EDITO - « Comment The Legend of Zelda: Breath of the Wild, avec autant de défauts, peut-il avoir des notes aussi hautes ? »

Nous rappelons que ce billet d'humeur de Frédéric B. ne reflète en rien la position de la rédaction dont l'avis sur le jeu a été publié dans l'article TEST - The Legend of Zelda: Breath of the Wild - Ou comment frapper fort d'entrée. 

Bonjour à tous.

Merci à GamerGen.com et son rédacteur en chef de me donner la parole ici-même via ma plume. Je suis Fred B., j'officie de temps à autre pour GamerGen en tant que reporter, en ma qualité d'ancien rédacteur en chef de revues vidéoludiques et rédacteur professionnel.

Et c'est en tant que rédacteur de jeu vidéo, justement, que je ne suis pas du tout d'accord avec la liesse de notes stratosphériques délivrées par l'ensemble de mes confrères sur The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Le problème en devient d'ailleurs double : d'une part, j'ai l'impression d'être le seul « journaleux » dans ce cas de figure, eut égard de la critique mondiale quasiment unanime... et en second lieu, je constate qu'un TRES grand nombre de joueurs ne se reconnaissent en rien dans les tests. Ces joueurs qui ont eu la chance tout comme moi, d'avoir obtenu le jeu un brin en avance en chinant, acheté au prix fort avec au final un goût amer.

UNE PRODUCTION BRIDÉE POUR UN RÉSULTAT LOGIQUEMENT MOYEN

Comment peut-on décemment, chers confrères, chers lecteurs, donner des notes aussi élevées à un jeu... moyen ? Moyen intrinsèquement, je n'évoque ici pas la réalisation technique. Quoique nous pourrions tout de même la critiquer, dès lors qu'on achète à 70 euros un jeu qui n'a visiblement pas la même technologie qu'un titre "current gen" PS4 ou XBOX ONE. Comprendre par là, un budget de développement bien moins coûteux. Un jeu qui ressemble à titre Game Cube n'a pas les même frais de production qu'un titre façon The Witcher 3. Mais il se trouve que Nintendo, qui a cent fois plus de moyens que CDPROJECT, n'a visiblement pas voulu être plus généreux à la dépense de la production... Mais ce n'est à vrai dire plus le problème principal.

De la même façon, payer une console hybride bizarrement moins performante qu'une tablette Samsung à près de 300 euros, pour se farcir au final un Zelda qui aurait pu être cent fois plus sympa à l'œil si Nintendo s'en était donné la peine pour rester poli, ce n'est plus vraiment le problème non plus.

Ne pas blâmer Nintendo pour ses excès avec les amiibo dont on arrive à saturation et un casual gaming qui revient en force avec le truculent et inattendu 1-2 Switch, n'est là encore pas non plus le problème. Quoique.

Le problème, c'est qu'on dresse au panthéon un Zelda qui est pourtant objectivement moyen. Et si cette pensée n'est pas objective, alors rien ne permet de penser que les tests, eux, sont justes aussi. CQFD. Qui a raison, qui a tort ?

L'ART DE PASSER À COTÉ DU MEILLEUR JEU DE L'HISTOIRE

Je vous laisserai juges, je n'ai aucunement la prétention de donner mon avis et une note, n'étant pas testeur officiel. Seulement, je peux délivrer quelques arguments : d'une part j'ai suffisamment joué au dernier Zelda pour m'en faire un avis. Mon jeu préféré de tous les temps est... Zelda Twilight Princess ! Comprendre par là que je ne suis en rien un troll, puisque je suis plutôt fan de Zelda à la base, et j'ai une collection aux couleurs de la saga chez moi.

Breath of the Wild rate, pour moi, tout ce qu'il entreprend : il est moins épique que Skyrim, moins narré que Witcher, moins poétique que Wind Waker, moins touchant que Twilight... et, par dessus tout, moins cohérent en terme de secrets à découvrir et univers que le premier Zelda dont il s'inspire !

