Le titre avait tout pour marquer les esprits, mais n’en a pas assez dans le ventre pour charmer…
Jolie Frey-eur
Project Athia... Ce nom de code a résonné dans la tête des joueurs pendant plusieurs mois. Et pour cause, en 2020, Square Enix partageait une bande-annonce excitante d’un nouveau jeu mettant en scène une héroïne charismatique dans un monde ouvert attrayant. Par la suite, la firme a dévoilé le titre définitif de la bête arrivant sur PS5 et PC, Forspoken. Au fil des semaines, nous avions eu droit à une communication et à des présentations convaincantes, jusqu’à la sortie d’une version d’essai qui a refroidi tout le monde. Nous avons terminé cette nouvelle aventure, avons-nous été envoûté ? Il y a des choses à dire...
Des défauts voilent le positif et gâchent l’expérience.
Il y a un aspect qui fait pas mal grincer des dents : les graphismes. Et pour cause, il y a des choses qui plaisent à la rétine et d’autres points qui nous font dire « non, ce n’est pas possible en 2023 ». Commençons donc avec le positif, les environnements. Ainsi, si vous jouez en mode Qualité, les cadres ont de quoi satisfaire. La végétation est dense, les textures sont clinquantes, le rendu photoréaliste de certains lieux a de quoi émoustiller, pour faire simple, ce n’est pas mal. Il y a aussi un sacré travail de recherche concernant les architectures des bâtiments et les particules de lumière sont superbes globalement. Cependant, si vous changez de mode visuel, à savoir Ray Tracing et Performance, vous verrez des altérités dans les parages. Certains éléments de décor disparaissent littéralement et l’image devient légèrement floue. Dans ces cas, Forspoken manque de peps pour charmer les pupilles et le framerate n’aide pas forcément à séduire.
Et pour cause, il faut faire des choix. Avoir un jeu fluide, mais avec des graphismes passables, ou jouer avec une image plus que plaisante, mais avec un framerate vacillant dans les 20-30 fps. Si vous avez le matériel adéquat à la maison, une autre option s’offre à vous : les 120 fps. Peu importe le rendu, la machine va alors pousser le titre pour avoir un nombre d’images par seconde décent. Le Ray Tracing n’apporte pas grand-chose au niveau des reflets, c’est pour quoi nous recommandons de lancer cette odyssée en mode Qualité avec les 120 fps activés pour avoir un bon équilibre visuel.
Au-delà de l’image, et comme nous l’avons dit, il y a plusieurs points techniques qui dérangent en 2023. Tout d’abord, la modélisation des personnages n’est vraiment pas folle. Entre les cheveux pixélisés et baveux, les soucis des yeux qui s’affolent et les textures datant de l’ère PS3, il n’y a pas de quoi décrocher la mâchoire. Ensuite, nous avons droit à des animations venues d’une autre génération. Les gestuelles ne sont pas du tout naturelles, des PNJ bougent comme des robots et les expressions faciales sont catastrophiques ! Lorsque nous sommes derrière un adversaire, celui-ci glisse/tourne sur place pour se retourner ; oui, oui, comme dans les années 2000. Attendez, ce n’est pas tout. Les jeux de lumière ne sont pas maîtrisés (nous avons vu deux PNJ côte à côte, mais avec des ombres opposées) et les bugs de collision sont nombreux (nous avons été bloqués plusieurs fois dans des parois). Pour finir, même si certains décors sont chatoyants, bon sang que c’est vide. Il y a une certaine redondance visuelle à l’image qui fatigue le crâne au bout de quelques minutes. Malheureusement, tous ces défauts voilent le positif et gâchent l’expérience. Dommage.
Abracadabra !
