Battlefield 2042 : Le retour du soldat DICE s’annonçait prometteur et c’est effectivement l’un de ses meilleurs come-back.
Une nouvelle expérience
Nous mangeons chaque année un bon plat de Call of Duty réchauffé au micro-ondes, mais pour ce qui est de Battlefield, DICE nous fait humer ses saveurs à de plus rares occasions. De quoi provoquer une boulimie d’envie pour des épisodes qui reviennent systématiquement avec la promesse d’être plus spectaculaires et plus innovants que leur prédécesseur. Ce n’est pas toujours allé dans ce sens ces dernières années, mais Battlefield 2042 pourrait bien changer la donne. Peut-être pas à tous les niveaux, mais au moins pour la qualité et la quantité de son contenu qui parait assez incroyable.
Battlefield 2042 a pris des risques qui se sont avérés payants pour renouveler une expérience qui ne manquait déjà pas de qualités.
Le décor est planté et il semble déjà idyllique. Pourtant, il y aura forcément des mécontents, ne serait-ce que pour ce qui manque encore à une formule qui est pourtant gonflée à bloc. En l’occurrence, Battlefield 2042 a décidé de faire l’impasse sur tout ce qui touche au solo. Pas de campagne ou d’autres modes qui vous pourriez partager uniquement avec votre canapé. C’est un sacré parti-pris, bien qu’au bout du compte, de tels ajouts nous semblent superflus vu la direction que prend la série. C’est même un brin artificiel dès qu’il s’agit de scénariser la question que personne n’a sur les lèvres : « pourquoi qu’on fait la bagarre ? » À question stupide, réponse stupide. DICE nous bombarde une histoire téléphonée de monde au bord du gouffre. Coincé entre une crise écologique hors de contrôle et un effondrement géopolitique global. Dans le monde de Battlefield 2042, 90 % de la population mondiale est devenue apatride. Et pour une raison qui nous échappe encore, ces gueux du futur ont décidé prendre les armes pour servir les deux grandes puissances encore debout, les États-Unis et la Russie. Un soupir de soulagement nous parait de rigueur parce que nous sommes clairement passés à côté du nanar du siècle, aussi banal à jouer qu’à regarder. Il reste alors de cette pépite d’originalité qu’un contexte assez vague justifiant les grandes batailles qui nous attendent et qui se décomposent ce coup-ci en trois modes distincts.
Si vous avez un tant soit peu suivi les annonces autour de Battlefield 2042, vous devez déjà savoir de quoi nous parlons. La première expérience qui a été dévoilée en grande pompe était l’inévitable All-Out Warfare. Ce nom de bonhomme en dit déjà long sur le contenu tout en subtilité qui vous attend. Ce n’est rien de moins que l’épine dorsale de ce nouveau Battlefield, puisqu’il contient les incontournables modes Conquête et Percée. Que dire de plus ? DICE assure le coup avec ce qui est de loin le plus attendu par les joueurs. Sans surprise, le studio maîtrise son sujet. L’intérêt de ces modes demeure intact, préservé par des maps gigantesques qui font la part belle à la stratégie et à l’utilisation de véhicules, donnant une dimension dantesque aux affrontements. C’est une question de tradition et, à ce titre, la nouvelle mouture ne change rien. Nous ne pouvons même pas dire que son attrait soit lié à l’augmentation du nombre de joueurs sur Xbox Series, PS5 et PC, argument pourtant martelé par DICE. Bien sûr, il y a plus d’activités sur la carte, mais pas vraiment de concentration comme certains aimeraient voir. Désolé de vous décevoir, mais les développeurs semblent avoir joué la carte du marketing sur ce coup. En tout cas, ça ne change rien à notre façon d’aborder les matchs. Ce qui est vrai en revanche, c’est que la catégorie All-Out Warfare porte, comme ses prédécesseurs, le jeu à bout de bras.
Un mode « hazardeux » ?
