TEST du Madcatz EGO : l'Arcade Stick qui signe le retour de la marque sur le marché du versus fighting !
par Terence F.Après une faillite annoncée en mars 2017, Madcatz revient sur un marché qu’il connait particulièrement bien – et sur lequel il était très attendu -, celui des sticks arcade avec son nouveau modèle sorti courant 2020, l’EGO Arcade Stick.
Nous commençons en douceur...
Côté emballage, le tout est plutôt sobre, mais élégant. La boîte est enjolivée par un fourreau à faire glisser. Dès l’ouverture du carton, le stick est visible et il est bien calé entre deux blocs de mousse. Un petit sachet contenant la notice et des stickers accompagne le monstre. Dès la première prise en main, un constat est évident : l’EGO est massif et il pèse lourd. Près de 3 kg pour être plus précis, soit le même poids que le Daija de Nacon que nous avons précédemment testé. Pas de doute, une fois posé sur les genoux l’EGO ne bouge plus, mais il reste compliqué à déplacer. À noter, tout de même, il y a 4 petits pieds surélevant le stick afin de pouvoir le poser sur une surface plane telle qu’un bureau. Ces derniers disposent d’une surface antidérapante fonctionnant bien. Toutefois, sur les genoux, ils ne sont pas des plus agréables.
Même lorsqu’il est très sollicité, le joystick n’a jamais donné l’impression d’être mou, la qualité est clairement au rendez-vous !
Son design, assez convenu et peu original, reprend celui de plusieurs constructeurs chinois tels que DragonSlay, Sparfox, Gorilla Gaming et plus précisément celui du GameSir C2 qui est strictement identique à l’EGO. Sur le plateau très spacieux (près de 40 cm par 25 cm), il y a les habituels huit boutons d’action, le stick ainsi que tous les boutons de contrôle situés sur toute la longueur, en haut du plateau. Il y a donc, dans l’ordre, un sélecteur de mode Turbo, le mode d’utilisation du stick (stick gauche, croix directionnelle, stick droit), les boutons Home, Share/View, Options/Menu, un très pratique bouton de verrouillage des touches d’options, les boutons L3/R3 et enfin un bouton permettant de basculer le mode de compatibilité PC de X-input vers Direct-input et vice-versa. À noter qu’aucun pavé tactile n’est présent sur ce stick. En n'ayant rien positionné sur la tranche, il y a peu de risque d’appuyer par erreur sur un bouton qui pourrait nous disqualifier en tournoi. Le verrouillage vient apporter cette sécurité supplémentaire, si chère aux compétiteurs. En revanche, nous notons l’absence totale de prise Jack 3.5 mm. Ce port, souvent présent sur les sticks haut de gamme, permet au joueur de connecter un casque audio directement sur le stick. Très prisée en compétition, cette pratique n'est pas possible avec l’EGO.
Sous le plateau en plexiglas, un visuel signé Madcatz dans les tons marron joue la carte de la sobriété. Chose étonnante pour ceux qui ont connu les visuels des fameux sticks Tournament Edition de la même marque. Sur sa tranche avant, le stick est doté d’un compartiment contenant le long câble USB (3 m, non tressé, dommage) nécessaire à la connexion du stick à votre machine. Il est accompagné d’un tournevis servant à démonter le stick et d’un second câble micro-USB qui sert à le connecter à une manette PS4, Xbox One ou Switch. En effet, pour jouer sur consoles, Madcatz a fait le choix de passer par les contrôleurs dédiés, ce qui lui permet de ne pas être exclusif à une seule plateforme. Un atout pour le stick, mais pas dénué d’inconvénients puisque vous devrez conserver à vos côtés, tout au long de la session de jeu, une manette branchée sur le port USB du stick et connectée à la console.
