TEST de Astral Chain : une excellente fusion des genres, un déchaînement d'action dans nos Switch
par Alexandre S.Astral Chain : PlatinumGames nous sert un nouveau grand cru, à savourer sans modération.
Per Aspera Ad Arcam
Il est venu, nous l'avons longuement vu et il nous a convaincus ! Oui, nous parlons bien d'Astral Chain et ses Légions. La nouvelle production explosive de PlatinumGames à destination de la Switch est passée entre nos mains et nous l'avons vraiment adorée. Nous le devons en premier lieu au directeur du jeu Takahisa Taura et son équipe, ce qui n'a rien d'une coïncidence. En effet, il avait occupé le poste de Senior Game Designer sur l'excellent NieR: Automata, et a véritablement marqué de son empreinte cette nouvelle production. L'autre nom à retenir, c'est celui du character designer Masakazu Katsura, le mangaka derrière Zetman, qui donne en grande partie son identité visuelle à l'œuvre.
L'excitation grimpe, l'adrénaline coule à flots, notre cœur s'emballe.
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Le cadre de l'action se révèle être un futur dystopique servant de socle fertile pour s'aventurer sur les terres du cyberpunk, un genre particulièrement tendance actuellement, qui est ici traité avec justesse. Ce qu'il reste de l'humanité vit désormais à bord de l'Arche, une île artificielle sous le contrôle du gouvernement mondial de l'Union, suite à l'ouverture de portails vers le monde astral en 2043 sur l'ensemble de la planète. La matière s'en dégageant cause en effet la rubéfaction de tout ce avec quoi elle rentre en contact, soit une infection ravageuse corrompant l'environnement et transformant les êtres touchés en Aberrations. Pire encore, de puissantes créatures nommées Chimères proviennent de ce plan et sont invisibles à la vision humaine. C'est dans ce contexte quasi apocalyptique qu'a fini par être créée une force d'intervention spéciale pour protéger les citoyens de l'Arche, Neuron. Se servant de technologies acquises par l'étude de cette autre dimension, ses membres combattent ainsi le mal avec ses propres armes, les Légions, qui ne sont rien de plus que des Chimères enchaînées.
Nous incarnons une jeune recrue de la police aux côtés de son frère (ou sa sœur selon notre choix initial) Akira, en l'an 2078, qui vont ainsi intégrer ce corps d'élite par la force des évènements. Petite subtilité, notre avatar est muet, un choix voulu n'entravant pas réellement la narration, mais qui retire un certain impact lors des dialogues. Dans tous les cas, les bases sont rapidement posées pour totalement nous immerger dans cet univers fictif, et ce dès l'introduction consistant en une séquence à moto façon shoot'em up. Les premiers Fichiers, nom donné aux grands actes du jeu et ayant chacun une thématique en sous-texte, posent doucement les fondations d'une intrigue assez classique sur le fond pour tout fan d'animation japonaise (certains aspects nous ont même rappelé Psycho-Pass), qui se complexifie avec le temps. Ils nous familiarisent également avec le personnel de Neuron, assez stéréotypé, mais comportant quelques figures attachantes. Pour bien en profiter, rien ne vaut le doublage nippon, bien plus en adéquation avec la direction artistique globale, sans pour autant que l'anglais ne soit mauvais, rassurez-vous. Changer pour la langue de Mishima n'est toutefois possible qu'une fois le prologue achevé et il faut passer outre la synchronisation labiale assez douteuse.
Même si certaines avancées de la trame se voient de loin, l'ensemble est bien ficelé avec son lot de révélations, retournements de situations et enjeux dépassant de loin une apparente dualité. Tous les ingrédients pour nous intéresser sur la durée sont ainsi réunis et bien dosés, avec un rythme augmentant crescendo au fil des heures. À mesure que nous progressons, l'excitation grimpe, l'adrénaline coule à flots, notre cœur s'emballe, surtout sur la fin à l'exception près du plus tranquille Fichier 8, dont le titre explique à lui seul cette rupture de tempo. C'est simple, nous n'avions pas ressenti ce genre de sensations manette en mains depuis le grand final de NieR: Automata.
Enquête de proximité
Outre le QG de Neuron, la progression d'Astral Chain se fait par l'intermédiaire de différents environnements à explorer, regorgeant d'objectifs annexes à réaliser en supplément de chaque enquête. Certains forment même de mini arcs sur la longueur (petite mention à Carlos et sa manière de s'exprimer). En bon agent des forces de l'ordre, nous devons récolter de précieux indices sur le terrain sous forme de mots-clés (pas tous utiles) avant une phase de discussion avec l'un de nos alliés pour faire avancer l'intrigue. Pas de difficulté de ce côté, surtout que se tromper ne mène pas à l'échec. L'intérêt y est surtout narratif et nous nous prêtons volontiers au jeu, ces passages servant à tempérer la situation avant les phases orientées action et à nous immerger dans notre rôle.
Le gameplay est des plus variés.
