Borderlands 3 : les développeurs en colère pour une prime d'intéressement, Gearbox répond
par Auxance M.Le succès de Borderlands 3 lui aurait permis de tout juste rentrer dans ses frais, créant une petite secousse financière chez Gearbox Software.
Jason Schreier est un peu le Élise Lucet du monde du jeu vidéo, celui qui étale au grand jour la face cachée des développeurs et éditeurs. Le rédacteur en chef de Kotaku possède des informateurs dans beaucoup d'équipes, ce qui lui a par exemple récemment permis de révéler la culture du crunch pratiquée chez Naughty Dog.
Il a cette semaine dans son viseur Gearbox Software et son président Randy Pitchford. Selon ses sources, le directeur du studio a annoncé mardi à ses employés qu'ils n'auraient pas les bonus attendus sur les ventes de Borderlands 3, provoquant la colère d'une partie de l'équipe. D'après plusieurs développeurs en contact avec Jason Schreier, qui déclarent toucher un salaire inférieur à la moyenne du métier, la culture de l'entreprise était justement de privilégier le partage des bénéfices pour motiver les équipes, avec 60 % des revenus investis dans la société et 40 % qui reviennent aux créateurs.
Les développeurs avaient reçu des chèques de plusieurs milliers voire centaines de milliers de dollars suite au succès de Borderlands 2, certains ayant même pu s'acheter des maisons à l'époque, mais la situation s'était forcément détériorée avec les échecs de Aliens: Colonial Marines et Battleborn. Les employés les plus anciens attendaient tout de même des chèques à six chiffres promis oralement par les dirigeants, et avaient des projets financiers basés là-dessus, mais ils n'auront qu'un bonus largement inférieur. Randy Pitchford aurait justifié sa décision par un développement plus coûteux, une masse salariale trop importante en raison de l'ouverture d'un deuxième studio à Québec, et des ventes en deçà des projections, malgré les plus de sept millions d'exemplaires écoulés. De plus, le contrat avec 2K Games stipulerait que l'intégralité des fonds investis, estimés à 140 000 000 $ avec les DLC, doivent être remboursés avant qu'aucun bonus ne soit versé aux salariés.
Avec classe, Randy Pitchford aurait déclaré lors du meeting pendant lequel il a fait cette fâcheuse annonce que ceux qui n'étaient pas d'accord avec ce système d'intéressement pouvaient quitter la société. Il aurait tout de même dit qu'il espérait proposer davantage d'argent aux développeurs à l'occasion de futurs partenariats avec 2K Games.
Et la version officielle, dans tout ça ? Contacté par Kotaku, Gearbox Software s'est fendu d'un communiqué qui semble confirmer tout cela.
Borderlands 3 représente une valeur incroyable pour les joueurs et une réalisation incroyable pour l'équipe de Gearbox Software. Notre studio est axé sur les talents et nous croyons fermement que tout le monde partage le principe de rentabilité. Les talents de Gearbox apprécient de participer à la rentabilité de nos jeux - à notre connaissance, le système de bonus de redevance le plus généreux des AAA. Depuis le début de ce programme, les talents de Gearbox ont gagné plus de 100 millions de dollars en primes d'intéressement au-delà de la rémunération traditionnelle.
Au cours de la dernière période de paie, les talents de Gearbox ont appris que Borderlands 3, ayant réalisé des revenus dépassant le plus gros investissement jamais réalisé par la société dans un seul jeu vidéo, était officiellement devenu un jeu vidéo rentable, et les talents de Gearbox qui participent au système d'intéressement ont maintenant gagné leur premier bonus sur ce bénéfice. De plus, une mise à jour des prévisions a été donnée aux talents de Gearbox qui participent au bonus d'intéressement pour définir les attentes pour les prochains trimestres. Gearbox est une entreprise privée qui ne publie pas de déclarations prospectives au public, mais nous pratiquons la transparence au sein de notre propre famille.
Tous les éléments sont là. Certes, certains semblent en colère d'avoir reçu une prime d'intéressement bien en deçà des espérances d'il y a quelques années, mais le succès, certes important, mais limité pour un projet d'une telle envergure, n'a pas rempli les conditions pour permettre d'offrir ces bonus aux employés. Malgré tout, Borderlands 3 serait sur le point de devenir rentable, et la situation pourrait s'améliorer. Cette affaire survient quatre ans après que Wade Callender, avocat de Gearbox, ait traîné en justice Randy Pitchford pour une prime de 12 millions de dollars versée à partir du capital de l'entreprise, une histoire justement portée au grand jour par Kotaku.