.

Othercide 1Voir vos Sœurs mourir sur une escarmouche banale n’est en rien comparable à la frustration que nous a fait ressentir le système de classe d’Othercide. Un problème beaucoup plus commun, mais une gangrène autrement plus importante qui sonne comme un manque de contenu. Vos guerrières ne peuvent endosser que trois archétypes : la Garde-Foi fait office de tank, La Chasse-Esprit fait du dégât à distance, tandis que la Maître-Lame inflige de grosses claques au corps-à-corps. Ce nombre aurait pu être suffisant si chaque classe avait déployé une spécialisation complète et exotique ou un nombre de compétences décent. Nous n’avons malheureusement ni l’un ni l’autre.

À la place, les Sœurs peuvent choisir une compétence à certains paliers de niveaux. Une technique qu’il faudra choisir parmi une sélection pas très extraordinaire de deux sorts. Le tout sans avoir la possibilité d’altérer le fonctionnement de ladite technique, sinon en lui collant des « Souvenirs », autrement dit des items qui vont de l’amélioration de dégâts en passant par l’augmentation des chances de coup critique et d’autres effets qui tiennent plus de l’optimisation que d’un choix de game design fort. Les Sœurs ne manquent pas seulement de variété, elles manquent carrément de choix stratégiques avec seulement deux compétences par classe en début de partie et cinq une fois le niveau 15 atteint. Othercide réussit heureusement à introduire des mécaniques intelligentes pour contrebalancer la monotonie. La gestion de la timeline est de loin la fonctionnalité la plus marquante. Peut-être pas aussi innovante dans son approche que celle d’Iron Danger, mais assez ingénieuse et difficile à prendre en main pour rendre les combats intéressants. Nous pouvons également citer les sorts de « réaction » qui permettent de contrôler facilement le champ de bataille. Il s’agit de bonus puissants qui ne coûtent pas des points d’actions comme les attaques standards, mais des points de vie, autant vous dire qu’il faut les utiliser avec beaucoup de clairvoyance.

OthercideLe syndrome du copié-collé d’Othercide apparaît rapidement plus grave que la présence de clones dans votre roster de personnages. C’est toute la boucle de gameplay qui devient très vite répétitive. Les missions (ou Synapses), qui constituent tout de même 80 % de l’expérience de jeu, reposent sur les mêmes objectifs peu nombreux. Entre le classique nettoyage, la survie et l’escorte « d’âmes innocentes », nous avons vite soupé de la structure un peu bancale du jeu qui vous demandera tout de même 20 à 30 heures pour être bouclé. S’il est possible de faire le minimum syndical en termes de missions, le joueur averti tombera malgré lui dans le farm pur et simple de moments peu palpitants. C’est l’unique façon de débloquer les ressources nécessaires pour améliorer vos Sœurs et évidemment le seul moyen d’avoir l’expérience pour monter en niveau. Tout ce chantier pour au final espérer battre les boss qui sont la seule véritable motivation.

Une dernière volonté

Il est vraiment dommage de voir Othercide échouer sur son rythme de croisière, car autrement, le jeu instaure une dynamique de Rogue-Like qui n’est pas pour nous déplaire. Il vous faudra plus d’une run (appelée ici Réminiscence) pour triompher du titre. Chaque nouveau retour sera l’occasion de débloquer de nouveaux bonus en échange d’Éclats, ceux-là mêmes que vous devez farmer en enchainant les missions. Redémarrer son aventure donne ainsi au jeu le second souffle que sa boucle de gameplay lui avait retiré.

Toute la notion de sacrifice si prometteuse en théorie s’est révélée trop contraignante.

Ce nouvel élan ne se fait pas sans quelques partis pris un peu secs. Il faut bien comprendre que si vous démarrez, volontairement ou non, une nouvelle Réminiscence, vos Sœurs iront automatiquement au cimetière, mettant en perspective l’idée de sacrifice véhiculé par Lightbulb. Sauf que le sacrifice en question nous paraît un peu trop cruel. Il est ainsi presque impossible de mener une escouade de Sœurs à haut niveau sans que celles-ci soient fatalement perdues. Il y a bien la possibilité de ressusciter des Sœurs, mais les jetons nécessaires pour cela sont rarissimes. Résultat : vous êtes forcés à un moment ou un autre de faire évoluer de nouvelles recrues plutôt que de ressusciter vos meilleures Sœurs. Tout cela en perdant au passage les traits de caractères que vos unités les plus expérimentées ont développés.

L’autre pendant de cette histoire de sacrifice c’est qu’il faudra forcément prendre la vie d’une Sœur pour régénérer la santé d’une autre. Voilà le genre de choix impossible que nous aimons voir et qui fait le sel d’Othercide. À vrai dire l’idée est bonne, mais se heurte à un détail important : seules les guerrières d’un niveau égal ou supérieur à la Sœur bénéficiaire peuvent être sacrifiées. Nous vous renvoyons à notre paragraphe sur le farm d’expérience pour comprendre à quel point cela peut être casse-gueule d’envisager la mort d’une vétérane pour la remplacer par une coquille vide qu’il faudra encore une fois entraîner.

Othercide 2

Othercide avait envie de nous en faire baver et nous étions presque heureux d’encaisser les coups. Notre masochisme a cependant pris une tout autre tournure quand nous nous sommes aperçus que le jeu était un vrai bourreau adepte de la punition. Toute la notion de sacrifice si prometteuse en théorie s’est révélée trop contraignante pour être réellement bonne. Conséquence directe de cela : nous sommes condamnés à errer de mission en mission pour faire en boucle les mêmes objectifs (souvent sur les mêmes cartes) pour obtenir ressources et expériences. Un investissement considérable et obligatoire puisqu’il est presque impossible de garder en vie ses Sœurs les plus expérimentées. Outre ses grands reproches, il est bon de rappeler que la direction artistique et l’histoire sont là pour vous tenir en haleine si l’aventure ne le fait pas. De plus, s’il est punitif et assez redondant, Othercide a aussi une difficulté attractive qui habille des combats intelligents. Est-ce suffisant pour enchaîner les Réminiscences ? Nous vous laissons seuls juges...

Le titre est déjà disponible, tout comme sa bande-son que vous trouverez à 9,99 € sur Amazon.

Les plus
  • Direction artistique
  • Aventure difficile bien dosée
  • Timeline et autres mécaniques intelligentes
  • Des sacrifices pleins de potentiels…
  • L’aspect Rogue-Like fonctionne bien
  • Combat de boss haletant
Les moins
  • Les missions perdent vite en intérêt
  • Tendance au farm un peu trop présente
  • Manque de classes et de compétences
  • …mais beaucoup trop frustrants en pratique
  • Des phrases répétées en boucle
Notation
Graphisme
16
20
Bande son
12
20
Jouabilité
12
20
Durée de vie
12
20
Scénario
15
20
Verdict
12
20

Commenter 1 commentaire