Facebook va commencer à intégrer des publicités dans ses expériences de réalité virtuelle sur ses casques Oculus.
« Pu-bli-ci-té », ces quatre syllabes ont tendance à susciter des crises d'urticaire chez les consommateurs, et encore plus quand cela touche aux jeux vidéo. C'est vrai, quoi de plus rageant que de retrouver de la pub dans un jeu déjà acheté soixante euros ? Pourtant omniprésente dans notre vie de tous les jours, il y avait bien un domaine jusque-là épargné : la réalité virtuelle. Bien que son implémentation dans les jeux vidéo ne date pas d'hier, en plus d'être intrusive, elle crée parfois quelques dissonances dans l'immersion. À l'image des panneaux publicitaires Verizon et pile Energizer avec un lapin tout rose (le grand frisson) dans Alan Wake, du DLC Mercedes dans Mario Kart 8 (quoi de plus normal à côté d'une voiture coccinelle conduite par le Roi Boo), du DLC IKEA ou H&M dans Les Sims 2, des canettes Monster Energy dans Death Stranding, ou bien de l'enseigne Subway dans inFAMOUS 2... La réalité virtuelle, encore à l'état de marché de niche, semblait jusqu'alors isolée de ce phénomène de société. Jusqu'à aujourd'hui...
Le mois dernier, lors de la présentation de la V29 de son logiciel, Oculus annonçait commencer à tester la publicité sur son application mobile Oculus pour offrir aux développeurs une nouvelle façon de proposer ou faire découvrir leurs applications aux utilisateurs. Aujourd'hui, Facebook franchit un nouveau cap et nous présente un aperçu de ce que sera la publicité VR in-game de demain. Le premier jeu servant de test est Blaston, du studio Resolution Games, mais l'expérimentation est également prévue sur d'autres jeux dont les noms n'ont pas été mentionnés. Faut-il s'inquiéter ?
Le débat est lancé
Facebook continue de le clamer haut et fort : son principal intérêt est de ramener le plus de monde dans l'univers de la VR et de faire progresser l'expérience utilisateur. Cependant, le réseau social le plus puissant au monde cherche également à expérimenter de nouveaux moyens pour les développeurs de générer des revenus. Et cela passerait en partie par l'implémentation des publicités visibles dans nos expériences de réalité virtuelle. Seulement voilà, la VR étant encore aujourd'hui un marché naissant, n'est-ce pas un risque inconsidéré, à même de refroidir ou faire fuir les nouveaux arrivants ? Facebook, principal acteur dans l'adoption de cette technologie auprès du grand public, avec des chiffres de ventes qui ne cessent d'augmenter et sans qui la VR telle que nous la connaissons ne serait pas ce qu'elle est, n'est-il pas en train de commettre une erreur ?
Il s'agit d'un élément clé pour garantir la création d'une plateforme autonome pouvant prendre en charge une variété de modèles commerciaux qui déverrouillent de nouveaux types de contenu et de publics. Cela nous aide également à continuer à rendre le matériel AR/VR innovant, plus accessible à un plus grand nombre de personnes.
Avant de s'emporter, essayons de voir les retombées bénéfiques pour les utilisateurs. Qui dit plus de finances pour les studios de développement, dit création de contenus plus élaborés, donc de plus gros jeux, et possiblement de meilleures expériences (bien que les plus gros jeux ne soient pas toujours les meilleurs). L'engouement suscité permettrait aux studios indépendants de prendre de l'assurance ou à certains développeurs de se lancer, ce qui est une bonne chose pour la diversité et la richesse des expériences. Autre point, les revenus générés par la publicité permettraient également à Facebook de proposer des casques VR ou du matériel de nouvelle génération à des prix toujours plus abordables. La stratégie du géant californien n'est-elle pas de rendre la VR accessible à tous ? Au final, cela serait au bénéfice du rayonnement culturel de la réalité virtuelle et de sa démocratisation tant attendue auprès du grand public. Mais le débat reste entier.
Et qu'en sera-t-il de la confidentialité ?
À l'heure où la publicité est présente en abondance sur nos supports numériques, les réseaux sociaux, dans chaque vidéo et à tous les coins de rue, comment faire pour que son utilisation ne soit pas trop abusive ou agressive ? À ce sujet, Facebook précise que les publicités seront « pertinentes » (des propositions d'implants capillaires en Turquie ne sont pas ce que nous estimons pertinent) et suivront les principes publicitaires du réseau social. Il sera ainsi possible de masquer les publicités, de désactiver complètement celles d'un annonceur et d'ajuster ses préférences via des contrôles en cliquant sur la pub, comme vous pouvez voir sur la capture d'écran ci-dessous :
Facebook tient à clarifier les choses, à rassurer ses usagers et rappelle que toutes les informations sur les données Oculus ne seront pas utilisées pour cibler les publicités :
- Nous n'utilisons pas les informations traitées et stockées localement sur votre casque pour cibler les publicités. Le traitement et le stockage des informations se font sur l'appareil, ce qui signifie que celles-ci ne quittent pas votre casque ou n'atteignent pas les serveurs de Facebook, elles ne peuvent donc pas être utilisées pour la publicité. Les exemples de données traitées sur l'appareil incluent les images brutes des capteurs sur Quest et les images de vos mains (si vous choisissez d'activer le suivi des mains), qui sont toutes deux écrasées instantanément. Les exemples de données stockées localement sur l'appareil incluent les informations sur le poids, la taille ou le sexe que vous choisissez de fournir à Oculus Move.
- Nous prenons des précautions supplémentaires concernant l'utilisation des données de mouvement, comme minimiser ce dont nous avons besoin pour offrir une expérience de réalité virtuelle sûre et immersive (par exemple, pour vous empêcher de heurter des objets du monde réel), et nous n'avons pas l'intention d'utiliser les données de mouvement pour cibler les publicités.
- Enfin, nous n'utilisons pas le contenu de vos conversations avec des personnes sur des applications telles que Messenger, Parties et chats ou vos interactions vocales pour cibler des publicités. Cela inclut tout son que votre microphone capte lorsque vous utilisez notre fonction de commandes vocales, comme « Hey Facebook, montrez-moi qui est en ligne ».
Et après ?
Facebook annonce que ce n'est qu'un début et explore de nouveaux formats publicitaires qui seraient propres à la réalité virtuelle. Il s'agit d'une innovation dans l'industrie de la publicité et le réseau social investit actuellement dans des publicités non intrusives, permettant aux développeurs de créer leur business. Selon lui, un écosystème de contenu plus rentable est une étape cruciale pour faire de la réalité virtuelle une technologie durable et grand public.
Et vous, qu'en pensez-vous ?