L'escalade à saturation en devient ridicule : qui est capable à ce point de tout monter à main nue, sérieusement ? Il y a trop peu de donjons principaux. Les mini-temples servant de télé-porteurs font quand même remplissage (un peu comme les salles secrètes de Wario World sur Game Cube). On fait parler tous les personnages, mais on ne va pas au bout du concept, car Link reste muet (bien que cela me scie, ça casse la cohérence). Link a, vraiment, perdu de son charisme. Où est le guerrier incroyable nanti de sa légendaire tunique, affrontant un boss dans une démo technique rutilante sur Wii U ? Non, à la place on a un gars lambda qui court dans la plaine avec une gestuelle trop candide pour y croire. On accepte que les armes se cassent comme du papier journal, alors que dans n'importe quel autre jeu on en a fait un scandale et on n'a pas tort (rappelez-vous de Dark Souls 2 qui a vite revu le système). On n'évoquera pas les textures dignes de la N64 mais plutôt un autre problème : le brouillard trop présent dans certaines portions du jeu, qui se prétend créateur d'ambiance volumétrique alors qu'en réalité il s'agit d'un cache misère pour éviter que la console ne s'emballe plus qu'elle ne le fait... en amont de paysages panoramiques qu'elle ne peut décemment afficher.

LÂCHER UNE GROSSE NOTE POSE UN CAS DE CONSCIENCE

Il y a ainsi, réellement, une litanie de défaut vérifiables, qui n'ont rien du ressenti. Qui à défaut d'avoir été évoqués dans les tests de l'ensemble de la presse n'ont pas pesés dans la note finale.

Ils n'ont pas pesé, juste parce qu'il s'agit de Zelda. Et cela, ce n'est pas juste.

Ce n'est pas juste enfin, ou plutôt non plus, pour les réelles qualités du jeu dont on en viendrait à douter, du fait de la perte de confiance. Le jeu est immense, par moment très vide, plus vide que FF15 (mais bon, c'est Zelda). Sans réel sens à certains endroits, autre que celui d'explorer pour malgré tout remplir son quota de quête fedex. Certes l'exploration distille parfois des récompenses... mais j'ai envie de vous dire encore heureux ! Sinon que resterait-il à ce Zelda ?

Il resterait une histoire malgré tout touchante. Très touchante. Un Hyrule rempli de mystères. Un loot varié. Des rencontres. Des petits moments de pur bonheur... Du Zelda en somme. Mais pas le Zelda qu'on nous avait promis.

Un Zelda qui n'a pas le souffle épique des plus nobles itérations passées. Un Link qui manque de consistance. Un jeu qui souffre tout de même d'un certain nombre de défauts amenant à une conclusion imparable :

Breath of the wild est un bon Zelda... mais juste un bon Zelda. Il ne tourne pas sur les current gen et cela est bien dommage, vu le prix auquel il est vendu. Il ne prend pas le meilleur du rétro gaming. Il est un peu perdu, comme le héros au cœur d'un jeu peut-être trop grand pour lui.

Un tel titre ne mérite pas une note au-dessus d'un 16 sur 20. Il faut être réaliste. Et hélas, contrairement à des chefs-d’œuvre comme OOT (Ocarina of Time, ndlr) ou Zelda 3, qui eux n'ont jamais divisé ou récolté ne serait-ce qu'un seul avis négatif dans le monde (et c'est mérité), le dernier-né ne va pas rassembler... Il y a bien temporairement quelque chose qui cloche avec cette console, dont le rôle est pourtant à la base de réunir tous les joueurs.

Ainsi, imaginer que ce cru glane un 16 sur 20 au bout du compte est bien plus cohérent qu'un 18, 19 ou 20. Un jeu qui a une note de haute volée ne divise en général pas, on aime ou on n'aime pas. Là, on peut aimer et être pourtant déçu.

Ceci n'est que mon humble avis, merci de l'avoir lu. Je ne doute pas hélas qu'il y aura des joueurs qui partageront cet avis. Nous ne pouvons que le déplorer. Car la plus grande saga de tous les temps méritait... le meilleur des mondes."

FREDERIC B.
Journaliste, reporter