Le film de F. Gary Gray navigue entre l'immunité accordée à des personnages que nous avons appris à adorer et ce côté épisode de trop.
Cela fait peut-être un peu trop longtemps que ça dure. Il y a cette irrépressible envie de (leur) dire stop. De tout faire pour qu'il tire sa révérence une bonne fois pour toutes, ce qui aurait dû arriver finalement avec la mort tragique de Paul Walker. Mais il fallait voir ce que donnerait un Fast & Furious sans Brian, le buddy de Dom. En ce sens, Fast & Furious 8 a tout de l'épisode de trop, sauf qu'il y en a encore deux à se coltiner derrière. Et puisque c'est un peu devenu une famille, il n'est pas vraiment envisageable de dire non. Comme le repas hebdomadaire du dimanche chez mamie.
Ce chouette sentiment d'avoir assisté une nouvelle fois à une réunion de famille.
Car il faut bien reconnaître que Fast & Furious 8 a justement tout de l'épisode de trop, à commencer par un scénario rocambolesque. Par un évènement un poil tarabiscoté et introduit à la truelle, Dom se retourne contre la famille, si si la famille, répondant aux ordres d'une Charlize Theron en roue libre et ayant l'air d'être toujours dépassée par ses fonctions de big bad girl de la mort. Comme les pitchs d'avant, les enjeux s'articulent autour de valeurs sur lesquelles aucun personnage ne veut s'asseoir, ce qui fait que cela se transforme vite en A qui trahit B puis C, qui trahit A à son tour pendant que B retourne sa veste. Bordélique pour rien en somme et témoin d'un scénariste qui ne sait plus quoi écrire pour donner un semblant d'épaisseur à la franchise.
Fast & Furious 8 n'est pas non plus aidé par son réalisateur. F. Gary Gray, qui a déjà dirigé Charlize Theron, Jason Statham et des voitures dans Braquage à l'Italienne, n'a ni le talent de James Wan ni l'inventivité de Justin Lin. Alors il se donne un genre un peu badass m'as-tu-vu à grand renfort de courts ralentis qui finissent par agacer et d'idées de séquences too much qui n'accouchent finalement de rien d'épique à l'écran. Assez quelconque, parfois surexposé, le blockbuster n'impressionne plus. Sauf quand il active le mode Expendables en troquant les courses-poursuites interminables et bif bof par des joutes musclées.
En effet, les one-man-shows - ou les two-men show quand ils se croisent - de Jason Statham et Dwayne « The Rock » Johnson suffisent à sauver quelques meubles, mêmes s'ils ont plutôt tendance à les fracasser. Leurs punchlines et leur côté brut de décoffrage donnent le ton et tranchent un peu avec les profils caricaturaux des autres héros, que nous continuons d'aimer par l'attachement que nous leur portons après tant d'années à les suivre pendant qu'ils parcourent le monde au gré de cascades impossibles.
C'est peut-être l'autre élément qui empêche de complètement détester ce Fast & Furious 8 : quand le rideau tombe, il demeure ce chouette sentiment d'avoir assisté une nouvelle fois à une réunion de famille, aves ses défauts, ses fous rires et ses potins. Il ne reste plus alors que cette question qui n'est pas près de trouver une réponse : faut-il tout pardonner sous prétexte que c'est la famille ?
Note : 2,5 sur 5