Déroutant ! C'est le premier mot qui vient à l'esprit lorsqu'il s'agit de développer un avis sur ce titre. À mi-chemin entre le roman interactif et le jeu vidéo, que vaut ce portage d'un titre déjà disponible sur PC et consoles ?
On the road again...
Le genre Walking Simulator vous est familier ? What Remains of Edith Finch, Everybody's Gone to the Rapture, FireWatch, autant de jeux misant sur la narration et la contemplation, où l'interaction est le plus souvent réduite au strict minimum. Mais connaissiez-vous le Sitting Simulator ? Hitchhiker vous propose de le découvrir !
Si le pitch de départ à l'air tout bonnement attrayant, son exécution est quelque peu déroutante, maladroite et brouillonne !
L'histoire se déroule aux États-Unis, le personnage que vous incarnez occupe directement la place du passager. S'engage alors une conversation avec le conducteur. Vous apprenez assez rapidement que vous êtes amnésique, vous ne savez ni pourquoi vous êtes là ni dans quelle direction vous vous dirigez ! La photo trouvée de vous et de votre « copine » dans la boîte à gants vous intrigue au plus haut point ! Le conducteur, lui, semble vous connaître, sans pour autant vous dévoiler toute la vérité ! Charge à vous de faire la lumière sur votre propre histoire en récoltant les indices et en résolvant les énigmes que vous rencontrerez sur votre chemin.
Premier élément moteur du titre et principal élément de gameplay : les dialogues ! Choisir une réponse parmi les deux proposées, c'est ce qui vous attend durant les trois heures et cinq épisodes à achever. Et ne comptez pas sur la conséquence de vos choix (n'est pas Telltale qui veut), car aucun n'a d'influence sur le cours du jeu, si ce n'est de changer une seule et unique ligne de dialogue ! Soyons clairs, certaines répliques font sourire, certaines mettent en haleine, mais d'autres font littéralement dormir. Pour se réveiller, il y a de temps à autre des énigmes qui n'en ont malheureusement que le nom. Il faudra, pour une trop grande majorité d'entre elles, y aller armé de son pifomètre pour les résoudre ! Au total, seules deux « véritables » énigmes sont proposées, ce qui est plutôt léger, surtout pour un soft comportant « Un jeu d'énigme » dans son titre.
La trop grande facilité et le manque cruel de challenge feront vous demander pourquoi les développeurs ont décidé de consacrer autant de temps à élaborer des énigmes qui n'en sont pas. Vous l'aurez deviné, le point fort d'Hitchhiker ne se situe pas dans son gameplay. À commencer par le menu principal, ici pas de pointeurs pour sélectionner les choix (nouvelle partie, options...) comme ce qu'il se fait dans la plupart des applications VR, il faut déplacer sa main pour accéder à tel ou tel choix et s'y reprendre à plusieurs reprises afin d'arriver à effectuer une action aussi simple que de démarrer la partie.
Des graphismes datés !
Parlons graphismes. Une fois lancé, les mouvements de caméra sont bien trouvés et magnifient cette production, bien qu'une fois à l'intérieur du véhicule, c'est une tout autre réalité qui nous est présentée. Les décors sont vides, répétitifs, le clipping omniprésent, les textures sont pauvres et la modélisation grossière... un comble pour un jeu qui appelle à la contemplation. Ce manque de finition n'améliore en rien l'immersion ! Lorsque les rétroviseurs ne montrent pas votre reflet, que les roues du véhicule ne tournent même pas et s'enfoncent à moitié dans le bitume et les oiseaux apparaissent depuis le sol, l'idée d'être face à une version bêta se fait cruellement sentir. D'autant qu'à ce moment précis du jeu, nous nous posons la question de savoir si tous ces phénomènes étranges seront justifiés à un moment par le scénario ou s'il s'agit d'une certaine non-volonté de la part des développeurs de corriger lesdites aberrations ! Spoiler, c'est la seconde option qui est la bonne.
Il faut littéralement souffrir une heure de jeu avant de commencer à prendre du plaisir !
Inégal, le rythme l'est assurément ! Les bonnes idées se confondent si bien avec les mauvaises qu'il nous est difficile de détester ou adorer le titre une fois celui-ci achevé. Malgré les innombrables défauts, sa monotonie, ses errements, la souffrance des premiers moments, Hitchhiker parvient à décoller vers l'épisode 3, qui est paradoxalement le moins interactif de tous. Il nous fait redéfinir tout ce que nous pensions depuis le début, amenant ainsi son lot d'interrogations avec à la clé la hâte de voir le final pour reconstituer tout ce puzzle.
Hitchhiker offre, bien que rarement, d'excellents moments : les blagues de Vern, les discours philosophiques, les sublimes cinématiques, la chanson magnifique et mémorable de l'épisode 4, les multiples références à la pop culture (Forrest Gump, 2001 : L'odyssée de l'espace, Twin Peaks...), le côté David Lynch. Bien que moins solide qu'un Vanishing Grace, cette expérience peut quand même convenir à ceux qui savent passer outre l'aridité des graphismes et du gameplay. Un jeu de niche qui passe le plus clair de son temps à vouloir proposer sa propre version des faits.
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- Un concept original
- Une inspiration lynchéenne assumée
- Cinématiques splendides
- La chanson mémorable de l'épisode 4
- Un jeu marquant
- L'envie de se refaire le jeu pour bien tout comprendre
- Graphismes dignes d'une PS2
- Musique oubliable (à une exception près)
- Peu d'interactions possibles (utilisation de la VR discutable)
- Près d'une heure de jeu avant que l'histoire décolle
- Énigmes ridicules
- Fin abrupte