Trials Rising : Ubisoft nous propose enfin un nouveau Trials, c'est toujours aussi déjanté, mais la crispation est aussi au rendez-vous.
Un petit tour du monde
La série des Trials d'Ubisoft n'est pas nouvelle, mais outre le petit spin-off Trials of the Blood Dragon, le dernier véritable épisode en date est Trials Fusion, sorti en 2014. Une virée dans le futur prenante, mais pas dénuée de défauts. Cinq ans plus tard, Ubisoft est de retour avec Trials Rising, pour toucher les étoiles ?
Trials Rising ne se prend vraiment pas au sérieux, et c'est tant mieux.
L'ambiance n'est ici plus futuriste, cet opus est bien plus terre à terre et propose ainsi de nous faire voyager dans le monde entier... de l'hémisphère nord. Parce que non, les développeurs n'ont pas voulu nous faire visiter l'Afrique ou l'Amérique du Sud, il faut se contenter de trois grosses zones avec des niveaux en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, avec un petit détour au Moyen-Orient, mais rien de vraiment impressionnant. Au moins, les décors sont variés, que ce soit les châteaux médiévaux écossais, les fjords norvégiens, la Tour Eiffel, les plages d'Asie du Sud, les toits de New York, le Grand Canyon, la prison d'Alcatraz ou des jardins japonais. La plupart des niveaux arborent des décors très classiques et un peu caricaturaux, avec une 2,5D globalement très bien faite, et certains niveaux osent l'originalité, comme ces jardins nippons qui misent tout sur le contre-jour et la 2D à l'ancienne, avec une caméra très reculée. Une caméra qu'il est possible de retrouver dans d'autres passages dans les égouts, petit clin d'œil aux anciens volets, mais les transitions 2,5D / 2D sont ratées, avec une sorte de ralentissement qui gène la fluidité du jeu, élément essentiel dans un Trials.
Et d'ailleurs, techniquement parlant, Trials Rising est loin d'être parfait. Le titre d'Ubisoft souffre de très grosses baisses de framerate, essentiellement en fin de niveau (histoire de gâcher les mises à mort rarement inspirées), mais parfois en pleine partie, sans crier gare. Alors évidemment, c'est l'échec, le joueur est obligé de retourner au point de contrôle ou au début du niveau en croisant les doigts pour ne plus avoir de ralentissement et enfin faire un bon temps. Un souci technique qui sera, il faut l'espérer, corrigé avec un patch, mais qui gâche un tableau globalement sympathique sans cela. Le jeu est détaillé, les environnements sont bien pensés, avec un tas de choses à admirer au premier comme au second plan, ça explose, ça s'écroule, ça s'envole, bref, c'est du grand guignol, Trials Rising ne se prend vraiment pas au sérieux, et c'est tant mieux.
Ce délire passe également par la possibilité de personnaliser son pilote et ses motos avec tout un tas d'accessoires, à débloquer via des loot boxes. Casque, veste, tee-shirt, pantalon, gants, jantes, phare, pneus, châssis, le joueur peut réellement tout choisir et laisser libre cours à son imagination avec des objets plus ou moins rares, et un tas d'autocollants pour parfaire le tout. Il n'est d'ailleurs pas rare d'ouvrir plusieurs caisses à la suite pour n'avoir que des autocollants, il y en a plus de 2 000 à débloquer, mais c'est un peu frustrant. Une caisse est offerte à chaque montée de niveau, et il est possible de revendre ses doublons pour obtenir des rouages et ainsi acheter d'autres caisses de loot. Un modèle économique classique, qui se fait déjà dans d'autres jeux et qui s'axe uniquement vers le cosmétique, fort heureusement. D'autant qu'en jouant normalement, le joueur arrive rapidement au niveau 50, voire 60, avec déjà un bon petit paquet de loot boxes à ouvrir.
L'habillage sonore est en adéquation avec ce délire, notamment grâce aux cris du pilote, que ce soit pour accompagner l'excitation d'un long saut ou une chute dramatique, le personnage ayant toujours ses animations peu crédibles en radgoll terriblement amusantes. Pour la bande originale, Ubisoft a balayé large, avec de l'Electro, du Hip Hop et pas mal de Punk / Rock / Hard Rock, ça met dans l'ambiance d'emblée.
La frustration
Le principe de Trials Rising ne change pas d'un poil, le joueur doit emmener son pilote et sa moto au bout du niveau le plus rapidement possible, et sans faire de fautes. C'est ultra basique, tout comme le gameplay, qui se résume à accélérer, freiner et contrôler le positionnement du pilote sur la moto.
De quoi rendre dingues les moins patients.
