Nous venons pour la coopération, mais restons pour la prouesse de game design et le génie artistique.
What a wonderful world
Nous avions bien senti lors de notre preview que les astres s’étaient alignés pour faire d’It Takes Two l’une des bonnes surprises de cette année. Le nom de Josef Fares n’est évidemment pas étranger à la notoriété du projet, mais il ne suffit pas à justifier l’engouement qu’a provoqué ce titre chez nous. Sa personnalité est en revanche une balise pour tous ceux qui aiment la coopération bien faite. Pas n’importe laquelle bien sûr. Il s’agit là de la coop à l’ancienne, de préférence sur un canapé avec un bon vieil écran splitté. It Takes Two est une véritable ode à ce style de jeu, alors que collaborer n’a pourtant rien d’évident pour nos deux héros, Cody et May. Le couple ne pense qu’à une chose : divorcer le plus tôt possible pour pouvoir refaire sa vie. La chose ne serait pas si difficile si les ex-tourtereaux n’avaient pas eu une petite fille. Comme tous les enfants de son âge confrontés à cette situation, la jeune Rose vit très mal la situation et transforme un peu par hasard ses parents en poupée. C’est là que les affaires commencent et nous devons avouer que la magie a fait effet sur nous très rapidement.
It Takes Two s’annonce comme un titre assez incontournable si vous avez quelqu’un avec qui le partager.
Avant même de savoir ce que nous réserve le jeu, It Takes Two déploie ses plus beaux arguments pour nous convaincre. Le titre d’Hazelight est visuellement très beau, techniquement irréprochable, mais la bonne surprise, c’est que c’est une perle artistiquement parlant. Ça fait quand même un choc de passer du terne A Way Out a un jeu que nous sentons plus pétillant dès les premiers instants. Et encore, Hazelight ne place que des indices en début de jeu, qui laissent présager de son univers incroyable. Dans le placard miteux du point de départ, nous ne pouvons nous rattacher qu’au character design coloré de notre duo et le fait que soudainement tous les objets du quotidien, même les plus improbables, prennent vie d’une façon rigolote. Il ne faut que quelques heures pour aller de l’avant et découvrir le vrai potentiel d’It Takes Two. Une fois le diesel chauffé, la machine Hazelight déroule les niveaux aussi mémorables que variés avec une mise en scène souvent à couper le souffle.
C’est le Disneyland du jeu vidéo qu’a produit Josef Fares et la comparaison n’a rien d’anodin. Un grand nombre de passages vous rappelleront les grands classiques de ce bon Walter. Idem pour Pixar qui semble être la référence en termes d’animation, sans compter que deux niveaux vous feront sans doute penser à Toy Story. Dans le genre monde enchanteur qui nous met des étoiles dans les yeux et personnages hauts en couleur, Hazelight pouvait difficilement faire mieux. Le plus impressionnant à notre sens, c’est que les développeurs aient réussi à entretenir cette alchimie sur le long terme sans jamais succomber à la facilité ou en manquant d’imagination. It Takes Two est en ce sens une véritable aventure qui nous transporte sans même avoir à toucher la manette. Nous pourrions presque parler d’un moteur qui nous pousse à aller toujours plus loin dans le jeu pour voir quelle nouvelle ambiance nous ont concoctée les développeurs. Vu que le jeu nous remémore des dessins animés et même les Mario Galaxy par moment, nous serions presque tentés de le considérer comme un titre familial. Ce serait le cas si la thématique utilisée en toile de fond n’était pas si lourde de sens et si le studio n’avait pas commis de rares erreurs que nous pourrions qualifier comme des fautes de goût. Nous évoquons par là une poignée de passages étrangement crus, et pas franchement nécessaires, par rapport à la légèreté et à la justesse qui se dégagent du reste de l’œuvre. Vraiment dommage, Hazelight rate le sans-faute de peu.
Coop hyperactive
Nous n’avons pas évoqué la jouabilité un seul instant et voilà pourtant qu’It Takes Two est déjà auréolé. Nous pourrions ceci dit écrire la même avalanche de compliments à ce sujet, puisque dans les deux cas, It Takes Two fait preuve d’une densité assez fantastique. Là encore, Hazelight nous met dans l’ambiance tranquillement avec de la plateforme des familles. Il est vrai que c’est le genre dominant, mais il serait bête de le limiter à cela. Chaque nouveau monde est l’occasion d’introduire une nouvelle mécanique qui change complètement la donne. Si le second niveau nous permet de jouer avec des clous et un marteau, il faut par la suite s'amuser avec la gravité, contrôler le temps et même se prendre pour Rambo avec des armes à feu. L’intelligence d’Hazelight a été de diversifier au possible les défis pour que les mécaniques, très simples sur le papier, soient pleines de surprises. Reprenons l’exemple des clous et du marteau. Il n’est possible d’envoyer que les premiers se planter dans le décor et de taper avec le second, mais très vite, les clous servent à bloquer des plateformes, à en créer et aussi à battre le boss. Le marteau peut quant à lui projeter certains objets et servir à se balancer sur les fameux clous. La variété est clairement le mot d’ordre pour ce qui est du game et du level design.
