Aliens: Fireteam Elite : Marines contre Xénomorphes, la recette est simple, mais la suivre parfaitement est une autre histoire.
Alien, le retour
Left 4 Dead continue de faire des émules, de nombreux studios s'essayent au genre du shooter coopératif en PvE, il faut dire que World War Z de Saber Interactive cartonne depuis deux ans. Turtle Rock Studios, papa des L4D, sera prochainement de retour avec Back 4 Blood, mais avant cela, c'est Cold Iron Studios qui se lance avec Alien: Fireteam Elite, un jeu sous licence officielle de la 20th Century Fox. World War Z était lui aussi un jeu sous licence, un bon jeu même, celui-ci lui arrive-t-il à faire au moins aussi bien ? Les fans de la saga Alien ont toujours en travers de la gorge Aliens: Colonial Marines, malgré l'excellent survival-horror Alien: Isolation, autant dire qu'Aliens: Fireteam Elite a la pression.
La patte de H.R. Giger est présente.
Le titre prend place une vingtaine d'années après Aliens, le retour, film dont Aliens: Fireteam Elite s'inspire le plus. Nous y incarnons un Marine, membre de l'USS Endeavor, envoyé sur différentes planètes ou stations pour lutter contre la menace extraterrestre que représentent les Xénomorphes, ces grands monstres noirs et luisants au sang vert fluo et acide. Le jeu se base donc principalement sur le second volet de la franchise, réalisé par James Cameron, avec des niveaux dans de grands complexes coloniaux ou des vaisseaux de Weyland-Yutani, et ce qu'il faut de hordes de xénos qui ne demandent qu'à prendre leurs balles. Mais Aliens: Fireteam Elite pioche également du côté sombre de la franchise cinématographique, puisant des environnements et ennemis tout droit tirés de Prometheus et ses suites. Bon, cela a le mérite de faire varier les décors et de proposer des clins d'œil nombreux à l'univers Alien, la patte de H.R. Giger est présente, mais malgré ça, la diversité des niveaux n'est pas bien grande, le joueur a quand même l'impression de revoir les mêmes murs de vaisseau ou de ruche au fil de ses parties, avec un level design très convenu et répétitif. Et les ennemis dans les environnements Prométhéens ne sont vraiment pas les plus réussis ni intéressants...
Car pour maintenir le joueur éveillé, Aliens: Fireteam Elite a quand même eu la bonne idée d'inclure différents types de Xenomorphes. L'ennemi de base, c'est un Coureur avec peu de santé, sautant de mur en mur et plutôt rapide, qui arrive en masse sur le joueur et ses alliés. Une sale bête qui vous suivra tout au long de l'aventure et qui met un vrai coup de pression lorsqu'il est accompagné de dizaines et dizaines de ses copains baveux, demandant de tirer sans réfléchir pour survivre. C'est déjà éprouvant, mais il faut aussi compter sur les Cracheurs qui vous lancent de l'acide dessus (et l'acide, ça fait mal), les Rôdeurs qui sautent à la gorge du joueur pour le mettre au sol, les Déflagrateurs qui explosent en laissant une dangereuse flaque de sang brûlant sur le sol, les Guerriers et Prétoriens qui sont de vrais sacs à points de vie, et bien évidemment le Drone, Xénomorphe d'Alien: Le Huitième passager (ou Alien: Isolation), grand, rapide et puissant, capable de se cacher dans les conduits. Bref, des archétypes très convenus qui font évidemment écho aux zombies de Left 4 Dead, mais qui restent parfaitement dans le lore de la franchise Alien. Et, oui, il y a même des œufs et des Facehugger pour les bisous baveux. Malheureusement, le joueur n'a que peu l'occasion de profiter du design de ces monstres Gigeriens, trop occupé à leur tirer dessus, et c'est un peu pareil pour le scénario.
Alien: Convenu
Côté écriture, Aliens: Fireteam Elite ne se foule pas trop, en puisant des idées du côté des films. Vaisseau en détresse, colonie attaquée, explorateurs de planètes inconnues disparus, c'est classique, et jamais le jeu n'arrive à passionner le joueur par son écriture. Il faut dire que les missions sont présentées avec quelques lignes de texte seulement, au joueur de parler à des PNJ sur l'USS Endeavor pour en savoir davantage, avec là encore un texte apposé à côté du personnage, statique et ne bougeant même pas les lèvres.
Aliens: Fireteam Elite demande de refaire encore et encore les mêmes missions.
