ANALYSE - Résolution PS4/Xbox One : après avoir alimenté le débat, Ubisoft le refuse
par Maxime ClaudelDrôle de position.
Nous avons décidé de locker [la Xbox One et la PlayStation 4] aux mêmes spécifications pour éviter les débats, et autres.
Ce commentaire est signé Vincent Pontbriand, senior producer d'Assassin's Creed Unity, au moment de justifier le framerate et, surtout, la résolution du jeu sur consoles, respectivement établis à 30 fps et 900p. Il y a un peu moins d'un an, pourtant, Ubisoft avait favorisé les joueurs PlayStation 4, lâchant un patch permettant de débloquer le sacro-saint Graal 1080p natif sur Assassin's Creed IV: Black Flag, là où les joueurs Xbox One devaient se contenter d'un simple 900p. Il en était de même pour Watch_Dogs, avec du 900p d'un côté, contre du 792p de l'autre. Dans les faits, cela n'a pas changé grand-chose, les 180 ou 108 lignes de pixels supplémentaires étant trop dérisoires pour y voir une réelle différence, comparativement à du 720p contre du 1080p, vérifiable sur un titre comme Call of Duty: Ghosts. Dans la forme, Ubisoft refuse un (faux) débat, davantage source d'échanges houleux entre fanboys sur les forums, qu'il a lui-même contribué à faire naître. Pourquoi ?
Il n'y aurait pourtant aucun mal à avantager ce qui apparaît inéluctable aux yeux de beaucoup : la PlayStation 4, en l'état, est un chouïa plus puissante que la Xbox One, n'en déplaise aux amoureux de Microsoft. C'est d'autant plus vrai que, point de vue des chiffres, la machine japonaise est devant sa rivale, une position qui, par le passé, donnait droit à quelques avantages. Mais la stratégie, assez trouble, d'Ubisoft consiste finalement à ne pas faire de choix discriminant, à mettre tout le monde sur un même pied d'égalité, avec des exclusivités que l'autre n'a pas, et vice-versa. The Crew ne sort que sur Xbox 360 ? Pas grave, les possesseurs de PlayStation 3 ont droit à 60 minutes de gameplay supplémentaires sur Watch_Dogs. C'est la loi du marché, qui se vérifie partout, et sans élément différenciant la concurrence serait superfétatoire et personne n'en sortirait gagnant. Dans le cas d'Assassin's Creed Unity, c'est la Xbox One qui semble avoir les faveurs puisque le titre est présenté sur cette console.
Bien évidemment, Ubisoft a tenu à clarifier les propos, pourtant clairs, de Vincent Pontbriand :
Nous comprenons pourquoi les propos de Vincent Pontbriand ont été mal interprétés. Pour être francs, nous n'avons pas réduit les spécifications d'Assassin's Creed Unity pour une question de parité.
De parité, c'est précisément de cela qu'il est question ici. Si ambitieux soit-il, nous aurions du mal à croire qu'Assassin's Creed Unity échoue là où certains ont réussi. Pourquoi certains titres atteindraient-ils la résolution maximale, et pas lui ? Les titres entrants sont censés enterrer les sortants, c'est ce que nous appelons plus communément un cycle. Ubisoft a opté pour la parité dans une industrie où elle ne peut pas vraiment exister à partir du moment où deux produits ne sont pas, réellement, à armes égales. Il y aura toujours une mouture supérieure à l'autre et les tests techniques seront là pour nous le rappeler. C'est de là que naît le débat.
Paradoxalement, le plus beau jeu disponible sur une console de nouvelle génération est une exclusivité : il s'agit de Ryse: Son of Rome et il tourne à 900p. Cela sous-entend que les fantasmes, soit ce qui se lit sur les forums, sont toujours rattrapés par la réalité, soit ce qui se passe à l'écran. Dans le même temps, la course au 1080p, que la PlayStation 4 n'a jamais de peine à atteindre, est devenue une quasi nécessité, un argument commercial de poids. Il suffit de regarder du côté de Diablo III: Ultimate Evil Edition pour s'en convaincre. Microsoft a bataillé dur pour qu'une mise à jour transforme le 900p en 1080p. La raison ? Une insatisfaction. La vraie raison ? En face, le 1080p est de série et il fallait que la débâcle cesse. En ce sens, la décision d'Ubisoft de "locker" - ou de ne pas optimiser - Assassin's Creed Unity pénalise, sans doute, la PlayStation 4. Il y aura donc ce débat que la firme française fuit comme la peste. Qu'elle le veuille, ou non.