Une décision qui fait grincer les dents de la communauté. Gage de sécurité ou intérêt purement commercial ?
Xiaomi, encore inconnu il y a quelques années, a gagné la faveur des mobinautes au fil du temps. Le fabricant chinois a fait sa réputation sur, entre autres, des appareils sortis d'usine avec un bootloader d'office déverrouillé, autorisant un haut degré de liberté (root, ROM custom, personnalisations...). Peut-être un peu trop, même.
Il y a quelques jours, une mauvaise nouvelle est venue assombrir ce paysage radieux. Contre toute attente, un verrouillage est appliqué dès à présent sur les Mi 3, Mi 4, Mi Note/Pro et cette mesure sera étendue au fur et à mesure à tous les produits. La firme ne s'étend pas officiellement sur le sujet, laissant ses administrateurs de forum s'en charger, réprésentants qui eux-mêmes se fendent d'un laconique changelog ainsi qu'un bref topic expliquant dans les grosses lignes que cela permet de lutter contre le vol, endiguer contrefaçon et stopper la revente par des tierces parties d'appareils infectés de bloatwares en tous genres.
Ainsi, en faisant tomber le root et l'accès au fastboot, le géant souhaite honorablement protéger ses appareils et ses utilisateurs... sauf que ce retournement de veste est plus commercial que bienveillant. Cette manipulation n'est certainement pas étrangère au retour imminent de Google sur les terres chinoises, après plus de cinq ans d'absence. Le dragon souhaite donc se montrer bon élève en réparant ses « erreurs » qui faisaient pourtant sa force, quitte à sacrifier les libertés qui faisaient la renommée des Mi Phones.
Les plans de Xiaomi, outre son expansion continue en Asie, seraient donc un rapprochement avec la firme de Moutain View (intégration des Gapps et services liés ?) et certainement une forme de paiement « Mi Pay » qui, pour rappel, requiert un appareil vierge de toute brèche de sécurité (bootloader verrouillé).
Sauf que, dans tout cela, les utilisateurs sont les plus touchés par ces bouleversements. Ceux ayant procédé aux dernières mises à jour – pas très stables – se retrouvent donc avec un terminal bloqué voire inopérant, alors que la nouvelle procédure de déverrouillage demande 3 à 21 jours ouvrés, car oui, le processus oblige maintenant une validation manuelle du fabricant... et les manipulations qui auparavant pouvaient être effectuées sans PC exigent l'utilisation d'une machine et d'un logiciel certifié. Les fansites sont tout aussi impactés, puisque leur travail tombe en désuétude : il leur est maintenant impossible de proposer des ROM custom avec traduction et améliorations maison. Drôle de façon de « remercier » ces communautés qui ne sont pas inconnues quant au succès et rayonnement du constructeur.
2016 marque donc la fin du libre chez Xiaomi, qui impose un verrouillage de ses appareils au grand dam de ses fidèles utilisateurs. Après une inspiration toute trouvée dans le design des produits Apple, la firme semble également copier le modèle de la firme de Cupertino concernant la mainmise sur ses appareils.