« Numérique et réalité virtuelle : les défis » - Retour sur une soirée débat à Monaco
par Eric de BrocartLe diocèse de Monaco organisait, avant-hier, une soirée avec deux invités pour parler des technologies numériques et de la réalité virtuelle. Nous y étions.
C'est par une publicité sur Facebook que nous avons été informés de cette soirée-débat au nom attractif pour nous, « Numérique et réalité virtuelle : les défis ». Localisé à Monaco, soit à quelques encablures de notre rédaction, l'évènement a particulièrement attiré notre attention, en plus de notre intérêt pour le sujet, par le fait qu'il soit organisé par le diocèse de Monaco.
Naïvement, nous pensions que quand l'église organisait des rencontres, elles se limitaient à des sujets théologiques. Que nenni. En arrivant, nous avons pu discuter avec Marc Duwelz, diacre à la paroisse Saint-Nicolas et délégué diocésain au Service de la Formation, et il nous a expliqué que tout ce qui touchait à l'Homme méritait l'attention. Ici, loin de vouloir remettre en cause l'utilisation des technologies numériques, le diocèse a voulu ouvrir le débat sur leurs utilisations et leurs conséquences, notamment sur les plus jeunes d'entre nous. Pour cela, Philippe Fuchs, professeur de réalité virtuelle à Mines Paritech et Jacques Henno, journaliste spécialiste des nouvelles technologies, étaient les deux intervenants du débat qui était animé par Matthieu Marcel, webmaster à la direction de la communication de Monaco.
Côté contenu, Philippe Fuchs nous a proposé un historique, plutôt professionnel, de la réalité virtuelle, en partant des premiers « simulateurs de transport des années 80 » pour en arriver aux fameuses « CAVE » (Cave Automatic Virtual Environnement) qui offrent, à ce jour, la meilleure immersion dans un monde virtuel qui soit. Ce qui nous aura surtout marqués, voire choqués, c'est sa vision fort méprisante au sujet des casques de VR actuellement accessibles au grand public. De même, il pense que la réalité augmentée n'a aucun avenir et ne sert à rien de concret. Quant à la Réalité Mixte, il n'en a pas parlé du tout. Son positionnement sur l'intelligence artificielle, sujet abordé longuement dans la conférence, est aussi tranché et il estime qu'une machine restera une machine, car elle n'a pas d'âme. Soit. Absent des réseaux sociaux, équipé d'un téléphone non connecté, son expertise dans les autres sujets de la soirée nous a paru bien moins pertinente.
Jacques Henno, lui, nous a informés du mode de fonctionnement des réseaux sociaux afin de mieux nous faire comprendre les dangers qu'ils représentent. De par son habitude à intervenir dans des écoles, son discours est très clair et ludique, et dispense plein de bons conseils fort difficiles à suivre - il le dit lui-même - quand il s'agit de gérer la relation entre nos enfants et leurs smartphones qui leur ouvrent un accès difficilement contrôlable vers internet. La partie où il parle des jeux vidéo et des addictions qu'ils entraînent -surtout les MMO, dit-il-, nous a un peu hérissé le poil tant la diabolisation semblait planer en fond. D'après lui, et ses sources prises auprès de psychiatres, les joueurs touchés par cette problématique seraient des adolescents en manque de reconnaissance dans le vrai monde et qui, via le système de gratification offert par ces jeux se trouvent un but qui se transforme, au final, en besoin presque vital. Il y aurait, toujours d'après lui, une quinzaine d'ados internés chaque année pour des troubles de ce genre. À côté de cela, son intervention sur l'intelligence artificielle et ses possibilités grandissantes grâce à l'évolution des processeurs et de l'accès au « Big Data » était fort intéressante.
La soirée s'est donc déroulée en deux parties, avec une pause, au milieu, permettant de se restaurer, de tester la réalité virtuelle, mais aussi de discuter avec les intervenants. La première servait à poser les sujets, puis la seconde rendait possible d'intervenir avec des questions à l'écrit. Si l'idée était bonne, elle met en lumière plusieurs problèmes, dont celui de l'interprétation de l'animateur qui, au lieu de lire simplement, reformulait logiquement les questions à sa sauce. De plus, l'impossibilité de communiquer directement, en tant que spectateur, amène de nombreuses frustrations qui auraient pu être évitées en permettant une prise de parole par lever de mains ou autre. Et Dieu sait combien l'envie de la prendre, pour contre-argumenter, nous a titillés toute la soirée. À noter, Monaco Telecom, en tant que partenaire, proposait de découvrir la réalité virtuelle grâce à un casque mobile de type Google Board et un HTC Vive avec lequel Cyril Cros, architecte chez Monaco Building Information Modeling, invitait les curieux à visiter un appartement, conçu par ses soins, en réalité virtuelle. Original.
Mis à part cela, l'accueil et l'organisation de cette conférence par le diocèse de Monaco sont exemplaires. Sans aucun prosélytisme, l'équipe du diocèse s'est vraiment pliée en quatre pour arriver à satisfaire tout un chacun. La diffusion en live de la conférence sur internet (YouTube, Twitch, etc.) était une première qui, malgré un petit problème de son en première partie, s'est très bien déroulée. Vous pouvez d'ailleurs profiter du replay la conférence en cliquant ici pour la première partie et ici pour la seconde.