Après l'annonce de l'arrêt définitif du support de Flash sur périphériques mobiles, Adobe règle ses comptes et s'en prend à Apple.
Après l'annonce officielle d'Adobe de l'arrêt définitif du développement de Flash sur plateformes mobiles, l'heure est aux règlements de compte chez Adobe et c'est par la voix d'un des responsables du projet, Mike Chambers, que débutent les hostilités.
Bien que l'information vienne de son blog, elle n'en a pas moins valeur officielle de par sa position chez l'éditeur. Adobe a donc décidé d'arrêter tout futur développement autour de Flash pour mobiles, mais de continuer le support pour les versions en cours, et de rediriger les ressources affectées au projet vers l'optimisation autour de l'implémentation du standard HTML 5.
Travaillant sur le projet Flash dans son ensemble depuis plus de 12 ans, Mike Chambers estime que la décision de vendredi dernier a été la plus dure de sa carrière :
Considérant le caractère hautement politique de la question, la décision d'arrêter le développement du lecteur Flash pour navigateurs mobiles n'a pas été une décision facile. Cependant à la fin de la journée, un certain nombre de points ont rendu clair que continuer à affecter des ressources à son développement ne serait pas le meilleur usage possible de ces ressources.
La première raison qui a conduit à la décision de l'arrêt de Flash mobile a été la fragmentation des appareils (ndlr : le nombre de versions d'Android en circulation et les différences matérielles importantes entre chaque appareil) et l'impossibilité d'espérer un jour avoir un produit similaire à la version PC. Et il ajoute :
Cet argument semble évident, mais considérant la fragmentation du marché mobile et le fait qu'une des plateformes leader (iOS d'Apple) n'allait pas autoriser Flash dans son navigateur, le lecteur Flash ne serait jamais similaire à la version PC.
Chandler admet qu'il est très clair qu'HTML 5 est maintenant la solution pour fournir une expérience de navigation plus riche sur les navigateurs de périphériques mobiles et que quoi qu'Adobe ait fait, Flash n'aurait jamais pu arriver sur iOS.
Mike Chambers
Le comportement du HTML 5 similaire sur PC comme sur mobile est la seconde raison citée par Chandler pour justifier ce choix. Le support du nouveau standard s'est grandement amélioré sur les dernières générations de mobiles, comme le montre la différence sur ce point entre iOS 4 et iOS 5. Apple pensait pouvoir obtenir le même résultat de qualité identique entre mobile et PC avec Flash mais cela n'arriva jamais.
Il accuse également l'App Store d'Apple de l'échec de Flash puisque les utilisateurs cherchent d'abord une application qu'un site web enrichit pour répondre à un besoin. Il cite enfin les différences de tailles et de résolutions d'écran, les capacités de connexion plus ou moins lentes des terminaux, l'interaction étroite entre les applications et le système hôte, et entre les boutiques d'applications mobiles et l'OS.
Il admet également que Flash pour mobiles consomme beaucoup plus de ressources que ce qui avait été prévu au départ du projet. Adobe n'a pas réussi à affiner les API de développement du fait du nombre trop important de marques, de modèles et de configurations matérielles existantes d'appareils Android :
A chaque nouveau modèle d'appareil, de navigateur et de version du système, nos ressources devaient redévelopper, tester et maintenir des versions supplémentaires de Flash. C'est quelque chose pour lequel nous avons réalisé que ce n'était pas mesurable et durable.
Adobe a donc décidé de réaffecter toutes ses ressources dédiées au Flash vers le HTML 5 sur mobile, tout en continuant à développer le Flash sur PC, dont les prochains challenges sont l'amélioration des qualités vidéos et les jeux.
Le planning des développements chez Adobe
En avril 2010, Steve Jobs avait répondu dans une lettre ouverte aux attaques d'Adobe qui l'accusait à l'époque de bloquer Flash sur iOS, et avait déjà avancé une partie des arguments listés aujourd'hui par Mike Chambers :
Flash a été créé à l'époque du PC - pour des PC et des souris. Flash est un succès pour Adobe, et nous pouvons comprendre pourquoi ils veulent le pousser au-delà du PC. Mais l'ère du mobile est centrée sur la basse consommation, les interfaces tactiles et les standards ouverts du web - des zones pour lesquelles Flash ne coïncide pas. Les nouveaux standards ouverts créés pour l'ère du mobile, comme le HTML 5, seront vainqueurs sur plateforme mobile (et aussi sur PC). Probablement qu'Adobe devrait se concentrer sur la création de bons outils HTML 5 pour le futur, et moins critiquer Apple qui laisse le passé derrière.
Il se pourrait donc qu'Adobe ait finalement suivi les conseils de Jobs.