INSOLITE - FIFA : il demande ses données personnelles à EA et se rend compte qu'il a dépensé 16 000 $ en deux ans
par Auxance M.Les gros joueurs de FIFA y passent du temps et y mettent beaucoup d'argent, comme vient de le prouver un certain Michaël.
Entre les transactions virtuelles et le système de loot boxes, de plus en plus de joueurs mettent régulièrement de l'argent dans leurs jeux favoris pour obtenir des bonus. C'est notamment le cas des amateurs de FIFA, qui via le mode FIFA Ultimate Team peuvent choisir de s'acheter des boosters et espérer tomber sur des joueurs rares pour le mode en ligne. Et les chiffres peuvent dépasser l'entendement.
Si les faits existent, rares sont les joueurs qui relatent leur histoire, soit parce qu'ils ne veulent pas parler de leur expérience, soit parce qu'ils ne se rendent tout simplement pas compte qu'ils sont concernés par le phénomène. C'était clairement le cas d'un certain Michaël, 32 ans, du Royaume-Uni. Grâce à la nouvelle loi sur le Règlement général sur la protection des données, passée le 25 mai dernier en Europe, il a pu demander à Electronic Arts qu'il lui fournisse l'ensemble de ses données personnelles que l'éditeur a retenues sur ses nombreuses parties de FIFA. Après avoir contacté un conseiller d'EA, « un peu confus » au départ, il a pu recevoir trente jours plus tard deux PDF de plus de cent pages au total regroupant tout ce que le studio avait retenu de lui.
Si vous êtes curieux, l'ensemble des informations sont visibles sur Imgur, les données allant de la liste d'ami à la monnaie virtuelle misée sur certains joueurs en passant par le nombre de tirs effectués en match. Mais un chiffre a retenu l'attention du monsieur, à savoir le cumul total de l'argent bien réel qu'il a échangé contre des footballeurs virtuels. Concrètement, entre novembre 2016 et mai 2018, sur FIFA 17 et FIFA 18, il a dépensé un total de 16 154 $, environ 13 850 €.
FIFA 18 31,95 € sur Amazon* * Prix initial de vente : 31,95€.J'étais intrigué de voir s'il y avait des données relatives à ce sujet. Le conseiller semblait un peu confus, mais après plusieurs liaisons avec d'autres départements, il a été capable de lancer le processus.
Je joue à Ultimate Team plus ou moins tous les jours. Je le fais comme un passe-temps et un hobby. Suivant le temps que j'ai, je peux passer trente minutes à six heures par jour dessus. Je joue à Ligue Week-End chaque semaine et c'est forcément chronophage. [Il s'agit d'un mode demandant d'effectuer quarante matchs en un week-end.]
Après réflexion, le chiffre qu'EA fournit doit être correct. Durant les évènements spéciaux comme le Black Friday, TOTY, l'Anniversaire FUT, TOTS, Futties, etc., je pouvais lâcher des milliers et des milliers de Points FIFA sans y réfléchir à deux fois. Ma fiancée et moi sommes chanceux d'avoir un revenu confortable, donc ce genre de somme ne pouvait pas nous causer de gros problème financier. J'ai cependant la plus grande sympathie pour ceux qui ont un revenu bas qui seraient ou seront addicts à l'achat de loot boxes.
J'ai pris le temps d'en parler à ma moitié. Nous avons un revenu aisé, mais vous pouvez imaginer le choc quand j'ai compris qu'en deux ans, j'avais donné plus de 10 000 $ à EA. Au moins, les données qu'EA m'a fourni m'ont permis de réaliser que les Points FIFA ne valent pas le coup et que 10 000 $ seront mieux dépensés ces deux prochaines années.
Eurogamer, qui a réalisé cet entretien avec Michaël, a aussi contacté Electronic Arts, qui s'engage à proposer des réponses plus claires aux futurs joueurs demandant un retour sur leurs données personnelles, sans pour autant commenter l'affaire.
Nous prenons notre responsabilité très au sérieux quand il s'agit de protéger les données privées des joueurs, et il est de notre intention de proposer du choix et du contrôle sur ces informations. EA prend soin de répondre aux demandes du genre dans un délai raisonnable et en accord avec les demandes des joueurs.
Ce qu'il faut retenir de cette histoire ? Qu'il est désormais bien possible de faire une demande de données personnelles aux éditeurs et développeurs grâce à la loi RGPD, et que le système de loot boxes, qu'il soit considéré ou non légalement comme sujet à l'addiction et à la loi sur les paris, peut vite devenir hors de contrôle si nous ne gardons pas un œil sur les sommes dépensées. De quoi vous faire réfléchir sur vos futures dépenses virtuelles ?