Le second gros inconvénient de cette méthode, c’est que le stick n’est compatible qu’avec les manettes possédant un port micro-USB. À noter, à l’heure où nous écrivons ces lignes soit plus de 3 mois après la sortie du stick, Madcatz n’a toujours pas publié de mise à jour permettant d’utiliser l’EGO sur PlayStation 5 ou sur Series X | S et cela ne semble pas prévu. Il a opté pour une fixation du câble côté stick, contrairement à ce qui avait été fait du temps de la génération Tournament Edition. Un choix qui présente des avantages, mais aussi des inconvénients. En effet, cela évite tout risque de déconnexion en plein match en cas de câble mal connecté, mais cela rend, en revanche, son remplacement plus délicat en cas de section, d’autant plus qu’il n’est pas tressé.
Simple à utiliser !
Sur PC, il suffit de brancher le stick en USB pour qu’il soit immédiatement reconnu sous Windows 10. S'il est utilisable avec n’importe quelle production vidéoludique, nous avons naturellement testé ceux qui se prêtent particulièrement bien à l’utilisation d’un stick, à savoir les jeux de combat et ceux typés arcade. En fonction du titre, il est possible de choisir entre le mode LS ou DPAD selon si le jeu se joue au stick analogique gauche ou à la croix directionnelle. Le mode RS, pour le stick analogique droit, ne devrait pas souvent être utilisé.
La mécanique Sanwa offre d’excellentes sensations.
Une fois branché, seule la LED indiquant si le plateau est verrouillé ou non apporte la confirmation que le stick est bien fonctionnel. Là encore, c’est très (trop ?) sobre. Madcatz a naturellement conservé la très populaire disposition Taito Vewlix pour les 8 boutons principaux du plateau. Les boutons sont répartis sur 2 rangées de 4, avec le premier de chacune légèrement décalé vers le bas par rapport aux autres, épousant ainsi la position naturelle des doigts de la main droite. Là encore ceux qui ont connu les précédents sticks de la marque ne sont pas du tout dépaysés ! Il en est de même avec le matériel choisi pour les boutons et le stick lui-même.
Si les références exactes n’ont pas été communiquées, Madcatz a fait le choix logique (par rapport à son ADN) de partir sur du full Sanwa avec des boutons-poussoirs OBSF-30 et un joystick dont les sensations sont extrêmement proches du JLF-TP-8YT. Pour ceux qui découvrent les plaisirs du stick arcade avec ce modèle, la mécanique Sanwa offre d’excellentes sensations. Des boutons extrêmement précis et robustes sans être trop sensibles non plus et un joystick apportent une fine résistance très agréable avec des directions légèrement marquées. C’est notamment parfait pour les jeux de combats demandant une grande réactivité et une exécution très précise. Même lorsqu’il est très sollicité, le joystick n’a jamais donné l’impression d’être mou, la qualité est clairement au rendez-vous. Les amateurs de la marque Sanwa retrouvent aussi le bruit si caractéristique des micro-switchs. Aucun doute sur ce point, l’EGO transpire la qualité.
Pour l'ouvrir, il faut nécessairement dévisser les 7 vis à tête creuse et hexagonale de type Allen situées sous le stick. Le tournevis est fourni dans le compartiment contenant les câbles USB. En ouvrant, nous pouvons voir que le joystick est, comme c’est très souvent le cas, contraint par un « restricteur » (restrictor gate) carré avec angles arrondis. L’amplitude du mouvement est parfaitement calibrée, nous avons très vite pris nos marques sans même nous en rendre compte. C'est particulièrement visible dans les jeux de combat au travers de l’exécution des combos qui rentrent très facilement et sans effort particulier. Les amateurs de shoot’em up pourront, quant à eux, apprécier la présence du mode Turbo. Sur l’ensemble des jeux que nous avons testés sur PC, le mode X-input a parfaitement fonctionné y compris sur Fightcade. Néanmoins, si vous tombez sur des jeux qui poseraient un problème de compatibilité, vous pourrez basculer à tout moment en mode Direct-input en appuyant simplement sur un bouton du plateau.
