Evil Dead: The Game : Boss Team Games et Saber Interactive accouchent d'un jeu multijoueur pas si groovy...
« Ceci n'est pas une baguette magique »
La franchise Evil Dead est culte auprès des amateurs de films d'horreur, avec en 1981 un premier film à petit budget réalisé par Sam Raimi, qui remit ça avec un remake/reboot six ans plus tard, sur un ton bien plus comique et encore plus gore. Deux films cultes qui ont eu droit à une suite très sympathique, Evil Dead : L'Armée des Ténèbres, à un reboot en 2013 (sans Sam Raimi) et même à une série TV sur Starz en 2015, Ash vs. Evil Dead. Autant dire qu'il y avait de nombreux fans qui attendaient Evil Dead: The Game, mais Boss Team Games et Saber Interactive n'arrivent pas à rendre hommage à la licence en proposant un bon gameplay...
Le gameplay du Survivant a du mal à être amusant.
Evil Dead: The Game est donc un jeu multijoueur au gameplay asymétrique, dans la lignée des Dead by Daylight ou Friday the 13th: The Game. Quatre joueurs incarnent des Survivants, opposés à un cinquième joueur contrôlant le Démon de Kandar et ses sbires. Comme l'explique un long et complet tutoriel, les premiers doivent trouver les pages du Nécromonicon, s'emparer d'une dague et de pages manquantes, bannir des créatures puis enfin protéger le Livre des Morts, tandis que le Démon doit tuer les Survivants ou détruire le Nécronomicon à la fin de la partie. Deux objectifs opposés, pour un gameplay bien différent à chaque fois.
Les parties se déroulent sur seulement deux cartes, qui ont au moins le mérite d'être grandes, avec des zones inspirées de la franchise (sauf du reboot, exclu du jeu). Une vaste zone ouverte qu'il faut explorer en équipe, à pied et même en voiture, pour accomplir les objectifs en tant que Survivant et surtout dénicher du loot, les personnages commençant la partie sans rien dans les poches. Et c'est un peu la course à celui qui trouvera les meilleures armes au corps-à-corps et à distance en début de match, les ressources ne sont pas nombreuses et il faut aussi gérer les munitions, les canettes de soda qui remettent des PV, les allumettes pour créer des zones de lumière et les amulettes qui offrent un petit bouclier. De rares coffres sont également présents, permettant d'avoir du loot plus ou moins rare et surtout des fioles pour améliorer les statistiques de son personnage le temps de la partie, ce qui devient vite nécessaire pour survivre face aux sbires du Démon de Kandar. Si vous avez de la chance de tomber avec des joueurs qui ont écouté pendant le tutoriel, la partie se passe relativement bien, mais si l'équipe se disperse, c'est la mort assurée, d'autant qu'une jauge de peur est présente, grimpant à toute vitesse lorsqu'un personnage est seul ou active des pièges, du pain béni pour le Démon de Kandar qui a juste à cueillir les Survivants un par un.
De manière générale, le gameplay du Survivant a du mal à être amusant, la faute à une certaine rigidité dans les contrôles, des bugs qui font sautiller les objets des coffres (empêchant de les saisir ou de voir leurs statistiques) et une caméra vraiment horrible dans les intérieurs. Restent les combats réellement jouissifs, surtout au corps-à-corps, avec des exécutions sanglantes dans le pur esprit de la franchise, même si l'ensemble est souvent assez brouillon, rendant l'action illisible. Le jeu d'équipe est important, avec des classes de personnages orientées vers l'action au contact, le tir à distance ou le soutien, sans oublier la présence d'une capacité spéciale en lien avec la classe du personnage. Même s'il est essentiel de jouer avec des amis en Survivants à Evil Dead: The Game, eh bien, les faibles différences entre les classes ne réussissent pas à varier le gameplay, les personnages trouvent les mêmes armes et ont les mêmes attaques. Autre point qui n'aide pas à rendre l'action lisible et les parties variées, c'est le recyclage des personnages. Oui, la franchise met en scène les mêmes héros et héroïnes depuis des années, mais se retrouver avec quatre Ash différents dans une maison, avec sa chemise bleue et son pantalon marron emblématiques plus ou moins modifiés, bon courage pour comprendre qui est qui et qui fait quoi.
« Je vais prendre ton âme »
Du côté du Démon de Kandar, c'est une autre paire de manches. Le joueur incarnant la créature échappée du Nécronomicon choisit en début de partie une classe entre le Nécromancien, le Marionnettiste et le Chef de Guerre, avec à chaque fois des attributs et monstres différents, même si dans l'absolu, pas grand-chose ne change, si ce n'est l'invocation du boss, évidemment issu des films.
Un bel hommage à la licence, les références sont nombreuses et appréciables.
