Turn 10 est enfin de retour avec un Forza axé sur la simulation, un nouvel opus qui prend un gros virage par rapport aux précédents épisodes.
Simuler, c'est parfois bien
Les Xbox Series X|S n’avaient pas encore eu droit à leur jeu de course orienté vers la simulation, c’est désormais chose faite avec Forza Motorsport, nouvel opus de la franchise de Turn 10, dont la popularité a été dépassé par les spin-offs arcade Forza Horizon de Playground Games. Mais voilà, les amateurs de simulation ont enfin leur opus sur les plateformes de dernière génération, six ans après Forza Motorsport 7. Un nouveau titre qui donne envie de se lancer sur les circuits ? Réponse dans ce test.
La prise en main est parfaitement équilibrée.
Sans nous laisser le choix, Forza Motorsport se lance la première fois par une introduction jouable, pour nous faire découvrir en quelques minutes ce qu’il nous proposera : une conduite de simulation sur circuit. À bord d’une Corvette E-Ray 2024 sur le tracé de Maple Valley, nous sommes lancés dans une sorte d’essai libre avec d’autres pilotes sur la piste, l’occasion de découvrir la maniabilité, qui est excellente. Forza Motorsport se joue de manière très intuitive, la prise en main est parfaitement équilibrée, la voiture colle à la route et fonce à toute allure, du moins sur l’asphalte, car la moindre sortie de piste ne pardonne pas. Une roue dans l’herbe, et le véhicule part à la dérive, il faut du doigté pour garder le contrôle et éviter l’accident. Cependant, notons que monter sur les vibreurs n’a absolument rien de punitif, que ce soit pour l’adhérence ou la vitesse, la seule conséquence est la forte vibration dans la manette. Mais nous avons surtout remarqué, même si ce n’est pas nouveau, que la manette Xbox Series X|S est bien en retard par rapport à la DualSense de la PS5. Après des heures à jouer à F1 23 avec une DualSense, il est bien plus difficile de gérer l’intensité de l’appui sur les gâchettes de la manette Xbox Series pour doser l’accélération et le freinage, un point pourtant essentiel lorsque les aides sont désactivées.
Les aides, justement, sont par défaut là pour bien faciliter la progression des néophytes, vous pouvez freiner et accélérer sans réfléchir, la voiture va coller à la route et foncer. Même avec le réglage minimum, l’ABS (l’anti-blocage de roues) est par exemple encore là, il faut aller fouiller soi-même dans chaque réglage pour créer sa configuration idéale, et enfin obtenir de vraies sensations de pilotage, avec un gameplay exigeant. Au moins, tout est là pour tous les joueurs expérimentés, même s’il est clair que les développeurs ont tout fait pour ne pas brusquer les nouveaux venus dans le monde de la simulation automobile, ce qui n’est pas plus mal, les habitués connaissent déjà bien les réglages à sélectionner pour eux.
Faire des tours, encore et encore
Une fois cette introduction faite, il est temps de se lancer dans de vraies courses avec le mode Carrière… si vous en avez le courage. Il s’agit là de plusieurs compétitions avec des types de voitures spécifiques, par thème, comme des véhicules exotiques des années 80, des Japonaises modernes, des muscles cars américaines anciennes, et le joueur se lance dans six Grands Prix pour gagner des points et remporter chaque championnat.
Les circuits tournent vite en rond et les variations de tracés n’y changent rien.