La mise en scène du jeu est très pauvre, sans aucune cinématique en début ou fin de mission, ni même pour présenter les Xénomorphes lors de leur première apparition, il faut se contenter d'admirer certains morceaux de niveaux tirés des films et toujours somptueux. Le joueur découvre tout empiriquement, suivant les directives données à la radio et les marqueurs à l'écran pour poursuivre sa mission et arriver au bout de l'objectif. Il est clair que Cold Iron Studios a avant tout pensé à la rejouabilité à outrance, nous y reviendrons, mais Alien: Fireteam Elite reste avant tout un jeu qui doit mettre la pression avec ses ennemis nombreux et puissants, nous dépayser par ses décors extraterrestres et futuristes. Mais non, ici, les fans de la licence seront contents de voir un tas de références plus ou moins marquées, les autres n'y comprendront pas grand-chose à toute cette histoire de xénos.
Parce que oui, Aliens: Fireteam Elite s'adresse aux fans d'Alien, et aux amateurs de Left 4 Dead-like. Si vous avez approché World War Z par exemple, vous serez en terrain connu, le titre de Cold Iron Studios reprend les mêmes éléments. Nous avons droit à quatre trames principales, chacune divisée en trois missions qui se plient en environ 30 minutes : 4 fois 3, divisé par 2, vous avez donc une durée de vie de 6h pour tout finir une fois, mais ce n'est là que le début du jeu. Alien: Fireteam Elite demande évidemment de refaire encore et encore les mêmes missions pour gagner de l'expérience, améliorer son personnage, débloquer des accessoires d'armes ou des éléments cosmétiques et dénicher tous les secrets dans les niveaux. Le joueur a en effet à sa disposition quatre classes de personnages, une cinquième se débloquant une fois toutes les missions terminées. Là encore, des archétypes vus et revus, avec des armes propres à chaque classe et surtout des capacités uniques. L'Artilleur, c'est le choix de la facilité, avec deux fusils et une grenade, utile partout, indispensable nulle part, les joueurs voulant un peu d'originalité opteront pour le Démolisseur et ses armes lourdes, le Technicien et sa tourelle automatique, le Docteur et sa station de soin ou l'Éclaireur, à débloquer après avoir fini le jeu, disposant d'un drone de reconnaissance affichant tous les ennemis en rouge sur l'écran, parfait pour flipper lorsque des dizaines de xénos arrivent en masse. L'arsenal est très classique lui aussi, avec les mêmes fusils d'assaut et à pompe que dans Aliens, le retour, de même que la mitrailleuse accrochée à la taille, ainsi que des armes inédites comme des mitraillettes, des pistolets et des fusils de sniper, sans oublier le lance-flammes pour faire cramer les xénos. Tous les personnages ne peuvent pas utiliser toutes les armes, chaque classe a là aussi ses spécificités, mais dans l'ensemble, il y a de quoi faire. Les sensations de tir sont présentes et le sound design est une réussite, reprenant les bruitages des films, dont le crachat de balles assourdissant du M41A2 et bien sûr le « bip » du radar indiquant un ennemi proche, ici affiché en bas à droite de l'écran.
Et il faut au moins ça pour compenser le trop grand classicisme et la répétitivité d'Aliens: Fireteam Elite. Certes, c'est le genre qui veut cela, mais le titre de Cold Iron Studios ne fait pas beaucoup d'efforts pour éviter le sentiment de déjà-vu, à commencer par la construction de ses niveaux. Le joueur avance dans des couloirs étriqués, croisant quelques Xénomorphes, puis arrive dans un environnement plus grand, où il va devoir faire face à des dizaines d'extraterrestres et des xénos spéciaux avant de pouvoir poursuivre sa mission. Encore et encore. Les objectifs sont banaux, demandant d'activer un interrupteur pour la plupart, ou de trouver un objet spécifique avant de le ramener... près d'un interrupteur. Un prétexte pour faire avancer la mission, il n'y a rien de passionnant à ça, le joueur se contente donc d'avance et de vider ses balles sur les ennemis sans réfléchir une seule seconde, mais au moins, ce point-là est plutôt amusant, malgré une évidente répétitivité. Impossible d’enchaîner les missions très longtemps sans être blasé, mais pour des sessions courtes de 1h30 (le temps de finir un chapitre entier, ça tombe bien), la recette fonctionne. Pourtant, le but du jeu est de recommencer les mêmes missions encore et encore pour améliorer son expérience et débloquer armes, accessoires et avantages, des éléments à rajouter sur une sorte d'arbre de compétences pour améliorer les capacités des personnages, et ainsi augmenter sa puissance au combat pour se lancer dans des missions avec une difficulté plus relevée. Le joueur a d'abord simplement le choix entre des parties en Décontracté, Standard ou Intense, mais il débloque les modes Extrême et Cauchemardesque après avoir terminé la campagne. Autre élément pour varier les plaisirs, des Opportunités tactiques, de petits objectifs limités dans le temps, demandant par exemple de tuer des xénos au pistolet, de jouer une partie avec une classe spécifique ou éliminer un certain nombre d'ennemis précis pour obtenir de la monnaie in-game servant à acheter des armes ou des cosmétiques dans une boutique sur le vaisseau. Enfin, des cartes de défis sont proposées, infligeant un malus au joueur ou un bonus aux ennemis, pour obtenir davantage d'expérience à la fin de la mission.
