Wolverine tire sa révérence au cinéma avec un long-métrage humain, parfois touchant, mais globalement inintéressant.
Au cinéma, le charismatique personnage Wolverine est un paradoxe. S'il peut se targuer d'être brillamment incarné par un acteur aussi ressemblant qu'impliqué, il a également accouché de spin-off appartenant à la catégorie des pires adaptations dans le genre super-héros, de plus en plus peuplé. Effectivement, X-Men Origins: Wolverine ne respectait rien du tout et Wolverine : le combat de l'immortel était plus un combat contre le ridicule pour le spectateur que l'adaptation qui était promise si Darren Aronofsky (Requiem for a Dream) n'avait pas abandonné le projet. Pour Logan, James Mangold, responsable du hara-kiri au Japon, reprend du service. Il y a du mieux - ouf - mais pas de quoi bondir au plafond.
Un film de super-héros qui essaie de faire plus sans y parvenir.
Comme pour les deux précédents films, il sera difficile de reprocher quoi que ce soit à Hugh Jackman, qui campe ici un Wolverine fatigué par et de la vie. Le traitement touche forcément plus à sa condition d'humain lâche qu'à son statut de mutant invulnérable à glorifier. Ce qui n'est pas un mal en soi et renvoie aux autres adaptations X-Men - réussies - dans les salles obscures (les canoniques). Le hic ? Le côté pataud de Logan, en mode Leonardo Di Caprio dans The Revenant, se ressent aussi dans le rythme, qui essaie de concilier fuite vers l'avant et volonté d'appuyer les rapports complexes du trio Wolverine/X-23/Xavier, donc de se poser. L'incompatibilité donne naissance à des séquences longuettes m'as-tu vu, dignes d'un film de super-héros qui essaie de faire plus sans y parvenir. Capable de toucher un peu, parfois, mais jamais toujours.
D'un autre côté, James Mangold s'est attaché à faire de Logan un long-métrage plus viscéral et violent, en adéquation avec le mythe du comics. En ce sens, les scènes d'action sont jouissives, même si nous les avons déjà vues dans les autres films X-Men (la tuerie dans la forêt, c'est la même que celle du troisième opus...). Hélas, elles ne permettent pas de relever les ambitions et il y a finalement matière à souffrir autant que Logan devant un tel océan de platitude et d'idées de scénario n'allant jamais vraiment au bout de ce qu'il entreprend. La faute à des enjeux dramatiques bas de gamme.
À l'arrivée, cela aurait pu être bien pire, au regard de la qualité des deux premières aventures de Wolverine dans les salles obscures. Mais cela aurait pu être bien mieux également. À l'image d'un Hugh Jackman las de sortir ses griffes et de faire le badass passé à côté de son existence, James Mangold livre une adaptation fatiguée et suintant le repos bien mérité. Un tel baroud d'honneur vient finalement condamner l'existence de Logan au cinéma : il n'aura jamais eu un film à la hauteur de sa stature. Sanglant sur la forme, exsangue dans le fond : le paradoxe perdure.
Note : 2,5 sur 5