Nouveau volet de la saga X-Men au cinéma, Dark Phoenix ne permettra pas aux mutants de renaître de leurs cendres : le film de Simon Kinberg sera le dernier de la franchise. Et franchement, ce n’est pas plus mal.
Un air de déjà-vu…
Si vous ne comprenez plus rien à la chronologie des X-Men au cinéma depuis un petit bout de temps, rassurez-vous : c’est normal. Depuis Days of Future Past en 2014, dont l’un des objectifs à peine dissimulés était d’effacer les conséquences du très gênant X-Men 3, la franchise pilotée par la Fox est en roue libre.
La Fox avait abandonné toute idée de créer un univers cohérent, en accord avec lui-même.
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Quelques années auparavant, en 2011, X-Men : Le Commencement avait mis en place une trame permettant de découvrir les origines de l’école de Charles Xavier et de son conflit avec Erik Lensherr, alias Magneto. Mais, de film en film, les incohérences chronologiques ont commencé à pointer le bout de leur nez, si bien qu’il a fallu se rendre à l’évidence : la Fox avait abandonné toute idée de créer un univers cohérent, en accord avec lui-même.
Cela explique sans doute pourquoi X-Men: Dark Phoenix rappelle étrangement, sur le papier, les évènements du mal-aimé X-Men 3. Jean Grey, l’une des mutantes les plus puissantes de l’école de Xavier, récupère un pouvoir qui multiplie sa puissance, une puissance qu’elle est incapable de contrôler. Malgré elle, elle se retourne contre ses compagnons, sa famille, et devient l’ennemie numéro un qui contribue par ailleurs à faire s’interroger la population sur le danger que représentent ces X-Men. Un air de déjà-vu… en théorie.
Comment faire encore pire ?
En pratique, Dark Phoenix fait pire que X-Men 3. La faute à un scénario insipide, pour commencer. Dès les premières minutes du film, le spectateur découvre que Jean Grey se retrouve parasitée par une sorte d’entité extraterrestre, et que l’évolution de son pouvoir découle de cet évènement. Mais cela ne suffisait pas à construire l’intensité dramatique censée entourer le personnage : le scénario part donc dans un mélodrame sans aucune subtilité pour expliquer pourquoi Jean pète un plomb. Problème : l’ensemble n’est absolument pas crédible, et les réactions des personnages sont globalement incohérentes face à cette situation.
Un scénario insipide.
Si X-Men 3 peut être critiqué sur de très nombreux aspects, il avait réussi à faire de l’évolution « maléfique » de Jean Grey un conflit avant tout intérieur pour la mutante, littéralement consumée par un pouvoir qui la dépasse. Dark Phoenix la transforme en une sorte d’Eddie Brock face à Venom, les dialogues intérieurs et surtout le talent en moins. Sophie Turner ne semble pas savoir vraiment quoi faire avec son rôle, qu’elle n’a pas vraiment eu l’occasion d’approfondir dans X-Men: Apocalypse, où elle n’est qu’un personnage secondaire. Le manque d’attachement face à cette version de Jean Grey vient de là, mais également du fait que l’actrice est tellement marquée par son rôle de Sansa Stark dans Game of Thrones que le spectateur s’attend presque à voir surgir des dragons des flammes du Phénix. Ça ne favorise clairement pas l’immersion.
Le point de non-retour n’est cependant pas franchi avec le pétage de plomb initial de Jean Grey, mais assurément lorsque la réelle menace du film se dévoile. Rarement un groupe de « méchants » n’aura paru, au mieux insipide, au pire totalement inutile, dans un film de super-héros. Pourtant, la production avait casté Jessica Chastain, l’une des meilleures actrices hollywoodiennes du moment, pour assurer cette partie du spectacle. La comédienne tient clairement, ici, le pire rôle de sa carrière.
Le film de trop ? Ça tombe bien, c’est le dernier
Initialement, X-Men: Dark Phoenix devait marquer un nouveau tournant dans la franchise X-Men. Mais le rachat de la Fox par Disney a changé la donne : l’objectif du studio de Mickey est bien, à terme, d’intégrer les X-Men dans son Marvel Cinematic Universe. Pour cela, il faudra faire table rase et repartir de zéro pour éviter confusions et incohérences. De film du renouveau, Dark Phoenix est passé à film de conclusion, sans pour autant être totalement réécrit.
Cela explique probablement, en partie au moins, le gloubiboulga scénaristique auquel assiste le spectateur pendant 1h54. Les personnages qu’il suit depuis plus de deux décennies trahissent leurs convictions en quelques secondes, retournent leur veste pour des raisons discutables, balaient tout leur développement psychologique d’un revers de la main… au nom de quoi ? Pas grand-chose, si ce n’est un grand vide.
En conclusion, aucune émotion ne se dégage de X-Men: Dark Phoenix. Il y avait pourtant tellement à faire pour conclure en beauté la plus longue saga de super héros de l’histoire du cinéma, mais le film passe totalement à côté de son sujet, et de son objectif d’offrir aux fans de la première heure un final touchant et satisfaisant. Difficile de blâmer la volonté de Disney d’en finir : Apocalypse, le précédent volet, n’était déjà pas fameux et ne laissait rien présager de bon pour la suite. Il est, en tout cas, fort dommage que la saga ait fait tant d’effort pour « effacer » X-Men 3 de sa chronologie, pour finalement s’achever avec ce qui peut être considéré comme le pire film de la franchise. Gageons que le phénix ne renaîtra pas de ses cendres cette fois-ci.
Note : 2 étoiles sur 5