Dans un blockbuster remplissant parfaitement son office, Benedict Cumberbatch s'impose avec son charisme à nul autre pareil. Un joli coup pour Marvel Studios.
Installé sur un énorme empire de licences, Marvel Studios a de quoi envisager son avenir sereinement du côté des salles obscures. Après s'être logiquement concentré sur les plus connus de ses super-héros (Iron Man, Captain America, Hulk, Thor...), il est maintenant temps de faire découvrir les autres à son public. Doctor Strange, réalisé par Scott Derrickson (L'Exorcisme d'Emily Rose) s'inscrit dans cette tendance avec un sacré but sous-jacent au programme : introduire puis intégrer réellement la magie dans l'univers des Avengers. Ce qui n'était pas une mince affaire.
Pour un chirurgien devenu sorcier, il fallait bel et bien que la magie opère.
Dans les grandes lignes, Doctor Strange respecte son cahier des charges à la règle et la plupart des ingrédients propices à accoucher d'un bon spectacle sont là. Déjà, et c'est une bonne nouvelle, le long-métrage réussit pleinement son entreprise première, à savoir de construire le personnage du Doctor Strange, de son passage à neurochirurgien égocentrique et arrogant, perdant l'usage partiel de ses mains dans un accident, à sorcier hyper puissant, sur fond de rapport complexe entre le corps et l'esprit. À ce sujet, force est de reconnaître que Benedict Cumberbatch en impose dans son double costume. Son talent lui permet de ne pas avoir grand-chose à faire pour asseoir son charisme, si bien qu'il nous tarde de le voir se frotter aux Avengers. D'une manière plus générale, le casting de Doctor Strange ne possède aucune fausse note et même Rachel McAdams, qui apporte la touche amourette indispensable, s'en tire bien (mieux que Natalie Portman dans Thor, d'ailleurs).
Mais toujours est-il que la force de Doctor Strange préfigure également une faiblesse assez récurrente dans ce type de production : les enjeux dramatiques sont paralysés par la nécessité d'installer une franchise. Il faut dire, en prime, qu'ils ne sont pas aidés par Kaecilius, méchant incarné par l'excellent Mads Mikkelsen, hélas pas très bien écrit comme la plupart des vilains dans les films Marvel. Sans menace réelle en face de lui, Benedict Cumberbatch se sent forcément un peu seul dans cette affaire au demeurant très, très bien emballée, et emballante par la seule présence du héros.
Visuellement, Scott Derrickson réalise un quasi sans-faute, se nourrissant des possibilités offertes par la magie pour construire/déconstruire les villes façon Inception (en plus mystique, s'entend). Néanmoins, il crée moins l'illusion par ses chorégraphiques, parfois difficiles à cerner, que par ses effets spéciaux souvent très impressionnants. Pour un chirurgien devenu sorcier, il fallait bel et bien que la magie opère. Il faudra maintenant lui mettre quelqu'un en face pour des affrontements au sommet, à la hauteur de son immense potentiel.
Note : 3,5 sur 5