Sur le papier, c’est très intéressant, cela permet de découvrir des voitures assez variées, en commençant par des véhicules assez lents puis de plus en plus rapides et puissants. La Carrière est aussi l’occasion de se lancer sur les circuits de Forza Motorsport, et là, le bas blesse. Les circuits tournent vite en rond, sans mauvais jeu de mots, et les variations de tracés n’y changent rien. Notons quand même des segments chronométrés pendant les essais au sein de chaque tracé, des zones souvent bien connues des fans qui font office de secteurs où gagner quelques centièmes de seconde peut faire la différence pendant la course, une bonne idée pour maîtriser ces passages souvent compliqués mais cultes. Mais à force d’enchaîner les Grands Prix, le joueur arrive à se lasser après quelques heures, la vingtaine de circuits, dont très peu d’inédits, est trop faible, et ils manquent de variété. Il manque également des enjeux et un intérêt, quelque chose qui inciterait le joueur à poursuivre sa Carrière. Certes, nous avons des tracés cultes, comme Spa-Francorchamps, Suzuka, le circuit de la Sarthe, de Laguna Seca, de Barcelona-Catalugna, les Speedway d’Indianapolis et Miami, mais outre Maple Valley et Hakone, c’est du classique, du déjà-vu ailleurs, c’est presque trop traditionnel. Et surtout, l’Endurance a totalement été mise de côté, à part le tracé des 24h du Mans, et il n’y a même plus de Grand Prix dédié à cette catégorie dans le mode Carrière. Pourtant, les voitures du WEC ne manquent pas dans le garage.
Les voitures, justement, sont très nombreuses dans Forza Motorsport, mais Turn 10 a quand même fait le choix de ne pas trop remplir votre garage trop vite. Nous sommes bien loin de Forza Horizon 5 avec ses nouvelles voitures débloquées toutes les 10 minutes, ici, il faut faire des courses pour gagner de l’argent, et dépenser cette précieuse monnaie pour s’offrir un nouveau véhicule. Autant dire que le joueur commence avec des voitures assez modestes et plutôt abordables, et surtout, il a bien le temps de les maîtriser et de les améliorer avant de ressentir l’envie d’en acheter une autre. Car oui, chaque véhicule peut être amélioré au travers de plusieurs classes, de E à X, et en plus de cela, le joueur peut aussi mettre les mains sous le capot pour ajuster de nombreux paramètres de la voiture, afin d’optimiser au mieux son pilotage en modifiant le moteur, les pneus, les suspensions, etc. Rassurez-vous, si vous n’y connaissez rien, un simple bouton permet simplement d’améliorer le niveau de la voiture automatiquement, à condition d’avoir assez de CP. Il s’agit de Points de voiture, propres à chaque véhicules, et qui sont nécessaires pour améliorer la voiture, à gagner en effectuant des courses. C’est-à-dire que si vous avez les pièces et l’argent, mais pas les CP, vous ne pouvez parfois pas améliorer votre véhicule, c’est assez frustrant et plutôt inutile au final.
Quoi qu’il en soit, les joueurs ont un énorme choix du côté des voitures, avec une gigantesque variété, allant des citadines aux hypercars en passant par les berlines allemandes, les drifteuses japonaises, des vieilles monoplaces, les sportives grand public de toutes les époques, et même quelques prototypes pas très populaires mais impressionnants. Un roster d'environ 500 voitures impressionnant, mais il faut du temps pour toutes les débloquer, seuls les plus acharnés y arriveront, les autres se contenteront de quelques voitures au style et à la classe variés, ce qui est déjà très appréciable, chaque véhicule se conduisant de manière différente, avant même d’entrer dans les réglages spécifiques.
Pilote du dimanche ou pro du circuit ?
Si jamais le joueur se lasse du mode Carrière, et cela va forcément arriver après quelques Grands Prix, il y a heureusement d’autres modes de jeu dans Forza Motorsport, à commencer par des défis contre des rivaux. Ce sont en fait des épreuves de contre-la-montre contre des fantômes d’autres joueurs, sur tous les tracés de tous les circuits, et dans toutes les catégories. Autant dire qu’il faut du temps pour rentrer un temps chrono pour chaque épreuve, de quoi occuper les plus passionnés, et surtout, le contre-la-montre permet d’entièrement se focaliser sur sa conduite, les trajectoires idéales, les points de freinage, c’est presque par là que les néophytes devraient commencer avant de se lancer dans une course.
Le jeu est là pour durer avec du contenu régulièrement mis à jour, à la limite du live service.