Compatibilité avec les consoles
Ce stick est compatible avec la PS4, la Xbox One et la Switch, mais cette polyvalence ne vient pas sans quelques inconvénients de taille. Le premier, c'est que Madcatz n'ayant pas payé de licence constructeur, l’EGO n’embarque pas de PCB rendant le stick compatible nativement avec l'une ou l'autre de ces consoles. Il faut obligatoirement le relier à une manette - elle-même connectée à la console - pour pouvoir s'en servir. En plus d'être contraignant, passer par les manettes sans fil ne se fait malheureusement pas sans un input lag minimal, ce qui peut poser problème aux joueurs les plus aguerris et totalement rebuter les joueurs pros. Le second, c'est que l'EGO avait été initialement prévu pour sortir début 2020 et que Madcatz n’avait pas envisagé de rendre son stick compatible pour les PS5 et Series X | S. De ce fait, cette connectivité se faisant via un câble micro-USB, cela ne fonctionne pas avec les manettes de nouvelle génération qui sont toutes en USB Type-C. Autre petit détail, en occupant le port, la recharge des manettes avec batterie est donc impossible en jeu, ce qui peut limiter la durée des sessions.
Mention spéciale à l’utilisation sur PC, plus simple que sur consoles et particulièrement qualitative, avec un input-lag quasiment inexistant permettant à l’EGO de rivaliser avec les meilleurs sticks du marché.
Ceux ayant connu les sticks de la gamme des Tournament Edition peuvent avoir l’impression d’un petit retour en arrière en découvrant l’EGO. En effet, les premiers étaient des bijoux d’ingéniosité au niveau de la conception de leur châssis. Un bouton central permettait de soulever le plateau du stick comme un capot et d'accéder à tout un espace permettant de ranger des boutons de remplacement, un second pommeau, des câbles et bien sûr d’intervenir pour remplacer un bouton défectueux ou le stick. Cette conception se faisait cependant au détriment d’un plateau en plexiglas assez souple (en effectuant une pression sur le plateau ou les boutons, vous sentiez celui-ci s’enfoncer de quelques millimètres avant de reprendre sa position), ce qui pouvait ne pas plaire à certains joueurs. Ici point de tout cela. Madcatz est revenu à une conception très simple, mais qui reste un modèle d’efficacité. Pas de châssis à capot. Vous dévissez une plaque métallique massive située sous le stick, maintenue par 7 vis, et vous accédez à l’espace de maintenance vous permettant de remplacer stick et boutons. Un code couleur très pratique nous aide pour bien tout rebrancher après notre intervention.
C’est aussi depuis cet endroit que vous pourrez remplacer le « restricteur », ou changer de pommeau. Attention toutefois à ce genre d’intervention, d’abord parce que vous risquerez de perdre les vis si vous ne faites pas attention (aucune vis de rechange n’étant fournie). Comptez aussi une bonne poignée de minutes pour remplacer un bouton. Une fois encore, en tournoi, si une touche vous lâche en pleine partie, le remplacer pourrait s’avérer compliqué. Par défaut, l’EGO arrive avec un pommeau balltop, c’est-à-dire avec une boule. Malheureusement, si vous souhaitez en mettre un en forme de poire (battop), il vous faut l’acheter vous-même, celui-ci n’étant pas fourni de base avec le stick. De même, aucun bouton de secours n’est fourni, il faut là encore passer à la caisse. C’est dommage pour un stick de cette qualité. Sous le plexiglas situé sur le dessus du plateau, le visuel peut très facilement être changé. Il suffit de retirer les 6 vis pour le soulever et le remplacer. Cette opération se réalise avec le tournevis fourni et ne nécessite aucun outil externe, c’est un bon point.
Utilisation plus poussée
Après de nombreuses heures d’utilisation sur différentes plateformes, le stick s’en sort très bien. Le matériel ne bronche pas, même après de longues sessions de jeu. La mécanique Sanwa garantit précision et longévité, et l’apparente robustesse du stick s’est parfaitement confirmée dans le temps. Mention spéciale à l’utilisation sur PC, plus simple que sur consoles et particulièrement qualitative, avec un input-lag quasiment inexistant permettant à l’EGO de rivaliser avec les meilleurs sticks du marché. Au niveau de la prise en main, nous sommes très proche des sensations ressenties avec le Daija (Nacon) ou encore l’excellent Real Arcade Pro N (Hori), ce qui est une très bonne chose.