Alors clairement, les premières heures de jeu se font ultra facilement, il est même possible de foncer sans freiner ni sans trop réfléchir pour terminer le niveau et avoir une médaille d'or, c'est réellement fun et satisfaisant. Mais plus la carte du monde se dévoile, plus le joueur doit faire face à des Ligues difficiles et c'est là que le titre d'Ubisoft devient un véritable die & retry, demandant de maîtriser sa moto sur le bout des doigts, gérer l'accélération et même effectuer quelques techniques bien particulières comme le bunny hop, atterrissage sur des plateformes inclinées ou le franchissement d'obstacles verticaux. De quoi rendre dingue les moins patients, d'autant que pour avoir l'or, il faut recommencer à chaque fois l'intégralité du niveau, mais l'Université du Trials est là pour nous apprendre (ou faire revoir) les bases. Problème, il faut un niveau bien précis pour débloquer chaque défi, et il n'est pas rare d'avoir affaire à un saut réclamant un bunny hop parfait dans une épreuve tôt dans le jeu alors que l’entraînement de cette technique se débloque au niveau 40. Au final, le joueur essaye, gigote le joystick, dose l'accélération avec la gâchette droite et tente sa chance, en espérant comprendre comment il a fait pour passer l'obstacle au bout du 20e essai. Ce sentiment d’impuissance face à la difficulté fait d'ailleurs son apparition très tôt dans le jeu, lorsqu'il est demandé d'enchaîner trois courses parfaitement (ou du moins finir 4e, 2e puis 1er, mais c'est pareil), sous peine de devoir toutes les recommencer. Une sacrée frustration après seulement quelques heures de jeu, et les petites différences entre les modèles de moto n'y changent rien, d'autant plus que la Mantis devient vite la seule viable pour gagner, mais évidemment la plus difficile à maîtriser.
La chasse à l'or (voire le platine ou le diamant, mais là, c'est réservé à l'élite), c'est bien, mais ce n'est pas la seule chose à faire dans Trials Rising. Le titre propose d'effectuer quelques contrats pour des sponsors, qui sont en fait des défis bien précis, comme rester 30 secondes en wheeling, terminer devant un fantôme ou faire 15 backflips avant la ligne d'arrivée. Rien de bien sorcier, mais c'est une bonne alternative, surtout pour débloquer du loot sous licence (KTM, Red Bull, FOX), même si là encore, les défis deviennent rapidement ultra difficiles. Mais Trials Rising est avant tout un jeu multijoueur, comprenez par là qu'outre les fantômes créés par les développeurs de chez Ubisoft, les joueurs sont invités à affronter des ghosts d'autres joueurs, dont le temps s'affiche directement sur la carte. Constamment en évolution, le jeu est donc un gigantesque défi communautaire et incite à battre le temps des autres en essayant, encore et encore, les cartes dominées par d'autres joueurs. C'est d'ailleurs comme cela qu'a été conçu le Challenge Mode, demandant de battre trois fantômes de joueurs avant autant d'essais, pour espérer remporter des rouages et une caisse de loot rare en cas de réussite. Un défi hardcore, comme l'ensemble de Trials Rising. Des modes multijoueurs à 8 en ligne ou à 4 en local sont de la partie, mais rien de neuf. Cependant, le premier mode incite encore à être le meilleur, il s'agit de tournois classés, l'ambiance est bien loin du fun en local avec des amis.
L'éditeur de niveaux fait lui aussi son retour, et là encore, c'est raté. Le joueur a le choix entre un paquet d'objets issus des précédents Trials, un tas de paramètres pour perfectionner sa piste, mais le tout est gâché par une interface totalement contre-intuitive et une gestion de la caméra qui n'a rien de logique. Difficile de vouloir y passer des heures pour concevoir son propre niveau, dommage.
Alors, Trials Rising, le summum de la licence ? Eh bien, pas forcément. Certes, le jeu est ultra fun, très simple à prendre en main au début et tout le monde peut s'amuser pendant quelques heures sans se prendre la tête. D'autant plus que, malgré les grosses chutes de framerate, le titre est techniquement sympathique, avec une direction artistique plus réaliste que son prédécesseur, qui reste délirante et avec des mises à mort pas forcément originales, mais jouissives.
Cependant, le jeu d'Ubisoft est rapidement frustrant, de par une difficulté qui grimpe vite en flèche, et au final, seuls les joueurs les plus acharnés arrivent à maîtriser totalement le gameplay et se hisser en haut du classement en ligne, collectant les médailles et le loot. Pour les autres, il faut se contenter d'essayer, encore et encore, espérant voir un jour la fin de tous les niveaux, en évitant au passage de balancer la manette à l'autre bout de la pièce.
- Gameplay d'abord fun et simple à prendre en main...
- Des niveaux délirants et détaillés...
- De la personnalisation à outrance...
- Le côté multijoueur assez addictif
- ... mais rapidement frustrant
- ... mais d'énormes chutes de framerate
- ... mais beaucoup trop d'autocollants dans les caisses
- Éditeur de niveaux rebutant