TEST de Gears 5 : loin de la CGU et des sentiers battus, le titre fait date dans la série
par Christophe ÖttlGears 5 : Nous n’oublions pas de remercier Kait pour cet épisode qui devrait mettre tout le monde d’accord.
Show must Gears on
Il se faisait attendre ce nouvel épisode et pour être tout à fait honnête, il ne présageait rien de bon il y a encore quelques mois. La faute à Microsoft qui a laissé planer le doute sur sa nature et nous a d’abord donné les morceaux les moins nobles de son shooter, un comble pour l’éditeur d’une boucherie comme Gears 5. Et si nous craignions un épisode mi-figue, mi-raisin, nous n’avons pas fait l’erreur de sous-estimé l’incroyable machine de guerre que représente le duo Microsoft / The Coalition, qui devait obligatoirement mettre les petits plats dans les grands pour un titre forcément très attendu. Dès le tutoriel passé, nous avons compris que l’énorme potentiel était bel et bien présent, et que les développeurs avaient réussi à en tirer parti pour nous en mettre plein les yeux.
L’impact des nouveautés n’empêche pas la force brute héréditaire d’être toujours le fer de lance de la série.
49 € sur Amazon* * Prix initial de vente : 49€.
Ce Gears 5 a un sens du spectacle inné, nourri par des années de scène d’action et de grosses explosions qui font plaisir à voir. Ce n’était probablement pas un défi vu le patrimoine génétique du titre, mais il faut reconnaître que la mise en scène est toujours finement orchestrée. Comme ses ancêtres, Gears 5 n’a pas de temps morts, pas de passages inutiles ou qui ne soient au moins mis en valeur par quelques dialogues, et ces mêmes échanges ne sont pas tous des punchlines à deux balles (il y en a quand même ne vous en faites pas) pour souligner le niveau très élevé de testostérone du jeu, comme ça pouvait être le cas auparavant.
En bref, c’est une vraie leçon de rythmique que nous enseignent les Canadiens de The Coalition. Une évidence qui nous est apparue dès l’acte un, faisant la part belle aux feux d’artifices et autres effusions de sang, qui nous rappelle brutalement que nous sommes dans un Gears of War. C’est pourtant dans les niveaux suivants que le tour de force est plus percutant. Des niveaux qui par nature auraient pu être opposés à la méthode Gears, mais qui proposent eux aussi une bonne dynamique faisant que nous ne nous ennuyons jamais vraiment durant toute la campagne solo au côté de l’héroïne Kait Diaz.
Le tour du monde en 80 minutes
Les niveaux dont nous parlons, vous les avez sans doute déjà aperçus. En tout cas, vous avez au moins dû voir Kait et le fidèle Delmont parcourir cette Sibérie vidéoludique à bord du Skiff, une sorte de traineau dirigé avec des voiles. La nature du véhicule importe peu, puisque finalement c’est le choix du level design retenu par The Coalition qui questionne.
L’action brute reprend rapidement le dessus.
Le studio troque dès l’acte deux la linéarité qui sied si bien à la série pour un ersatz de monde ouvert. L’idée peut paraître saugrenue pour les fans hardcores de la licence, mais pour un joueur moins impliqué, nous prenons le pari qu’il trouvera cela rafraichissant. Gears 5 sort ainsi de sa formule basique, qui aurait pu être redondante si elle s’était étalée sur l’intégralité du jeu. Nous pouvons vous dire cela avec d’autant plus de certitude que l’acte un est justement un concentré de ce que les anciens épisodes proposaient déjà. Entre le gameplay efficace, mais sans surprise, et celui plus original, nous avons vite fait notre choix.
Le nouvel écueil de Gears 5 n’est pas parfait et ne repose en vérité que sur l’illusion d’une liberté de mouvement plus grande. Le Skiff ne vous permet en fait que de vous balader dans un hub central desservant de petites zones de quête secondaires et d’autres plus grandes, permettant de progresser dans l’histoire. Dans les deux cas, la promesse d’une aventure riche en découvertes et en choix de destination n’est pas honorée (a-t-elle jamais été au programme ?). L’action brute reprend rapidement le dessus et, si dans le cas des quêtes secondaires, le terrain se limite à une zone de combat, les endroits plus importants pour le scénario sont plus grands, mais tout aussi dirigistes que par le passé. Preuve pour ceux qui le craignaient que Gears 5 ne se renie pas et conserve au contraire un gros volet « massacre de la vermine » encore dominant sur l’ensemble de la formule.
Reste que cette nouvelle carte ouverte est un poil trop petite pour que l’illusion du monde ouvert persiste au-delà d’une heure de jeu. Une fois le voile tombé, il ne vous reste plus qu’à choisir votre camp. Soit vous êtes un éternel optimiste qui considère la nouvelle fonctionnalité comme un bon compromis entre l’action primordiale de la série et une petite promenade de santé pas déplaisante ; soit vous passez publiquement pour quelqu’un d’aigri en pensant que cette idée est sous-exploitée et qu’il manque un petit quelque chose pour rendre l’exploration du monde de Gears 5 moins machinale et nécessaire, mais au contraire plus contemplative et marquante.
La beauté dans le massacre
Contemplatif, Gears 5 l’est pourtant. Il ne rate aucune occasion de nous en mettre plein les yeux juste en agitant ses beaux pixels. Sans surprise, le titre est une bête sur le plan technique. Nous n’en attendions pas moins d’un AAA comme lui, mais force est de constater qu’il dépasse nos attentes en termes de beauté. Une finesse qui va de pair avec une fluidité à toute épreuve en plus du reste, surtout sur console. Il n’y a que notre PC de compétition qui a subi des ralentissements. Pour cause, le matos demandé pour faire tourner le jeu en ultra est plutôt balèze. Notre compagnon de route a bien entendu tenu la distance, mais nous pouvons vous dire qu’il a pas mal chauffé.
