Control : Après Max Payne, Alan Wake et Quantum Break, les Suédois de Remedy sont de retour avec un jeu maîtrisé.
Jesse Faden, directrice malgré elle
Longtemps connu sous le nom de code P7, Control était un titre assez attendu par les joueurs, il faut dire que le CV de Remedy Entertainment est intéressant avec Max Payne, Alan Wake et Quantum Break. Control partage d'ailleurs pas mal de points communs avec le précédent jeu des développeurs finlandais, que ce soit le moteur graphique Northlight, le gameplay basé sur des pouvoirs et le scénario qui fait la part belle au fantastique. Une recette convaincante ?
Le scénario de Control est très rebutant au premier abord.
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Control se déroule à une époque indéterminée, mais sans doute proche de la nôtre, à New York. Jesse Faden est à la recherche de son frère Dylan, disparu 17 ans plus tôt après avoir trouvé un mystérieux objet, et arrive au Bureau Fédéral du Contrôle, un immense bâtiment qui abrite le Hiss, une entité surnaturelle qui vient de s'échapper et prend le contrôle de plusieurs membres du personnel. Désignée comme la nouvelle directrice du BFC pour une raison assez floue, elle doit donc d'abord aider les survivants avant d'avoir des réponses à ses questions.
Le scénario de Control est, il faut l'admettre, très rebutant au premier abord. Dans la première heure de jeu, nous sommes assaillis d'informations incomplètes, que ce soit concernant le Hiss, les Objets de Pouvoir qui viennent d'une autre réalité, de l'Arme de Service à la forme changeante ou du concierge à l'accent à couper au couteau. Et pourtant, au fur et à mesure que le joueur avance dans l'histoire principale, trouve des documents dans les bureaux, rencontre de nouveaux PNJ, tout cela trouve finalement du sens, avec un final parfaitement mis en scène au bout d'une dizaine d'heures de jeu, même si quelques points restent en suspens. Sans doute une volonté des développeurs de ne pas tout rationaliser, il s'agit quand même d'un monde surnaturel, d'objets défiants les lois de la science et de perception du temps altéré, qui laisse place à quelques interprétations personnelles pour le joueur. L'histoire de Control permet également de croiser plusieurs PNJ très bien écrits et de mieux connaître le personnage de Jesse au travers de ses monologues, celle-ci cohabitant avec une étrange voix dans sa tête, évidemment liée au Hiss. Là encore, le jeu pose plein de questions dans les premières heures de l'aventure, mais les réponses sont apportées petit à petit.
Un Bureau impossible et irréel
Ces lois scientifiques connues et bafouées sont également là pour nous proposer une direction artistique soignée, qui mélange plusieurs genres pour un résultat visuellement bluffant.
Une direction artistique soignée.
Si le Bureau fait directement écho aux bâtiments américains des années 60, que ce soit les longs couloirs, les bureaux vitrés ou même la tenue des employés, les Objets de Pouvoir et le Hiss déforment totalement la réalité, avec des structures impossibles aux formes cubiques et rectilignes. Parler de décors lovecraftiens indescriptibles serait évident, tant cela dénote totalement de notre réalité, mais il est clair que Remedy est allé puiser chez Maurits Cornelis Escher, mais surtout chez Gérard Trignac, pour créer des environnements impossibles qui arrivent à transporter le joueur d'un bureau traditionnel à un lieu totalement fantastique et irréel en quelques secondes.
La partie technique est à la hauteur des ambitions de Remedy, et si Control n'est pas une vraie claque graphique en soit, le jeu propose quand même des visages très détaillés (Remedy aime également briser la frontière entre 3D et prises de vues réelles, comme à son habitude) ainsi que de nombreux effets de fumée, d'éclairage et de particules qui chatoient la rétine du joueur tout au long de l'aventure. Il faut cependant compter sur des éclairages parfois problématiques, empêchant de bien voir certains environnements, mais les développeurs promettent de corriger cela d'ici le lancement avec un patch. Le titre est également une vitrine technologie pour le RTX (Real-Time Ray-Tracing) de NVIDIA, avec des reflets sur les nombreuses vitres et les sols du Bureau. Alors évidemment, cela ne change rien à la qualité du jeu, mais il faut avouer qu'en activant le RTX dans les options, le titre est plus réaliste, et Remedy a sans doute pensé quelques décors de Control pour se faire plaisir avec cette technologie.