Nous devons ainsi interroger les témoins ou analyser les alentours à l'aide de notre système IRIS. Ce dernier dévoile les informations personnelles des PNJ à mesure que notre rang d'officier augmente et met surtout en surbrillance les éléments importants du décor, ainsi que la matière rouge à faire nettoyer par nos Légions. Oui, ces entités invisibles du peuple et que nous invoquons à la manière d'un stand de JoJo's Bizarre Adventure sont de véritables couteaux suisses et la grande force du jeu à travers leur gameplay. Espionner une conversion, ligoter un délinquant, creuser pour déterrer des objets ou encore soigner un passant atteint de rubéfaction en le bleuissant sont autant d'actions qu'elles peuvent réaliser, chacune ayant sa spécialité. Quelques phases de filature basiques et même de l'infiltration sont aussi au programme pour varier les plaisirs.
Certains à-côtés se répètent à chaque Fichier, comme trouver un chat et des W.-C. (oui, vous avez bien lu), ou encore éliminer un ennemi spécial. Des collectibles plutôt bien intégrés et au sérieux tout relatif, surtout là pour détendre l'ambiance et remplir au passage quelques défis, l'occasion de gagner des objets, voire des éléments de personnalisation pour notre personnage ou des couleurs à appliquer à nos Légions. Dans le même ordre d'idée, le « mini-jeu » de tir sur cible avec la Légion Arc ou celui des ballons avec Lappy ont su nous amuser. C'est un peu moins le cas avec un casse-tête du Fichier 8 sur le déblayage routier. En revanche, non, ce n'était pas une bonne idée d'imposer des contrôles gyroscopiques en nous faisant porter des piles de caisses à ne pas faire tomber...
Astral Chain nous entraîne également dans le plan astral à de très nombreuses reprises, et quand ce n'est pas juste pour combattre, cet univers psychédélique à l'architecture cubique se permet même de proposer des séquences de plateforme. Son level design sait se renouveler, demandant de nous creuser la tête pour progresser et d'utiliser les compétences de nos Légions, dont l'indispensable saut de chaîne pour franchir les gouffres. Le coup de main n'est pas évident à prendre au départ, mais tout finit par rentrer sans trop de souci. Il est tout de même à noter que les rares passages de plateforme requérant la Légion Bête sont très imprécis, en cause la grande vitesse de cette dernière. Vous l'aurez compris, le gameplay est des plus variés, et nous n'avons pas encore évoqué le cœur du jeu, les combats.
L'Union fait la force
Les affrontements d'Astral Chain portent eux la marque de PlatinumGames, c'est indéniable, et démontrent s'il le fallait encore que le studio est passé maître dans ce domaine. En résultent des joutes sous tension où le flux de l'action ne nous laisse aucun répit. Si de prime abord, il n'est pas forcément aisé d'appréhender l'utilisation des Légions en combat, une fois que nous avons pris nos petites habitudes, les combos pleuvent et les Chimères pleurent. Les commandes sont nombreuses, utilisant l'ensemble des touches à disposition, et il peut arriver de se tromper dans le feu de l'action si nous perdons notre concentration.
Des joutes sous tension où le flux de l'action ne nous laisse aucun répit.
Côté avatar, notre Matraque-X dispose de trois modes distincts (matraque pour la rapidité, pistolet à distance et glaive pour la force brute), chacun ayant son utilité selon le type d'adversaire, et il est possible de l'améliorer au fil du jeu moyennant des crédits et codes matériels, en plus de notre Légatus (temps du Limiteur et tout ce qui concerne les batteries DAE correspondant au nombre de vies). La touche d'esquive se fait marteler bien souvent, tandis que l'IRIS permet de débusquer certains ennemis et surtout voir leur barre de vie. Des objets de soin sont également assignés à une touche avec un menu en forme de roue ralentissant le temps, bien utile en pleine action. La Légion fait sa vie sur le terrain une fois invoquée, attaquant seule, mais pouvant également être déplacée manuellement. Il faut toutefois garder l'œil sur le Limiteur, car elle ne reste pas indéfiniment, un temps de recharge s'impose. Quant à la chaîne nous reliant à elle, ce n'est pas juste pour faire joli, diverses applications en combat étant possibles (renvoyer un ennemi, faire passer un courant sur sa longueur, etc.). Après un certain nombre de coups donnés à la suite, une attaque synchronisée peut être lancée (une lueur bleue apparaît à l'écran), demandant un bon sens du timing qui vient naturellement avec le temps. Enfin, en achevant un ennemi sur le point de mourir, l'entièreté de notre jauge de PV se régénère, un instant crucial à guetter. Clairement, les options ne manquent pas pour donner vie à de furieux combats.