Car en Carrière, l’intelligence artificielle est assez impressionnante. Les règles de la course s’appliquent, mais pourtant, l’IA n’hésite pas à donner de petits coups dans l’aile de votre voiture en sortie de virage, à freiner tard et fort, c’est dynamique tout en restant respectueux… en général. Il arrive parfois qu’un contact ou une sortie de piste soient un peu trop violents, du coup, c’est la pénalité immédiate, avec un malus de plusieurs dixièmes de seconde qui sera rajouté à la fin de la course, de quoi parfois faire perdre quelques places. Cependant, pas de drapeaux jaunes ou de voiture de sécurité ici. La difficulté est évidemment ajustable, avec d’abord un réglage de l’IA mais surtout des règles de la course, allant du simple (avec des replays et sans dégâts autre que visuels) au compliqué, c’est à dire sans retour en arrière et avec des dégâts qui influent sur le comportement de la voiture. De la pure simulation qui demande de la concentration, de l’abnégation et pas mal de réflexes, mais c’est très gratifiant, et surtout, cela permet de gagner davantage d’argent à la fin de la course. Idem pour la position sur la grille de départ : le joueur peut choisir s’il commence en troisième ou dernière place, et là, c’est le jackpot si vous arrivez à remonter sur le podium.
Nous parlions précédemment du manque d’Endurance dans le mode Carrière, mais il y a quand même une alternative, avec le mode de jeu Libre, qui permet de créer et personnaliser une course avec un tas de réglages, que ce soit concernant les adversaires, la météo, les types de voiture impliquées dans l’épreuve, et bien sûr le circuit et le nombre de tours. En clair, il est possible de faire 1 000 tours sur le tracé des 24h du Mans à bord d’une Cadillac Racing V-Series.R, gérer l’essence et les pneus avec des passages aux stands, ou simplement deux petits à Spa-Francorchamps dans une Peugeot 205 Turbo 16, c’est le mode idéal pour se faire plaisir, découvrir les circuits à sa manière, et surtout essayer toutes les voitures. Car même sans les acheter, il est possible de louer un véhicule le temps d’une course, cela ne permet pas de gagner de l’expérience, mais au moins, tout le garage est accessible dès le départ.
Bien évidemment, Forza Motorsport propose un mode multijoueur, il est très complet, et surtout axé vers le contenu régulièrement mis à jour. Turn 10 met en effet en avant des épreuves en ligne qui changent régulièrement, tout est fait pour inviter les fans à y revenir de temps en temps, et les développeurs ont pensé à rendre cela amusant. Les joueurs doivent en effet faire des séances de qualification avant de s’élancer contre d’autres joueurs, afin de déterminer le niveau pour le matchmaking mais surtout le score de sécurité. Comme en Carrière, les collisions sont activées, mais les erreurs sont bien plus punitives, hors de question ici de bousculer volontairement un adversaire. De bonnes idées pour une bonne ambiance, mais le système peut être frustrant, car il faut souvent patienter, une nouvelle course multijoueur étant disponible toutes les 20 minutes. Impossible donc de lancer son jeu et de partir rouler en ligne en quelques secondes, à moins de passer par le multijoueur privé, mais uniquement entre amis… Les développeurs ne s’en cachent pas, leur jeu de course est là pour durer avec du contenu régulièrement mis à jour, à la limite du live service.
La carrosserie parfaitement lustrée
Enfin, parlons des graphismes, car Turn 10 a mis le paquet pour la réalisation de ce Forza Motorsport. Testé sur PC et Xbox Series S, le titre en met à chaque fois plein la vue, qui se contente pourtant de modes Performance (1080p à 60 fps) ou Qualité (1440p à 30 fps). Sur notre ordinateur de test, le Cybertek Level 9, c’est évidemment un peu plus fin et surtout d’une fluidité exemplaire, à condition d’installer le jeu sur le SSD, mais la version PC souffre quand même de problèmes de stabilité, avec plusieurs crashs qui nous ont fait perdre notre progression récente, nous demandant de recommencer une épreuve de Carrière (essais puis course) plusieurs fois, ce qui est particulièrement frustrant. Au moins, sur Xbox Series S, tout était stable.
Forza Motorsport est somptueux.
