TEST Another Fisherman's Tale : la suite de l'incontournable jeu d'aventure et de réflexion en VR est-elle au niveau ?
par Eric de BrocartAvec A Fisherman's Tales, Innerspace VR avait réussi un coup de force en alliant un conte plein de poésie et des casse-têtes fort bien pensés. Voici notre avis sur la suite...
C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend la marionnette !
Another Fisherman's Tale a la dure tâche de succéder à un premier opus, A Fisherman's Tale, qui a apporté à la VR une véritable aventure poétique où la narration, les mécaniques de gameplay et les puzzles étaient vraiment originaux. Le studio français InnerspaceVR a donc repris la plume pour écrire une nouvelle histoire bien ficelée essayant de garder l'esprit du jeu initial tout en lui apportant de nouveaux environnements et de nouveaux passages mettant nos neurones à dure épreuve. Pari réussi ou pas ?
Rares sont les suites qui égalent ou surpassent l'opus original, mais avec Another Fisherman's Tale, InnerspaceVR a réussi l'exercice avec brio.
Si, idéalement, il vaut mieux avoir déjà fait le premier épisode pour apprécier totalement celui-ci, ce n'est pas indispensable. Du côté de l'histoire, sans divulgâcher, la mer et le bateau du vieux marin sont toujours au cœur de l'intrigue avec une histoire toujours aussi poétique, mais bien plus longue (nous avons mis près de cinq heures pour arriver au bout). L'aire de jeu est bien plus grande et chaque chapitre apporte du neuf dans les lieux et surtout de nouvelles problématiques à résoudre. Nous alternons entre l'incarnation de la fille du héros et la marionnette de ce dernier. C'est en rangeant la cave qu'elle se remémore les différents passages des histoires que lui racontait son père et ce sont ces dernières que nous allons vivre au cours des différents chapitres. S'il y a des jeux dont le scénario n'est que prétexte, la narration, la voix off et les dialogues sont ici tous excellents. Cesont même le cœur de cette aventure qui oscille entre quête de vérité et nostalgie. À noter, InnerspaceVR propose ici un habillage en français total, y compris dans les voix, ce qui est fort appréciable. Les comédiens de doublage qui ont prêté leur voix ont d'ailleurs vraiment assuré l'habillage vocal, tandis que le musical est tout aussi au niveau avec quelques chansons surprenantes, mais nous vous laissons les découvrir seuls. D'autres studios français, ne proposant souvent que des sous-titres dans notre langue, devraient prendre exemple. L'aventure, découpée en plusieurs chapitres et autant d'intermèdes en incluant l'introduction, fait traverser divers univers extérieurs comme intérieurs qui sont tous très réussis. Visuellement, Another Fisherman's Tale reste qualitativement fidèle à son prédécesseur et offre des graphismes colorés très cartoon. C'est propre, c'est fluide et la direction artistique a clairement un style qui a du cachet.
Un gameplay original à en perdre la tête !
Pour en venir au cœur du jeu, le gameplay, il faut bien reconnaître que le studio a réussi un coup de maître en offrant du neuf à tous les étages. Cette fois, Bob, la marionnette de notre héros, est en kit et sa tête et ses membres peuvent être utilisés séparément du corps. Cette idée un peu folle permet d'offrir des mécaniques de jeu particulièrement originales. Par exemple, au bout des bras de Bob, il peut y avoir une main, un crochet de pirate ou encore une pince de crabe afin de pouvoir interagir en fonction des circonstances. Ces trois « accessoires » peuvent aussi être projetés afin d'atteindre des endroits hors de portée. Et pour aller où une projection ne suffit pas, la main peut être pilotée à distance pour se déplacer à la manière de « la chose » de La Famille Addams. Elle peut alors, sans être exhaustif, attraper à distance des objets, déplacer des loquets ou encore bouger des leviers. Dernière petite subtilité, la tête peut être éjectée du corps afin d'aller se « poser » dans un coin permettant de voir ce qu'il se passe au-delà de sa propre vision directe. Dans Another Fisherman's Tale, ces mécaniques sont parfaitement exploitées, le level design de chaque niveau est excellent et apporte une nouvelle situation qui évite l'ennui. Pour avancer et arriver au bout, il va falloir bien maîtriser son sujet et avoir un peu de logique pour essayer de comprendre quoi faire afin d'arriver à se sortir d'affaire. Franchement, certains passages nous ont bien fait galérer et arriver à les passer a été fort satisfaisant. À noter, si vous êtes du style à ne pas aimer rester coincés, il existe une option « Indice » à activer pour que la voix off, en cas de galère, puisse vous aider avec une consigne qui oriente sans pour autant trop en dire. Sinon, la prise en mains est assez intuitive et seul le maniement à distance de « la main » nous a demandé un peu de temps à appréhender, car elle se fait via l'appui sur la gâchette et le positionnement du contrôleur VR dans l'espace pour donner la direction. Bref, Another Fisherman's Tale est facile à prendre en main, agréable à jouer même s'il faut parfois un peu de patience pour arriver à son but et surtout un peu de logique pour avancer.
En conclusion, rares sont les suites qui égalent ou surpassent l'opus original, mais avec Another Fisherman's Tale, InnerspaceVR a réussi l'exercice avec brio. Que ce soit dans le scénario qui offre sous couvert d'humour une belle histoire d'amour entre une fille et son père, dans l'habillage visuel et sonore, les environnements qui sont maintenant bien plus larges, ou encore avec les mécaniques de jeux qui ont été renouvelées intelligemment depuis le premier titre, tous les aspects de ce jeu le poussent à être un incontournable de la VR pour qui aime le genre.
- Ce test de Another Fisherman's Tale a été effectué sur PlayStation VR 2 et Meta Quest 2. Vous pouvez voir notre test en live sur YouTube ici.
- Une histoire poétique, drôle et poignante à la fois
- Des graphismes colorés très cartoon et vraiment réussis
- Un habillage sonore au top
- Doublage vocal français parfait
- Une prise en main efficace
- Un level design réussi
- Durée de vie en hausse (par rapport au 1er opus)...
- ... mais nous aurions aimé pouvoir jouer plus longtemps encore
- La « main » parfois un peu difficile à maîtriser