Parlons peu, parlons bien, le gameplay de Forspoken s’inspire grandement de vieilles productions. Ainsi, nous devons explorer divers lieux pour débusquer des trésors, objets, ustensiles et autres points de compétences pour booster notre personnage. Les balades se font à pied, en sprintant ou en fonçant extrêmement vite en restant appuyer sur deux touches. La belle peut aussi grimper brièvement sur les murs, bref, c’est simple comme bonjour pour se déplacer. Le monde est vraiment vaste, donc si un joueur souhaite revenir sur un lieu particulier, il a la possibilité de se téléporter dans des checkpoints (maisonnettes) trouvés en cours de route. Un grand classique.
La prise en main est plutôt efficace et quelque peu nerveuse.
Des challenges, plus ou moins ardus, sont là pour débusquer des équipements (capes, collier, vernis pour les ongles) qui vont augmenter divers aspects de notre guerrière, comme la défense, la santé ou encore l’endurance. Ces défis sont (un brin) essentiels pour progresser avec un minimum d’aisance dans le jeu. Les combats, eux, ne sont pas si faciles au début. Et pour cause, nous devons comprendre certaines subtilités dans les commandes pour mettre à terre rapidement un adversaire. Nous avons accès à différents pouvoirs magiques uniques, représentant un élément. Les gâchettes arrière permettent de lancer un enchantement léger ou puissant, celles de devant, de sélectionner le type de magie que nous souhaitons. Les doigts dansent alors au-dessus de la manette pour comprendre comment combiner tel assaut avec tel pouvoir. Une fois assimilée, la prise en main est plutôt efficace et quelque peu nerveuse.
Bien évidemment, au fil de l’aventure, nous débloquons de nouvelles aptitudes qui donnent la possibilité de massacrer des créatures prestement ou d’atteindre de nouveaux lieux qui étaient inaccessibles. Nos sorts peuvent évoluer via un arbre de compétences et en remplissant des conditions précises (comme éliminer xx ennemis avec telle offensive). Ces défis peuvent paraître fastidieux, mais il existe des lieux bondés d’opposants pour accomplir ces mini-objectifs en un claquement de doigts ; petit conseil, prenez quelques minutes pour tout débloquer, l’exploration sera moins ennuyante par la suite. Vous l’aurez donc compris, si vous avez l’habitude de ce type de progression, vous ne serez pas dépaysés.
En outre, les fonctionnalités de la manette DualSense sont exploitées. Les vibrations grattent et tremblent dans les mains selon ce que nous avons sous les yeux. Le but est de nous faire ressentir physiquement de la matière ou encore de la magie, et ça fonctionne bien, les sensations sont bonnes. Les gâchettes adaptatives sont mises à contribution également et se durcissent plus ou moins selon le sort sélectionné. Une petite pression permet alors d’attaquer en douceur, une grosse, d’amorcer une offensive plus dévastatrice. Quant au haut-parleur, nous pouvons distinguer la voix de notre compagnon, Kraft, apportant une immersion auditive supplémentaire. Amusant ! Notez qu’il est possible de gérer tout cela dans les paramètres, si cela ne vous convient pas, vous pouvez tout désactiver.
Une histoire plate dans un monde vide
Frey Holland est une jeune new-yorkaise qui n’a pas une vie facile. Elle fait de son mieux pour survivre dans notre société et se frotte souvent à la loi. Elle n’a qu’une envie, qu’un seul rêve, partir loin de tout et recommencer. Un jour, en découvrant un bracelet étrange et magique, doté d’une conscience, elle est projetée dans un monde peuplé de créatures, monstres et dragons en tout genre. Cette nouvelle terre n’est pas saine, le mal règne dans les parages et terrorise les habitants. La demoiselle ne veut pas être mêlée à tout cela, mais se voit tout de même propulsée au rang d’héroïne malgré ses envies. Et c’est là que l’aventure commence.
Une certaine répétitivité dans la progression.