Malheureusement, les voix françaises ne sont pas à la hauteur du reste, avec des doublages souvent ratés, pas vraiment dans le ton, même pour Jesse, l'héroïne de Control. Mais le pire reste quand même la voix de Dylan, car si le personnage est plein de charisme, mystérieux et parfois inquiétant, eh bien, sa voix ne colle pas du tout... Tout cela est contre-balancé par un sound design excellent, avec de nombreux effets sonores qui plongent le joueur dans une ambiance surréelle, même effrayante de temps en temps, que ce soit les armes ou les anomalies liées au Hiss, tout est là pour mettre en immersion le joueur. Mention spéciale à la scène du labyrinthe avec la musique intradiégétique qui donne lieu à une séquence intense et totalement folle !
« Tout pouvoir sans contrôle rend fou. »
Tout comme la plupart des jeux de Remedy, Control est un titre qui se joue à la troisième personne, avec un gameplay orienté vers le tir et l'utilisation de pouvoirs télékinétiques... mais pas au début de l'aventure.
Un jeu de tir et d'action nerveux, qui demande de varier les armes et les pouvoirs.
Non, les quelques premières heures, le joueur n'a accès qu'à la forme de base de l'Arme de Service, un pistolet très classique, et aucun pouvoir. En résultent des gunfights assez lourds et pas vraiment passionnants, chose qui change par la suite. Le joueur débloque en effet d'autres formes de l'Arme de Service, permettant de la transformer en mitraillette, fusil à pompe ou même de précision, mais également des pouvoirs pour voler, propulser des objets sur les ennemis ou encore esquiver rapidement les tirs adverses. Et là, le gameplay de Control n'a plus rien à voir, nous avons là un jeu de tir et d'action nerveux, qui demande de varier les armes et les pouvoirs pour battre des ennemis de plus en plus nombreux et résistants, même si le bestiaire a beaucoup de mal à évoluer au fil de l'aventure, avec principalement des membres du Bureau possédés par le Hiss, mais de mieux en mieux équipés (blindage, arme lourde, etc.). Jesse peut de son côté améliorer ses armes grâce à des mods et ses compétences télékinétiques avec des fragments récupérés sur les ennemis vaincus.
Control permet également d'explorer le Bureau Fédéral du Contrôle, avec un level design façon Metroidvania. Même si elle est directrice, Jesse n'a pas accès à tous les lieux dès le début du jeu, il faut donc avancer dans l'histoire pour débloquer des passes, qui permettent alors d'ouvrir des portes jusqu'ici fermées. Le joueur doit donc effectuer plusieurs allers-retours dans le Bureau, mais fort heureusement, des points de contrôle sont là pour faciliter l'exploration et éviter de repasser d'innombrables fois dans les mêmes couloirs. Car outre la quête principale, qui se plie en une dizaine d'heures, il est également possible d'effectuer plusieurs quêtes secondaires, permettant d'en apprendre un peu plus sur le Bureau et le Hiss, mais surtout de débloquer des fragments et mods pour améliorer son équipement. Comme si cela ne suffisait pas, des quêtes temporaires générées aléatoirement sont là pour davantage rallonger la durée de vie, même si l'objectif est souvent de se rendre dans une zone pour éliminer des ennemis spécifiques avant la fin du temps imparti.
Un jeu totalement contrôlé
Control a de quoi rebuter la première heure de jeu, avec un scénario très flou et un gameplay qui manque d'originalité, mais le titre de Remedy sait montrer tout son potentiel au fil de l'aventure, faisant de lui bien plus qu'un énième jeu de tir avec de jolis graphismes.
Que ce soit le gameplay avec les pouvoirs jouissifs, le scénario mystérieux, les personnages intéressants et la direction artistique soignée et originale, Control se révèle être finalement un excellent titre avec un vrai charme et une durée de vie plutôt conséquente pour un jeu de ce genre. Explorer le Bureau en volant et en éjectant les ennemis au loin est particulièrement jouissif, de même que découvrir des décors défiant les lois de la logique.
Note : test réalisé sur un PC Gamer Cybertek Level 9 équipé d'une RTX 2080 Ti, d'un i9-9900K et de 32 Go de RAM.
- Une direction artistique vertigineuse
- Un gameplay jouissif avec les pouvoirs télékinétiques
- L'histoire et les personnages bien écrits
- Une bonne durée de vie
- Expérience de jeu très banale au début
- La VF aux fraises
- Quelques soucis d'éclairage