Pas mal, pour une IA
Si nous parlons du joueur au singulier depuis le début, il faut préciser qu' Aliens: Fireteam Elite est avant tout un jeu pensé pour la coopération, avec une escouade de trois personnes. C'est vraiment comme cela que le titre prend son sens (comme tous les L4D-like), les joueurs constituant une équipe avec des classes variées pour survivre plus facilement et communiquant entre eux pour être plus efficaces face aux xénos. Et hurler au micro lorsqu'ils sont en prise avec un Drone ou un Prétorien.
Graphiquement, ce n'est pas la joie.
Une configuration de jeu qui se prête également parfaitement à l'ultime mode d'Aliens: Fireteam Elite, l'inévitable Horde, demandant de survivre à des vagues d'ennemis jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ici, les capacités des personnages seront essentielles pour tenir le plus longtemps possible, de même que les accessoires, de petits bonus à débloquer (ou à acheter contre de la monnaie in-game), puis à équiper avant la mission afin d'électrifier ou enflammer les balles, déposer une tourelle automatique ou encore des mines. Des atouts très utiles, mais tout aussi limités, à utiliser en Horde comme en campagne. Enfin, si vous n'avez pas d'amis pour jouer à Aliens: Fireteam Elite, sachez qu'il est possible de jouer en solo avec deux IA, plutôt efficaces dans les modes de difficulté les plus faciles, même s'il est dommage que ces androïdes ne soient que des Artilleurs, impossible en effet d'influer sur leurs armes ou capacités. Ils dépannent, mais impossible de jouer avec eux en Cauchemardesque, c'est au joueur de faire tout le travail.
Enfin, parlons graphismes, et ce n'est pas la joie. Nous avons testé Aliens: Fireteam Elite sur Xbox Series S, une version qui affiche des textures très moyennes, aucun effet ne vient flatter la rétine, le titre se contente d'être propre, sans plus. Les modèles de personnages sont assez lisses, l'éclairage ne participe en rien à l'ambiance, aucun effet de particule ou de fumée n'est là pour nous émerveiller, il faut juste compter sur le sang vert fluo des Xénomorphes qui explose. Ce n'est déjà pas fameux, mais en plus, le titre arrive à ramer lors de certains passages, notamment les niveaux en extérieur avec davantage de choses à afficher, ou lorsque l'Éclaireur utilise son drone, avec un effet de lasers rouges qui met à genoux la console... Rien n'est vraiment moche, mais rien n'est beau non plus, c'est un peu décevant. Côté doublage, c'est intégralement en anglais (et sans lèvres qui bougent, facile pour le raccord labial), des voix plutôt bien incarnées, notamment celle de la radio qui accompagne les joueurs dans les niveaux, mais rien d'exceptionnel non plus.
Finalement, le vrai point faible d'Aliens: Fireteam Elite, c'est qu'il n'innove pas assez dans un genre très convenu et déjà vu et revu depuis des années. Si ce n'est sa licence, le titre de Cold Iron Studios n'apporte rien de plus que les autres shooters coopératifs déjà disponibles, et il pèche même par un level design trop répétitif et peu inspiré, ce qui n'aide pas à se démarquer. Pourtant, outre le défaut inhérent à tous ces jeux, celui de refaire encore et encore les mêmes missions, Aliens: Fireteam Elite reste efficace, mais classique. Que ce soit les classes de personnage, les armes, la progression au fil de l'expérience gagnée, cela fonctionne, le contenu est au rendez-vous, des mises à jour gratuites sont déjà prévues et, surtout, les fans de la franchise Alien sont aux anges, retrouvant les armes, monstres, bruits et environnements de la saga. C'est bien pour eux et leurs amis qu'est fait Aliens: Fireteam Elite, car sinon, le jeu est trop classique pour être conseillé à tout le monde.
Aliens: Fireteam Elite est disponible à 34,99 € en boîte sur Amazon ou en téléchargement, vous pouvez retrouver des cartes PSN et des cartes Xbox Live sur Amazon.
- Un shooter nerveux dans la franchise Alien
- Grosse fidélité à la licence, surtout au deuxième film
- Pas mal de contenu au lancement
- Les classes, classiques, mais efficaces
- Les différents Xénomorphes, ces sales bêtes
- À jouer avec des amis, c'est parfait
- C'est trop classique dans l'ensemble
- Trop grosse répétitivité
- Mise en scène absente
- Level design peu inspiré
- Ça rame sur Xbox Series S
Clint008 Rédacteur - Testeur |