Pour le reste, nous saluons bien bas la démarche des développeurs. Battlefield 2042 a décidé d’innover avec le mode Hazard Zone et son éditeur de niveau baptisé Portal. Il nous semble que pour cette simple raison, le jeu mérite notre respect. Un énième Battlefield classique aurait pu contenter tout le monde, ça marche très bien avec Call of Duty après tout, mais DICE a préféré évoluer pour aller chercher des nouveautés tout à la fois nécessaires et audacieuses. Hazard Zone illustre bien cette nouvelle politique, puisque nous nous retrouvons avec un concept piqué à des jeux comme Hunt: Showdown, Escape from Tarkov ou The Cycle. Une sorte de PvPvE où 8 équipes de 4 joueurs (6 équipes sur PS4 et Xbox One) doivent retrouver des données larguées un peu n’importe où sur la carte. Pour gagner, il ne faut pas forcément terminer dernier comme dans un Battle Royale, mais « simplement » s’extirper vivant avec les précieux sésames que vous avez récoltés dans un des deux seuls transports qui viennent vous chercher. Il y a plein de choses à dire sur ce mode, à commencer que c’est généralement quitte ou double. Survivre à quatre dans un monde totalement hostile où vous n’avez qu’une seule vie vous demande un effort de groupe et une bonne synergie. Autrement dit, vous n’irez jamais bien loin en vous acoquinant avec d’illustres inconnus.
Les possibilités semblent infinies.
Hazard Zone se montre alors sous son pire jour : en solo, c’est un mode frustrant où il est désolant de voir ses coéquipiers partir dans tous les sens, jamais le même sinon ce n’est pas drôle, pour finalement se faire tirer comme un pigeon hors de portée d’un bisou magique qui permettrait de les ressusciter. Heureusement, pour pallier cette dissidence, DICE a généreusement disséminé des bonus à collecter un peu partout sur la carte. Des cadeaux qui servent à appeler des véhicules ou des alliés robotisés, mais surtout... à faire revivre les copains. À notre humble avis, l’option manque clairement d’équilibrage, puisque c’est toute l’escouade qui tombe du ciel comme par magie en activant ces objets qui sont loin d’être rares. Renverser la vapeur et revenir dans la partie est très cool, mais Hazard Zone peut parfois perdre tout enjeu quand chaque équipe revient à la vie dans un concours de saut en parachute. En dehors de ça, le concept est très bon. Il faut dire qu’il a fait ses preuves par le passé et qu’avec trois personnes de bonne volonté, il est possible de faire des miracles assez gratifiants.
Nous pensons forcément à ces phases d’extraction très complexes où chaque équipe attend la dernière seconde pour sortir de son trou et mitrailler les casse-cous qui tenteraient de s’enfuir avec le butin. C’est pour ce genre de moments plein d’adrénaline qu’Hazard Zone est une réussite. Ça et la stratégie dont vous devrez faire preuve pour vous en sortir. Il faut bien accorder vos Spécialistes (nous y reviendrons plus tard) étant donné que vous ne pouvez pas choisir de doublon parmi les 10 qui seront disponibles au lancement. Il faut également accorder votre équipement pour être efficace en toute circonstance. Plus que dans les modes classiques, ce choix est crucial vu que vous achetez votre barda avec une monnaie in-game que vous gagnez justement en tuant des ennemis et en ramenant des données. Un système qui mériterait sans doute d’être revu lui aussi, car les joueurs/équipes les plus efficaces peuvent se payer plus facilement les meilleures armes et accessoires. Ceux qui enchaînent les extractions réussies peuvent également débloquer plus d’atouts tactiques. Bonus qui peuvent accorder plus de points, une résurrection d’équipe gratuite, des munitions et d’autres avantages légers. Pas de panique, les sous grimpent assez vite et le mode reste assez jouable et agréable, même si vous enchaînez les morts. Un petit patch à l’occasion ne serait toutefois pas de refus.
Nous avons parlé des plus gros modes de ce Battlefield 2042 mais au final le plus grand potentiel réside dans le mode Portal dont nous vous avions déjà parlé lors de notre preview. Un éditeur de niveau dans un FPS, c’est tout bonnement une idée brillante. Pour savoir si nous avons là l’outil ultime ou un pétard mouillé il va falloir attendre de voir l’accueil fait par la communauté. Nous ne voyons vraiment pas pourquoi les créateurs amateurs bouderaient un tel mode. DICE et Ripple Effect ont trouvé l’équilibre parfait pour le rendre attractif. Ceux qui veulent découvrir des nouveaux styles de jeu originaux n’ont qu’à se pencher pour les essayer. Pour les autres, ils devront manipuler un éditeur aussi intuitif que complet. Créer son mode prend montre en main une dizaine de minute, un peu (beaucoup) plus si vous vous attaquez au créateur de règles qui est la grosse spécificité de Portal. La chose est un peu complexe pour les novices mais elle permet de créer des variables qui transforment réellement l’expérience de jeu. Lors d’un événement review qui a eu lieu le 10 novembre, DICE nous a laissé voir ce que cela pouvait donner. Le résultat : un match en mêlée générale où chaque joueur ne pouvait se battre qu’avec un lance-roquette dotée d’une seule munition. Une solution pour recharger, sauter ! Sans aller jusque-là, il est possible de modifier très simplement un paquet de paramètres dont le nombre de joueurs par équipe, les dégâts infligés ou encore les armes et les véhicules disponibles. Les possibilités semblent infinies. Elles le sont encore plus grâce au contenu de Battlefield 1942, Battlefield Bad Company 2 et Battlefield 3 que DICE met à notre disposition. Mixer les soldats et les armes des différentes générations est tout à fait possible, et même recommandé. A noter que tout le gameplay des précédents opus nous revient brut de décoffrage. Il n’est par exemple pas possible de faire une glissade avec les fantassins des ères précédentes, pas plus qu’il n’est possible d’ajouter des accessoires à vos armes directement sur le terrain (une des nouveautés bien pratique de Battlefield 2042 au passage).
