Un maigre aperçu d'une grande expérience.
Nous sommes à quelques jours de la sortie de Metal Gear Solid V: Ground Zeroes, le jeu qui fascine autant qu'il est décrié depuis qu'un magazine a révélé sa supposée durée de vie (deux heures à tout casser, ndlr). À quelques jours de la sortie donc, nous avons eu la chance d'essayer la version PlayStation 4. Nous avons même terminé la mission principale, qui consiste à récupérer Paz et Chico, prisonniers d'une base située à Cuba. À quelques jours de la sortie, enfin, nous avons (ré)endosser le costume de Snake, naguère connu sous le patronyme Big Boss. Il est grand temps de partager cette première expérience, qui en appellera d'autres.
Quand Hideo Kojima parlait d'un seul plan-séquence, il ne mentait pas.
Car oui, Metal Gear Solid V: Ground Zeroes est bel et bien le prologue d'un projet beaucoup plus ambitieux. De ce point de vue-là, difficile de prendre à défaut le nouveau bébé d'Hideo Kojima. Il existe bel et bien pour nous introduire aux mécaniques inédites, induites du passage à un vaste terrain de jeu en open-world. Premier gros changement, et pas des moindres, ne comptez plus sur l'indispensable radar pour vous infiltrer. À la place, Snake dispose de jumelles tactiques pour marquer les ennemis, ainsi que d'une interface intelligente - iDroid - pour identifier les objectifs et interagir avec l'environnement (exemple : appeler un hélicoptère pour s'exfiltrer). Dans le même ordre d'idée, si vous vous faites repérer, un petit ralenti se déclenchera pour que vous puissiez éviter l'alarme. En somme, vous avez le choix de l'approche - bourrin, en catimini ou un mélange des deux, avec ou sans véhicule - dans la pure tradition du genre, sinon en zone ouverte. Cela conditionnera d'ailleurs le temps que vous passerez pour évacuer Paz et Chico.
Dès lors, Hideo Kojima nous assomme-t-il avec un long tutoriel ? Oui et non. Résumées au début de l'aventure et s'accompagnant également d'un petit pitch sur les évènements que vous auriez loupés dans Peace Walker, les commandes sont par la suite expliquées durant le périple. Au début, c'est un peu déroutant : le joueur est livré à lui-même, avec pour seul indicateur une voix indiquant ce qu'il faut faire. Une fois qu'une action que vous ne connaissez pas doit être utilisée, elle est simplement expliquée. C'est dire si Hideo Kojima est un petit malin en jouant sur deux tableaux : perpétrer l'héritage de la série (notamment l'inventaire défilant d'armes et objets, la plupart des mouvements, dont le CQC), tout en le modernisant, en le fluidifiant. C'est avec ce leitmotiv que Metal Gear Solid V: Ground Zeroes a été pensé, à savoir celui de bousculer nos habitudes pour en apprendre d'autres. Comme si le créateur avait tâtonné jusqu'ici et nous livrait sa copie parfaite, ou quasi parfaite.
Mais Metal Gear Solid V: Ground Zeroes, ce n'est pas qu'un vaste tutoriel. C'est également un tour de force en termes de mise en scène. Quand Hideo Kojima parlait d'un seul plan-séquence, il ne mentait pas. Bien au contraire. Il livrerait presque une vraie leçon de cinéma tant les cinématiques, longues et prenantes, bénéficient d'un travail d'orfèvre. Le maestro japonais est sans nul doute au sommet de son art, en sachant qu'il s'est débarrassé de quelques tares (sa propension à aller vers le too much), en citant quelques-uns de ses contemporains (en prendront-ils de la graine ?). Du reste, ne vous attendez pas à des révélations tonitruantes, il faudra patienter jusqu'à The Phantom Pain pour que ça soit le cas.
Terminons ce petit tour d'horizon (nous en dirons bien plus dans le test) par quelques mots sur le FOX Engine. Sans surprise, le moteur maison de Kojima Productions fait des merveilles en termes de photoréalisme. Toutefois, il n'atteint pas non plus le degré de perfection vanté. En effet, les plus tatillons chipoteront certainement en pointant du doigt les rares traces d'aliasing (malgré le 1080p qu'autorise la PlayStation 4), la poignée de bugs de collision, l'interaction pas si poussée que cela ou encore la différence de rendu entre le jour et la nuit. En face de ces menus défauts n'entachant pas le visuel outre mesure, il y a ce framerate à 60 fps, qui offre un confort à nul autre pareil. Snake aurait-il enfin l'écrin qu'il mérite pour continuer d'écrire sa légende ? To be continued, justement...