Google revend sa filiale Motorola Mobility à Lenovo pour 2,91 milliards de dollars
par Bérenger LieberMotorola Mobility, un filon pas assez juteux pour Google.
Google, pionnier de l'Internet et créateur d'Android, a annoncé mercredi la vente de Motorola Mobility au chinois Lenovo pour 2,91 milliards de dollars via un billet officiel de son PDG Larry Page.
En août 2011, Google lançait le rachat de cette filiale pour pas moins de 12,5 milliards de dollars, et en devenait le propriétaire « officiel » en mai 2012, après beaucoup de changements au sein de la division rachetée par le géant américain.
Le but de cette manœuvre était bien entendu de mettre la main sur le large éventail de brevets détenus par le groupe, au nombre de 17 000, afin de faire ses armes contre le sérieux concurrent Apple. Cependant, pour faire de Motorola Mobility une division rentable, Google a dès lors dû se séparer de 20 % des effectifs (4 000 postes) et fermer un tiers de ses 94 bureaux dans le monde. Malheureusement, cette restructuration n'était toujours pas satisfaisante du point de vue de la compétitivité. En mars 2013, 1 200 licenciements sont annoncés dans le monde, dont 180 salariés touchés en France après la fermeture du site toulousain.
Malgré tout, ces coupes dans les effectifs et le budget n'auront pas suffi. En tout et pour tout, Motorola Mobility aura réussi à accoucher de deux smartphones pendant cette période sous la coupe de Google : le Moto X, smartphone personnalisable de configuration plutôt modeste réservé d'abord aux États-Unis, puis bientôt à la France ; et le Moto G, un smartphone d'entrée de gamme considéré comme le petit frère du Moto X, qui a eu droit à sa déclinaison Google Play Edition, réservée aux Américains.
Cependant, ces deux smartphones n'ont pas vraiment su séduire les consommateurs, l'un étant commercialisé à bas prix car cheap et l'autre vendu injustement à fort prix malgré un hardware qui n'en jette pas des masses. D'ailleurs, ce dernier a subi une baisse de tarif, signe selon les experts que les ventes n'étaient pas assez concluantes.
Lenovo, premier fabricant mondial de PC, n'a lui pas raté le virage des terminaux mobiles en se diversifiant avec ses smartphones et tablettes. Toutefois, le pilier chinois ne récupèrera pas tout l'héritage de Motorola Mobility. Google cèdera la marque et les projets en préparation / produits déjà lancés, mais conservera la mainmise sur une vaste majorité du portefeuille de brevets.
« Google a eu ce qu’il voulait et ce dont il avait besoin au sein de Motorola. Il a eu les brevets, les talents et la connaissance du marché et des appareils mobiles », commentait pas plus tard qu'hier l’analyste Jack Gold (J Gold Associates).
À noter que, même si l'affaire est déjà conclue entre les deux géants, celle-ci doit encore être approuvée aux États-Unis et en Chine, ce qui prend du temps. En attendant, les choses continuent comme elles sont, précise Larry Page.
Pour les anglophones, une note interne – censée être confidentielle – a été mise en ligne par TechCrunch. Celle-ci rend compte des motivations de Google, principalement focalisées sur l'innovation de l'écosystème Android.