Interview d'Eric Schmidt, PDG de Google au sujet de la stratégie Android
par kasimodemDans une longue et rare interview, le PDG de Google, le Dr Eric Schmidt explique la stratégie de Google et revient sur les faits marquants du déploiement d'Android ainsi que son avenir. Il compare également les choix de Google et ceux d'Apple.
Interrogé par le journal britannique The Telegraph à l'occasion de la sortie le mois dernier de la mise à jour 2.2 FroYo sur son Nexus One, le PDG de Google, Eric Schmidt parle de cette septième mise à jour d'Android et sa stratégie sur ce système en plein essor, ainsi que sa différence de stratégie avec Apple et son iPhone.
Apple rend les choses très faciles.
Il précise qu'il "n'a pas de plan pour battre Apple, ce n'est pas comme cela que nous opérons, nous essayons de faire quelque chose de différent et la bonne nouvelle est qu'Apple rend les choses très faciles. (...) La différence entre les modèles d'Apple et de Google est simple à comprendre - ils sont complètement différents. Le modèle Google est totalement ouvert. Vous pouvez simplement prendre le logiciel - il est gratuit - vous pouvez modifier ce que vous voulez, vous pouvez ajouter tout type d'application, vous pouvez construire n'importe quel business modèle à partir de ça et vous pouvez y ajouter tout type de matériel. Le modèle Apple est tout l'inverse."
A propos de l'image tentaculaire de Google, la conception de Schmidt est simple : "Google peut être vu comme essayant d'organiser l'information mondiale sur tout périphérique et par tous les moyens qu'il nous est possible de le faire. (...) Nous parlons de mobile depuis des années et aujourd'hui ça décolle enfin. C'est là notre stratégie, voyons si ça fonctionne ou non. Nous aimons beaucoup notre stratégie car elle est en accord avec nos valeurs qui sont les plateformes ouvertes et en mode web".
Considérant que nous consommerons bientôt presque toute notre information en ligne, Schmidt ajoute que "nous le ferons sur des périphériques vivants et non statiques. Les caractéristiques de ces périphériques sont telles qu'ils savent qui nous sommes, où nous sommes, peuvent lire des vidéos et transporter de l'information."
C'est dans cette vision d'avenir à trois à cinq ans que Google a acquis YouTube, lancé Google Docs, ouvert sa cartographie en ligne et s'est lancé dans un système d'exploitation mobile Android, et un OS de bureau, Chrome OS.
Il n'y aura pas de Nexus Two par Google.
Il explique que dès le départ, Google a compris qu'ils avaient besoin de produire un appareil pour promouvoir Android et l'aider à démarrer, et qu'ils se sont tournés vers HTC pour créer le Nexus One. "L'idée, il y a un an et demi, était d'utiliser le Nexus One pour essayer de faire avancer le modèle économique de la plateforme matérielle du téléphone. Cela a très bien fonctionné. Cela a été un tel succès que nous nous n'avons pas à en envisager un second. Nous avions pensé à cette possibilité mais les gens nous ont fortement critiqués pour ça. J'ai appelé l'équipe et j'ai dit : "OK, ça a fonctionné, bravo, on arrête." Nous aimons cette flexibilité qui nous caractérise."
Au sujet de l'accumulation de données personnelles sur les utilisateurs de ses systèmes, Schmidt explique que cela leur permet de délivrer de la publicité mieux ciblée, plus lucrative pour Google, et donc moins envahissante pour nous, même si cela génère des problèmes de respect de la vie privée pour lesquels Google a été critiqué. Il ajoute qu'il "pense que la critique est bonne. La critique nous informe et nous rend meilleur, cela ne me dérange pas du tout. (...) Ces problèmes sont réels, je n'essaie pas de les fuir. Le fait est que si vous êtes constamment en ligne, les ordinateurs génèrent beaucoup de données informatives sur vous. Ce n'est pas une décision de Google, c'est une décision sociétale. En Angleterre, vous avez tous donné votre accord pour être photographiés à chaque coin de rue, donc où est le problème ? (...) Tous nos tests indiquent que la majorité des gens sont parfaitement heureux avec notre politique. Et ce message est celui que personne ne veut entendre, donc laissez moi le redire encore, la réalité est que nous prenons des décisions basées sur ce que la moyenne des gens nous disent et que nous vérifions. Et la raison pour laquelle vous pouvez nous faire confiance est que si nous violions ces fondements les gens iraient immédiatement vers quelqu'un d'autre. Nous avons un très grand intérêt à maintenir la confiance de ces utilisateurs."
Eric Schmidt, qui a trente ans d'expérience dans l'industrie de la technologie derrière lui, est président de Google depuis 2001.