Il risque d’avoir du mal à trouver son public à ce prix.
Le choix des matériaux et des textures utilisés masque plutôt bien les microrayures. Avec un plastique noir qui a le bon goût d’être mat et légèrement granuleux, nous anticipons parfaitement que ce stick vieillit bien, même après des centaines d’heures de jeu. Comme pour le Daija (Nacon), nous avons regretté l’absence de sangle ou autre système de transport ad hoc alors que les Tournament Edition prenaient cette contrainte en compte. En effet, le stick pèse plusieurs kilogrammes et rien n‘a été fait pour le porter facilement. Les joueurs amenant leur stick en convention ou lors de longues journées de tournois, au lieu de pouvoir porter le stick en bandoulière, devront probablement le ranger dans un sac à dos.
Après plusieurs années d’absence, Madcatz effectue son grand retour avec l’EGO. Un stick qui a de nombreuses qualités plaidant pour lui, à commencer par une mécanique de très haute qualité, offrant précision et confort au joueur. Avec sa robustesse et sa solidité, il s’agit là des principales forces de l’EGO. Le mode Turbo ravit les joueurs de shoot’em up, tandis que le verrouillage offre de la sérénité aux joueurs de versus fighting. D’une architecture interne relativement simple, ce stick n’en demeure pas moins bien conçu, personnalisable et réparable facilement. S’il est compatible avec les consoles PS4, Xbox One et Switch, le fait de devoir obligatoirement utiliser une manette pour fonctionner sur console est une véritable contrainte n’existant pas, heureusement, pour le joueur PC. C’est sur cette dernière plateforme effectivement que le stick offre des performances maximales et une parfaite compatibilité avec les jeux, récents comme anciens.
Il est dommage de n’avoir pas prévu de système pour transporter facilement ce stick très lourd ni de port Jack pour brancher un casque audio. De même, nous aurions apprécié, un second pommeau directement inclus ainsi qu’au moins un bouton de remplacement. L’EGO est vendu près de 200 €, ce qui le place dans la catégorie reine des sticks arcade. À ce prix là, il souffre nécessairement de la comparaison avec les autres sticks haut de gamme, tels que les Panthera / Atrox de Razer, les Real Arcade Pro de Hori, ou encore le Daija de Nacon. Du fait qu’il ne dispose pas de licence officielle et oblige le joueur console à utiliser une manette comme passerelle, il risque d’avoir du mal à trouver son public à ce prix. Pourtant, intrinsèquement, l’EGO Arcade Stick est sans conteste un excellent stick.
Au regard de tous ces points, nous pensons que ce stick convient très bien à un joueur PC ou bien un sur console qui est conscient de ces faiblesses et peut les transformer en avantages (joueur multiplateforme), fan de la marque et prêt à y mettre le prix. En revanche, nous doutons plus du fait que Madcatz réussira à convaincre le joueur de compétition d’opter pour l’EGO – cette même classe qui avait justement été conquise par les excellents sticks Tournament Edition il y a quelques années... Le retour de Madcatz sur le marché des sticks n’est pas pleinement convaincant, mais c'était prévisible. En sortant un stick en fin d’une génération et non compatible avec la suivante, le positionnement s’annonçait comme délicat. Nous pouvions, certes, espérer mieux de la part des parents des Tournament Edition, mais une chose est sûre : Madcatz est bien de retour et les prochaines itérations de ses sticks gommeront à n’en pas douter les quelques défauts de celui-ci.
- Sobre
- Solide
- Mécanique de bonne facture
- Confort de jeu
- Personnalisable et facile à réparer
- Compatible avec les consoles PS4, Xbox One et Switch
- Mode Turbo et verrouillage des boutons
- Pas de housse ou de lanière pour le transport
- Pas de port Jack
- Utilisation d'une manette comme passerelle pour les consoles
- Pas de compatibilité PS5 et Xbox Series