Ici, le joueur doit récupérer des orbes d'énergie sur la carte pour faire grandir son pouvoir, monter des niveaux et débloquer des capacités comme posséder un sbire, une voiture ou un Survivant apeuré, ouvrir des portails pour invoquer des créatures, poser des pièges ou incarner un boss. Outre les possessions, l'action se passe ici à la première personne, avec une caméra rapide au ras du sol, marque de fabrique de Sam Raimi. C'est assez amusant au début, le clin d’œil est amusant, mais la caméra se montre vite capricieuse, avec des mouvements rapides qui demandent de s'y reprendre à deux fois pour se positionner correctement devant un piège pour l'activer. Et en intérieur (car oui, le Démon de Kandar ne s'arrête pas sur le palier), c'est encore pire, difficile de se déplacer sans crispation dans les maisons, mieux vaut ouvrir un portail à l'entrée et laisser faire les sbires. Là encore, malgré trois classes de personnages différents, le gameplay reste globalement le même, et s'il est rigolo de pourchasser les Survivants, de les attaquer en ouvrant des portails sous leur nez, de piéger des coffres avec la Main ou des Minis Ash ou même de terrifier les autres joueurs en leur fonçant dessus (déclenchant un screamer sur leurs écrans), après quelques parties, la sensation d'avoir déjà fait le tour du jeu est présente...
Pourtant, Evil Dead: The Game tente des choses pour varier les plaisirs, avec notamment un arbre de compétence propre à chaque personnage, Survivants ou Démons. À la fin de chaque partie, de l'expérience est débloquée, faisant monter le niveau du personnage et offrant donc la possibilité d'améliorer des compétences passives pour être plus résistant ou puissant, et quelques pouvoirs actifs s'obtiennent même après un paquet de niveaux gagnés. Malheureusement, cela ne fait toujours pas varier le gameplay, il manque de la profondeur aux capacités des personnages pour les rendre plus uniques au fil des niveaux. Nous retrouvons également des missions en solo, inspirées de scènes des films et de la série, très courtes, très plates et à la difficulté poussée, qui a de quoi agacer, surtout sans présence de points de contrôle. Un bel hommage à la licence, les références sont nombreuses et appréciables, mais c'est du pur remplissage sans réel intérêt. Et n'oublions pas non plus les divers soucis techniques... Nous avions déjà parlé des objets qui sautillent sur place, mais il faut aussi compter sur des parties en cours annulées à cause de problèmes de serveurs, l'impossibilité de réaffecter certaines touches du clavier (nous obligeant à jouer à la manette) ou encore la nécessité d'être connecté même pour jouer aux missions solos ou contre l'IA : pas bien pratique lorsque le jeu affirme que vous n'avez pas de connexion Internet, vous obligeant à le quitter puis relancer jusqu'à ce que le souci disparaisse sans explications. Heureusement qu'il y a du cross-play intégral pour trouver des parties en ligne rapidement.
Pour finir, parlons un peu des graphismes et du son. Evil Dead: The Game est plutôt joli, pour un jeu multijoueur. Nous sommes loin de la claque graphique, la modélisation des personnages est correcte, avec un soin apporté aux visages très reconnaissables tout de même. Notons aussi des textures globalement belles, avec de jolis effets de lumière et d'ombres, ce qui participe grandement à l'ambiance horrifique du jeu, qui sait parfois être réellement stressant par moment. Du côté de l'audio, nous retrouvons les musiques des films, qui restent discrètes, mais c'est pour mieux entendre les voix des personnages, et là, les développeurs ont eu la bonne idée de faire appel aux acteurs et actrices des films et de la série, dont Bruce Campbell incarnant les différentes versions d'Ash Williams, autant dire que vous allez l'entendre très souvent dans le jeu, mais sur ce point, personne ne va se plaindre.
Evil Dead: The Game nous aura déçu, autant qu'il nous aura frustré. Il est clair que Boss Team Games avait des idées pour son jeu multijoueur au gameplay asymétrique, qui s'inspire davantage de Friday the 13th: The Game que de Dead by Daylight. Mais voilà, même si les références à la franchise créée par Sam Raimi sont nombreuses et plutôt bien intégrées (avec l'accent mis sur l'horreur plutôt que sur l'humour), le gameplay est brouillon et beaucoup trop vite répétitif, donnant rapidement l'impression de tourner en rond et de refaire encore et encore les mêmes choses à chaque partie. Les différentes classes de personnages n'arrivent pas à faire varier les plaisirs, l'action est aussi chaotique que jouissive, et il faut absolument jouer avec des amis en tant que Survivant. Reste le Démon de Kandar, qui laisse un ressenti un peu plus positif, mais Evil Dead: The Game est typiquement le genre de jeu qui se laisse jouer le temps d'une brève soirée, une fois par mois, entre copains et copines, avant d'être remis de côté, et qui risque fort de finir dans les rayons de « chez Prixbas, où les prix sont bas ».
Vous pouvez retrouver Evil Dead: The Game à 39,99 € à la Fnac, chez Micromania, Cultura ou sur Amazon.
- Les nombreuses références à la franchise
- Les exécutions bien gores
- Les parties en Démon de Kandar, plutôt fun
- Le gameplay des Survivants, un vrai bazar
- Des personnages qui se ressemblent tous
- C'est vite trop répétitif
- Les missions solos, du remplissage
Clint008 Rédacteur - Testeur |