Il est rare de voir un jeu toucher à autant de genres et d’univers différents pour au final faire mouche systématiquement.
Ce sont loin d’être des paroles en l’air, It Takes Two va jusqu’à se métamorphoser très régulièrement. Hazelight prouve qu’il est tout à fait possible de mélanger avec harmonie hack'n slash, TPS, versus fighting ou encore gameplay aérien au sein d’un même titre. C’est lorsque le jeu n’est plus vraiment lui-même que nous l’aimons le plus. Malheureusement pour nous, ces moments où il nous en fait voir de toutes les couleurs sont aussi les plus courts. Nous ne restons pas longtemps sur notre faim puisque, à l’instar de la direction artistique, les développeurs parviennent à maintenir la richesse de leur gameplay sur l’intégralité du jeu. It Takes Two donne même parfois l’impression de ne pas nous laisser respirer tant les épreuves s’enchaînent, mais ce qui est certain, c’est qu’il est impossible de s’ennuyer.
La courbe de progression est là pour y veiller également. Nous devons dire que pour un jeu à l’apparence si enfantine, la difficulté s’est avérée assez relevée. Pas assez pour se taper la tête contre les murs, mais suffisamment pour confirmer qu’il est inutile d’y jouer avec des enfants en bas âge. Il est en revanche bon de noter la générosité des très nombreux checkpoints et la quasi-impossibilité d’avoir un écran de game-over en dehors des combats de boss (franchement cool au passage). Au milieu de cette cascade de bonnes surprises, les mini-jeux sont un peu marginaux. L’idée est pourtant bonne : opposer les deux joueurs dans de petits challenges pour voir qui a le plus gros skill. De quoi s’occuper quelques minutes et rigoler un bon coup, mais il y a déjà tellement d’excellents passages que ce n’est pas ce qui reste en tête à la fin de l’expérience. Par ailleurs, notez que le jeu se termine en une dizaine d'heures.
À deux, c'est mieux
Et la coopération dans tout ça ? Nous en avons parlé brièvement en début de test, mais Josef Fares oblige, il s’agit quand même d’un élément important dans l’ADN du jeu. Sans surprise, la progression à deux est une réussite (surtout quand le second joueur a la possibilité de jouer gratuitement). Il faut dire que celle-ci se base en grande partie sur les trouvailles d’A Way Out qui nous avait déjà montré ce que donne une coopération servie avec une mise scène de haut vol. La formule d’It Takes Two n’en reste pas moins meilleure, en partie grâce à l’abandon des innombrables QTE qui avaient tendance à gâcher le rythme de certaines séquences. Comme son cousin derrière les barreaux, elle est également basée sur une asymétrie totale et complémentaire très bien pensée qui donne un vrai sens à la coopération. La seule difficulté se présentera à vous si vous optez pour une collaboration en ligne. L’écran splitté devient alors un avantage pour mieux comprendre ce qui se passe à l’écran, mais vous n’aurez pas d’outils pour communiquer avec votre partenaire. Il faudra donc systématiquement passer par des services externes ou choisir comme nous un bon fauteuil pour deux.
Josef Fares et son studio ont sorti le grand jeu pour It Takes Two. La preview était de bon augure, mais le jeu dépasse de loin toutes nos attentes. Nous devons cette agréable découverte à ses niveaux aussi beaux que riches en gameplay. Il est rare de voir un jeu toucher à autant de genres et d’univers différents pour au final faire mouche systématiquement. Le plus beau, c’est que cette belle réussite est au service d’une expérience en coopération qui nous rappelle des souvenirs, mais qui est en vérité meilleure que les deux précédents jeux de Josef Fares. En dehors de quelques passages discutables et de moments que nous aurions aimé voir se prolonger, It Takes Two s’annonce comme un titre assez incontournable si vous avez quelqu’un avec qui le partager.
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- Univers incroyables sur l’intégralité du jeu
- Des défis en versus, juste pour rigoler
- Un gameplay en perpétuelle évolution
- Il touche à tous les genres
- Une coop à l’ancienne bien pensée
- Des fautes de goût par moment
- Les meilleurs passages sont les plus courts
- Pas d’outils de communication avec les joueurs en ligne