L’histoire a de quoi intriguer au départ, Square Enix tient quelque chose de sympathique à suivre, mais nous nous rendons vite compte que le récit manque de profondeur pour captiver. Le joueur s’attend à des surprises, à des rebondissements et… rien. Certaines séquences manquent de cohérences et l’intrigue est (trop) prévisible. Pour ce qui est de l’écriture de Frey, elle n’est pas folichonne. Si au départ, lors de l’annonce, nous trouvions la demoiselle charismatique, nous sommes finalement tombés de haut. Et pour cause, elle est insipide et vulgaire à souhait. Elle ne parle qu’avec des insultes et obscénités. Dans un jeu, quand c’est bien dosé dans les dialogues, les grossièretés apportent une certaine badassitude à un personnage. Ici, la vulgarité est constante, au point de fatiguer les neurones. Pourquoi avoir fait cela ? Surtout que le français est bien plus gras que les autres langues concernant les injures. Insupportable !
Par ailleurs, le doublage n’est pas si effroyable par rapport à la démo diffusée. Alors certes, les intonations ne sont pas exceptionnelles et nous sentons que les acteurs lisent leurs textes sans conviction, mais le rendu n’est pas si désastreux et permet de suivre les périples de Frey sans se focaliser sur les sous-titres. D’autres doublages sont présents, l’anglais, qui n’est pas mauvais, et le japonais, qui est absolument fantastique. En outre, les lignes de dialogues automatiques (les discussions avec Kraft durant nos escapades ou encore la populace brayant dans les rues) tapent très vite sur le système. La raison ? Il s’agit des mêmes phrases qui sont répétées encore et toujours. C’est épuisant. Pour ce qui est des musiques, elles sont bonnes et suivent l’action à l’image, et les bruitages sont… particuliers. Particuliers ? Pour vous donner un exemple, nous avons l’impression que notre héroïne porte des talons quand elle marche, alors qu’elle a des baskets. Ces petits détails nous sortent du jeu par moment.
Bref, pour arriver au bout du tunnel, tout en traînant un peu des pieds, comptez 35 bonnes heures. Il y a une certaine répétitivité dans la progression, à savoir découvrir un nouveau lieu, chercher des équipements, booster son personnage et débusquer le gros méchant pour libérer la terre, et ainsi de suite. Ça manque d’originalité, de folie et de surprise. Et les diverses missions secondaires, quelque peu assommantes, ne donnent pas spécialement envie d’en faire davantage.
Tu es poussière et tu retourneras à la poussière
C’est dommage, car Square Enix a une base vraiment solide pour amener une nouvelle licence aux fans du genre. Mais nous avons cette sensation que le jeu a dû être rushé pour sortir quelque chose rapidement dans nos rayons. Et pour cause, il y a des cinématiques qui s’emboîtent les unes sur les autres sans aucune cohérence. Pour compléter et surtout comprendre le scénario, nous trouvons des archives un peu partout dans le jeu. Le problème, c’est que le texte est trop minuscule à l’écran ; sur un 55 pouces, nous plissions les yeux pour lire les phrases. Alors quoi ? Nous passons à autre chose et continuons notre voyage sans vouloir en savoir plus.
L’histoire est mal racontée, des défauts techniques sont présents, l’héroïne est vite oubliable et, malgré tout cela, vous vous surprendrez à vouloir continuer l’aventure jusqu’à son dénouement pour, au final, être déçu. La frustration vient aussi du fait que nous devons nous forcer les dix premières heures pour jouir d’un titre convenable et d’un gameplay électrique et bien pensé. Oui, Forspoken avait vraiment tout pour plaire, mais une fois le titre terminé, nul doute que ce dernier prendra la poussière quelque part sur une étagère.
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- En mode Qualité, les environnements sont plaisants à l’œil…
- Une prise en main bien pensée et éclectique…
- Le doublage japonais, au top…
- Un monde gigantesque à explorer…
- Une évolution du personnage simple et efficace
- De belles musiques s’accordant avec l’action à l’image
- De bonnes sensations avec la DualSense
- … mais en mode Performance, ce n’est pas la joie
- … au bout de 10 heures de jeu
- … mais le français manque d’énergie
- … mais vide de chez vide
- Frey a zéro charisme, trop vulgaire la demoiselle
- Les animations et la modélisation des personnages, au secours
- Répétitif à souhait
- Le texte minuscule, illisible !