Des tutoriels sont disponibles au QG pour apprendre les bases et, dans le pire des cas, un mode de combat automatique est là pour se concentrer sur le scénario, même si à notre sens cela retire alors tout l'intérêt et le charme du jeu. Au total, nous obtenons cinq Légions au cours de l'aventure, interchangeables d'une simple pression sur Y, toutes disposant d'un arbre de compétences à améliorer pour les faire passer de la classe C-1 à CX en dépensant des codes ADN. Divers Talents attribuables à X et Y en association avec une gâchette, ainsi qu'une multitude d'aptitudes passives à équiper, permettent véritablement de former une équipe répondant à nos attentes et notre manière de jouer. Et comme personne n'est à l'abri de la corruption, une petite maintenance de nos alliés est recommandée lorsque l'occasion se présente afin de l'éliminer via une fonction évoquant la Poké Récré et ses dérivés des récents jeux Pokémon.
Là où Astral Chain fait aussi très fort, c'est en nous proposant un bestiaire vraiment riche, à la direction artistique léchée et fort bien recherchée. Les Chimères ont pour source d'inspiration commune les créatures et entités de la mythologie grecque, avec quelques références culturelles japonaises ajoutées au mix, sans compter quelques surprises côté ennemis qu'il est appréciable de découvrir en jeu. Les plus importants boss de l'histoire offrent eux un challenge bienvenu et tombent dans la démesure visuelle pour notre plus grand plaisir, celui de fin étant particulièrement ardu, mais loin d'être insurmontable ! Pour accompagner ces joutes endiablées, la bande-son se met au diapason avec des mélanges de sonorités orchestrales et de rock / metal, quand les moments plus calmes s'orientent davantage vers de l'electro comme au QG. Nos oreilles en redemandent et cela participe grandement au plaisir ressenti.
Lappy End
Comptez au bas mot une vingtaine d'heures pour voir le bout de l'intrigue, pouvant aisément monter à plus de trente en essayant de réaliser la majorité des missions annexes accessibles en chemin comme dans notre cas. Et ce n'est pas tout ! Avec son système de notation selon nos performances (sauf en Facile), la possibilité de rejouer chaque chapitre, la présence de multiples défis (185 au total), ainsi que la difficulté Pt extrême se débloquant après chaque Fichier achevé en Pt normal, la rejouabilité est bien présente pour quiconque voudra achever la bête à 100 %.
Astral Chain fusionne avec brio les styles de jeu.
Évoquons rapidement le mode de jeu coopératif, qui permet en toute situation à deux joueurs de s'amuser ensemble à l'aide des Joy-Con placés horizontalement. Les nombreuses commandes sont ainsi tout bonnement réparties sur chaque manette, afin de contrôler respectivement l'avatar et les Légions. C'est un véritable coup à prendre, surtout après des heures passées à maîtriser ces deux identités à l'unisson, et il est plus que nécessaire de bien communiquer avec son partenaire lors des affrontements. Malheureusement, les Légions attaquent toujours automatiquement, de quoi légèrement frustrer celui qui s'en charge, bien qu'il puisse esquiver et se déplacer. En plus de ça, la petitesse des Joy-Con ne facilite en rien la prise en main dans ce cas. L'effort est tout de même à saluer pour un jeu de cet acabit.
Pour terminer, un mot sur la partie technique, qui est solide dans l'ensemble, ce que ne démontrent pas forcément les screenshots pris avec la console de par la profusion d'effets en tout genre et une perte visible de qualité, même s'il est vrai qu'un léger aliasing est perceptible. Que ce soit en mode Portable ou TV, la fluidité est au rendez-vous et les graphismes flattent la rétine pour une production tournant sur Switch, de quoi passer un bon moment, peu importe où nous jouons. La caméra fait toutefois un peu des siennes parfois, n'aidant pas à la lisibilité de l'action, mais rien de trop grave non plus lorsque cela arrive.
Astral Chain est à nos yeux un jeu indispensable à toute bonne ludothèque Switch. PlatinumGames enchaîne avec un nouveau succès, ce qui est d'autant plus plaisant pour une licence inédite qui avait tout à prouver. De son gameplay d'action intensif et prenant, à ses phases d'exploration plus posées, mais tout aussi intéressantes, en passant par un peu de la plateforme bien pensée, bien que parfois un poil imprécise, Astral Chain fusionne avec brio les styles de jeu pour tenir le joueur en haleine sur la durée, bien aidé par sa bande-son énergique qui nous a fait vibrer. Son scénario, assez classique sur le fond, est terriblement prenant et révèle un univers que nous aimerions voir grandir et explorer plus en détail. Clairement, tout est là pour proposer une suite encore plus dingue. Nous applaudissons et en redemandons. En attendant, notre Légionis aura fort à faire pour viser la perfection du S+ !
- Un scénario épique tenant en haleine jusqu'au bout
- Une bonne durée de vie avec une forte replay value
- Une plongée dans un véritable anime vidéoludique
- Le système de Légion
- La variété du gameplay
- Des affrontements ultra-dynamiques et jouissifs
- Une bande-son qui envoie du lourd
- La présence d'un mode coopératif qui fonctionne...
- Les angles de caméra par moments capricieux
- Notre avatar muet comme une tombe
- La mauvaise synchronisation labiale
- Certaines phases de plateforme imprécises
- ... mais n'est pas des plus ergonomiques