Le titre est une bête sur le plan technique.
Pour en revenir aux prouesses graphiques, nous n’avons rien à ajouter si ce n’est plus de compliments, mais aussi une gêne concernant la relative monotonie des décors au sein de chaque acte. Un détail vraiment insignifiant qui est rapidement supplanté par des bugs et des problèmes de sous-titres pas top pour une production de ce niveau-là. Encore une fois, rien qui ne vienne réellement gâcher le plaisir du joueur. De toute manière, les voix off françaises font un travail plutôt excellent en ce qui concerne le doublage, ce qui permet au moins de se passer du problème des sous-titres. Brièvement, concernant la bande-son, les développeurs jouent principalement sur l'ambiance, les effets sonores, pour titiller nos esgourdes. Néanmoins, des musiques électriques viennent rythmer nos phases emplies d'action, le résultat est assez satisfaisant dans l'ensemble. Le but recherché ici ? Donner des pulsions au joueur afin de le pousser à massacrer tout ce qui se trouve à l'image.
Sur le plan artistique, il reste aussi à juger de la qualité de l’écriture de ce nouvel opus. Une mission assez délicate quand il s’agit d’éviter les spoils. Pour faire simple, disons que Gears 5 est dans une bonne moyenne. Nous n’allons pas vous faire croire que le scénario est digne d’un film d’auteur, son déroulement est au contraire un peu convenu. Ce n’est pas bien grave, puisqu'au final, c’est la capacité de The Coalition à raconter une histoire efficacement qui reste à la fin du jeu. Une histoire nécessairement à destination des fans tant les auteurs n’ont pas cherché à faire de cadeaux à ceux qui n’avaient pas joué aux anciens opus ; notez qu'il faut une quinzaine d'heures pour arriver au bout du tunnel.
Jack et les gunfights : un amour naissant
Il ne manque plus que le génocide locuste à détailler, la partie la plus sacrée du jeu. Une partie que nous connaissons déjà par cœur avant même d’avoir joué à Gears 5. Le combo mitraille, couverture, tronçonnage est plus que jamais d’actualité, ce qui devrait faire plaisir aux puristes. Mais puisque cet épisode est sous le signe du renouveau, The Coalition a ajouté une belle nouveauté qui fait tirer le gameplay vers quelque chose de plus tactique. Ce petit plus, il a un nom, Jack. Il s’agit tout simplement du petit robot qui va vous accompagner durant toutes vos aventures et qui prend la place de Dave, parti prendre une retraite bien méritée au début du jeu. Sa présence est appréciable durant vos petites balades, puisqu’il est capable de vous rendre quelques services, comme aller chercher une arme pour vous ou repérer les éléments importants dans le décor.
Beau, bon et bien rythmé.
C’est cependant durant les combats que votre pote mécanique va faire la différence. Avec sept capacités actives et quatre passives, Jack est capable de retourner une situation à lui tout seul. C’est assez grisant d’influencer autant le champ de bataille avec un seul petit truc en plus. Pour la petite histoire, Jack a le bon goût de s’améliorer via un arbre de talent au fur et à mesure de l’aventure. C’est d’ailleurs à cela que servent les missions secondaires et autres composants que justifieront vos détours dans la pampa. Et puisque le portrait de votre nouveau meilleur ami se doit d’être complet, sachez que l’automate compte comme un personnage jouable en solo, comme dans le mode Horde. Le rôle est assez ingrat, mais parfait pour une équipe de joueurs soudés.
Inutile de le préciser, mais Gears 5 nous a également régalé avec ses gunfights. The Coalition a une fois de plus prouvé sa maîtrise dans ce domaine. Les échanges au Lanzor ou à l’Executeur sont déjà très fun, tandis que les purges à grands coups de Triple Tir ou Découpeuse sont presque malsaines tellement elles sont jouissives. Les nouvelles armes de cet épisode s’inscrivent dans cette même dynamique destructrice (mention spéciale à la Griffe qui nous a bien plu). Peut-être finalement que le seul problème au cœur de la mêlée reste le bestiaire du titre, qui se renouvelle peu. Gears 5 semble faire des efforts de ce côté-là pourtant, mais trop de vermines tue la vermine. Nous sommes en plein dans le chipotage, mais à ce stade de maîtrise, il n’y a que sur les petits détails que nous pouvons faire les bougons.
Kait et ses potes de la CGU ont piétiné avec leurs bottes de fer tous nos doutes avant de nous cribler d’espoir avec un gameplay plein de renouveau. Le pari est plutôt réussi même si l’impact des nouveautés n’empêche pas la force brute héréditaire d’être toujours le fer de lance de la série. Nous apprécions les efforts de The Coalition, mais nous aimons encore plus la maestria avec laquelle le studio a dirigé le titre. Beau, bon et bien rythmé, Gears 5 a tout du parfait jeu d’action et est probablement le meilleur volet de la série grâce à ses nouvelles lubies qui viennent égayer une formule qui aurait été trop basique en 2019.
- Une science du rythme et du spectacle
- Un petit monde ouvert rafraichissant...
- Fidèle à ses origines
- Grosse performance technique
- Jack, une nouvelle approche tactique des gunfights
- Maîtrise parfaite du feeling des combats
- Des bugs
- ...mais qui manque de panache
- Un bestiaire pas foufou
- Un scénario qui nous perd si nous ne sommes pas à jour