Qu’importe la machine, donc, Forza Motorsport est somptueux, à commencer par des voitures parfaitement modélisées et ultra réalistes, tous les détails des modèles sont recréés avec soin, et le joueur peut les admirer pendant de longues minutes, surtout en roulant avec un soleil couchant. L’intérieur des véhicules a lui aussi été soigné, avec une vue interne qui donne réellement l’impression d’incarner le pilote et de conduire une voiture de prestige (ou une vieille citadine, les modèles sont variés). Pour en revenir au soleil couchant (pas ceux de Verlaine), il est bon de noter que Forza Motorsport a un système d’heure dynamique pendant les courses. Si celles-ci durent un peu longtemps, il n’est pas rare de voir le soleil se lever ou se coucher pendant l’épreuve, changeant totalement l’aspect du tracé et la manière de piloter, certains secteurs manquant d’éclairage (comme dans la réalité). C’est parfois un peu galère pour conduire, mais niveau sensation et immersion, c’est génial, et cela montre tout l’étendu des graphismes du jeu, magnifique de jour comme de nuit, par temps sec comme sous la pluie. La gestion des dégâts est également maîtrisée, les contacts sont assez précisément localisés sur la voiture, avec de faibles rayures de peinture ou une carrosserie bosselée en fonction de l’intensité du choc. Et bien sûr, si l’option est activée, ces dégâts visuels peuvent cabosser la voiture et altérer le pilotage. Même constat pour la partie audio, la part belle est faite au bruit des moteurs, qui ronronnent pendant la course, et les fans reconnaissent chaque motorisation au premier son, là encore, les voitures sont uniques et pleines de personnalité.
Cependant, si Forza Motorsport en met plein la vue sur le circuit, dans les menus, c’est l’austérité. Turn 10 a opté pour la sobriété, mais l’interface globale de son jeu de course est finalement d’une tristesse… C’est gris, fade, sans vraiment de musique qui attire l’oreille, les menus sont simples et complets mais sans vie, et même la personnalisation du pilote est réduite à son strict minimum, permettant seulement d’opter pour un ensemble de casque et combinaison. Bien sûr, nous ne demandons pas ici une interface colorée et dynamique à la Forza Horizon 5, les objectifs des deux titres sont bien différents, mais un peu d’identité propre n’aurait pas fait de mal, car là, ce sont des briques fades qui font office de boutons.
Forza Motorsport est un jeu de course orienté vers la simulation et le live service. Voilà, cette phrase résume plutôt bien le titre de Turn 10, les développeurs ont vraiment fait de très gros efforts sur la réalisation, le jeu est ultra réaliste et magnifique en toutes circonstances, avec de très nombreuses voitures, variées et parfaitement modélisées, tandis que les circuits sont eux aussi à la hauteur, avec de très beaux effets d’éclairage. Cependant, les tracés ne sont pas si nombreux, avec un gros manque du côté de l’Endurance (où sont passés Sebring et la version complète du Nürburgring ?), autant dire que le mode Carrière est vite redondant et peu passionnant. Heureusement, il y a les défis contre les rivaux et donc le multijoueur, taillé pour le live service et là pour durer longtemps au fil des mises à jour, mais frustrant si vous voulez simplement faire une partie rapide en ligne. Mais surtout, ce qui est demandé à un jeu de course et de simulation, c’est une prise en main exemplaire, et là, Forza Motorsport montre tout son talent, proposant des sensations funs et immédiates aux néophytes, ainsi que tout un tas de réglages pour les habitués du genre qui peuvent du réalisme à toute épreuve. Une excellente pioche dans son domaine, mais qui n’est pas sans défauts.
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- 500 voitures parfaitement modélisées et entièrement personnalisables
- Des graphismes ultra réalistes
- La prise en main immédiate et satisfaisante
- De nombreuses aides au pilotage pour les néophytes
- Des tracés cultes
- L’IA agressive juste comme il faut
- Un multijoueur taillé pour le live service, qui est là pour durer…
- Pas beaucoup de circuits, l’Endurance boudée en Carrière
- L’XP pour améliorer la voiture, inutile et fastidieux
- Le mode Carrière sans intérêt
- Des menus tristes et austères
- … mais pas pratique pour les parties en ligne rapides
Clint008 Rédacteur - Testeur |