Vraiment spécial ?
Et puisque nous parlons de gameplay, là aussi il y a des choses à dire. Battlefield 2042 joue ce coup-ci l’évolution en douceur avec quelques fonctionnalités de confort. Pendant que vous changez votre viseur ou votre canon, vous pouvez aussi vous faire livrer tranquille votre véhicule. Un largage qui change complètement la vie, mettant fin à des années de marche à pied forcée pour aller récupérer votre joujou. Du reste, les modifications sont plus... discutables. En tête de liste des sujets clivants se trouvent les fameux Spécialistes, l’équivalent du système de classe habituel. Nous pouvons leur reprocher un manque cruel de charisme, la faute à un character design banal au possible, mais aussi et surtout une trop grosse polyvalence qui va à l’encontre de la philosophie teamplay de la série. En dépit de leur nom, les Spécialistes ont accès à toutes les armes et surtout tous les accessoires. Cette simplification, ou régression pour les plus zélés, n’est pas une fatalité. Le jeu en équipe est toujours dominant dans Battlefield 2042. Le principe d’escouade n’a pas changé et il est toujours plus pertinent de prendre de l’équipement que vos coéquipiers n’ont pas pour servir l’effort de guerre. Pas de problème en jouant en équipe finalement.
En solo, c’est un plus grand souci, puisque vous ne connaissez pas l’attirail des autres joueurs. Le voilà finalement le vrai point noir de ce système, en espérant que tout ça soit patché au plus vite. Et puis cette idée de game design est la porte ouverte à la « Call of Dutysation » du dernier opus. Une dérive qui voit les matchs publics devenir une foire aux kills où chaque protagoniste pourrait presque s’en sortir tout seul. Mais même en voyant le verre à moitié vide, le système de Spécialistes n’en reste pas moins pertinent grâce à leurs accessoires et capacités uniques. Falck avec son pistolet-seringue qui rend de la vie, Dozer et son bouclier balistique parfait pour lancer un assaut, Angel en support pour redonner munitions et armures... Ce ne sont là que quelques exemples, mais il y a déjà de quoi faire favoriser le jeu en équipe que les fans de la série aiment tant. Et en ça, il est bien difficile de ne pas voir Battlefield 2042 comme un bon successeur.
Avec tout cela, nous n’avons même pas eu le temps d’évoquer le visuel somptueux de ce nouvel opus, ni même les conditions météorologiques qui viennent régulièrement perturber vos parties. En même temps, il y avait énormément de choses à raconter sur le contenu délirant de Battlefield 2042. Une générosité qui le place dans nos bonnes grâces et qui n’est ternie que par un équilibrage parfois bancal dans Hazard Zone et un manque de visibilité sur le système de classe qui peut ne pas plaire. En ce qui nous concerne, Battlefield 2042 a pris des risques qui se sont avérés payants pour renouveler une expérience qui ne manquait déjà pas de qualités.
Lire aussi : BON PLAN sur Battlefield 2042 : où le trouver pas cher (#NePayezPasVosJeuxPleinPot)
- L’expérience classique de Battlefield fait toujours le café
- Hazard Zone et ses retournements de situation grisants...
- Les possibilités quasi infinies du mode Portal
- Retrouver des éléments d’anciens Battlefield
- Gameplay toujours aussi stratégique et immersif...
- Un joli bébé
- Scénario à deux francs
- ... mais aussi très frustrant en solo
- Équilibrage pas toujours au top
- Impossible de voir l’équipement des autres joueurs pour s’adapter au jeu d’équipe
- ... qui incite toutefois à jouer davantage l’indépendance
- Des bugs