Streets of Rage 4 : Des Français font revivre l'un des beat'em up les plus cultes avec un épisode original qui ravira les amateurs du genre.
À l'ancienne
Le beat'em up à l'ancienne, avec des niveaux à défilement horizontal et des retours en arrière impossibles pour n'aller que vers l'avant, est un genre qui appartient au passé. Les années ont filé, et les technologies ont permis de créer des jeux d'action plus modernes et plus libres. Le feeling de ces titres d'antan reste néanmoins unique, et l'alliance française formée par DotEmu, Lizardcube et Guard Crush Games veut nous le faire retrouver avec Streets of Rage 4, un épisode totalement inédit. Pari réussi ? La réponse dans notre test !
La maîtrise du gameplay ne sera donc innée pour personne.
Dès les premières minutes de jeu, le gameplay rétro de Streets of Rage 4 se fait ressentir. Entre les déplacements lents et l'absence de touches dédiées aux parades ou aux esquives, difficile de trouver ses marques après tant d'années loin des beat'em up du style. Passé ce décontenancement, nous commençons à prendre nos marques : le bouton dédié aux attaques rapides est notre meilleur allié, et nous allons vite apprendre à utiliser les coups spéciaux, qui enlèvent potentiellement de la vie, avec la possibilité de la récupérer en assénant des coups sans nous faire toucher. Les premières armes tombent entre nos mains, avec des maniabilités et des portées un peu différentes, puis nous nous familiarisons avec les subtilités, de la saisie à l'attaque chargée en passant par la possibilité d'intercepter les armes de jet au vol.
La maniabilité rigide au premier abord devient ainsi de plus en plus appréciable au fil des parties, alors que nous apprenons à maîtriser toute sa profondeur sans réel tutoriel, en dehors d'un guide technique dans les menus. Il faut passer outre ce temps d'adaptation pour commencer à vraiment apprécier les bastons et leurs esquives principalement faites de simples déplacements dans la longueur ou la largeur du terrain. Le timing et le risque sont d'ailleurs deux données majeures du système de jeu, les mouvements devant être faits dans la bonne fenêtre de tir pour impacter nos adversaires ou ne pas subir leurs assauts. De même, les manœuvres dangereuses comme la simple utilisation d'une compétence spéciale, retirant potentiellement de la vie, doivent être faites avec sagesse et parcimonie. Les combos faits de rebonds contre les obstacles et bords de l'écran, et d'attaques envoyées à la bonne frame s'apprennent sur le tas : la maîtrise du gameplay ne sera donc innée pour personne, il n'en est que plus gratifiant de voir votre skill évoluer au fil du temps.
Cinq niveaux de difficulté sont présents pour permettre à chacun de s'épanouir à sa façon, avec nombre d'ennemis, des facteurs de santé ou encore des vies variant pour chaque échelon. Si le mode facile et ses six vies ne posent pas de souci à grand monde, le défi commence dès la difficulté normale, où échouer face au boss, si ce n'est avant, ne sera pas chose rare. Si vous bloquez sur un niveau en particulier avec la difficulté en cours, vous avez la possibilité de demander des vies ou Attaques Étoiles (des coups surpuissants, mais limités) en bonus, en sacrifiant le score de votre niveau. Streets of Rage 4 est effectivement un jeu à scoring, que les adeptes du genre s'amuseront à poncer jusqu'au bout, mais il est aussi possible de passer outre cette donnée pour se concentrer sur l'expérience de base et ses modes de difficulté croissants. Engranger des points permet tout de même de débloquer des personnages rétro issus de la trilogie originale, une bonne manière d'encourager à la rejouabilité.
La bagarre puissance douze
Car oui, comme les beat'em up sur bornes d'arcade, Streets of Rage 4 est pensé pour être joué plusieurs fois, voire à l'infini. Sa durée de vie est assez courte sur le papier, avec seulement douze niveaux d'à peine dix minutes. Lors de notre première partie semée d'embûches en Normal, il nous a fallu un peu moins quatre heures pour arriver au terme de l'histoire, avec des niveaux rejoués et parfois avec des aides pour finir les plus ardus. Chaque chapitre introduisant ennemis au moveset propres et boss inédits, il faut souvent se casser les dents dans un premier temps pour prendre les nouveaux entrants en compte puis retenter le coup. Retenir l'emplacement des armes et objets de soin est également essentiel pour mettre toutes les chances de son côté. La difficulté des boss finaux étant assez inégale, certains passages demanderont plus d'efforts que d'autres, même si aucune séquence ne doit être prise à la légère, le challenge étant toujours présent. Même dans les instants avec des adversaires classiques, il faut toujours rester concentré pour faire parler notre maîtrise du gameplay.
Streets of Rage 4 est pensé pour être joué plusieurs fois, voire à l'infini.
Pour exemple, nous avons refait une partie en Facile après notre première campagne, et donc un meilleur niveau de jeu : nous l'avons terminé sans trop de stress, mais avec rigueur, en environ 1h30. Certains niveaux en Normal sans aide restaient alors hors de notre portée, tandis que nous avons tout de même réussi à terminer quelques chapitres en Difficile. Fait important : même en retraversant des niveaux connus, le plaisir reste intact, alors que notre maîtrise progresse toujours doucement, mais sûrement, et que la chasse aux meilleurs scores semble à notre portée avec un peu (beaucoup) d'investissement.
Pour les difficultés maximales, il faut vouloir se faire du mal, mais certains s'en font une spécialité. À noter que les cinq personnages jouables possèdent une liste de coups globalement identique, mais avec quelques subtilités appréciables qui permettront à chacun de trouver son favori. Les combattants rétro ont eux des coups plus limités, pour une approche plus austère, mais pas moins intéressante qui servira un bon bol de nostalgie aux adeptes des originaux, offrant des prétextes de plus de retraverser le jeu.
Pour prolonger encore les sensations, les douze chapitres peuvent être joués d'un coup en mode Arcade avec une vie au départ (et d'autres à gagner en cours de route), et aussi en coopération, en local comme en ligne, avec jusqu'à quatre participants. L'action à l'écran devient un peu moins lisible, mais c'est le prix à payer pour se bastonner entre copains pour une satisfaction qui n'a pas besoin d'être décrite. La difficulté s'ajuste d'ailleurs au nombre de participants, pour un défi encore un peu différent. Il y a même un mode Duel pour s'affronter entre joueurs, et du Boss Rush pour défier les vilains les plus marquants à la chaîne.
Retour vers le futur
Sur le fond, pas grand-chose à redire de ce Streets of Rage 4, qui livre un gameplay presque sans faute. Sa rigidité inhérente au genre d'origine pourrait en refroidir quelques-uns, mais ceux qui prendront le temps de s'investir un minimum seront récompensés. Il met le paquet sur le reste pour nous inciter à rester dès les premiers instants, avec une direction artistique de haute volée. L'esthétique inspirée par les comics, avec des traits épais, des couleurs éclatantes et des designs exagérés, frappe directement à l'œil par sa qualité incontestable. Les décors loin d'être fixes savent se montrer intéressants quand il le faut, et se faire oublier pour laisser la place à la bagarre. La variété et la richesse des environnements, parfois un peu clichés pour rester dans l'hommage, font plaisir à voir. Les animations sont extrêmement soignées, jusqu'aux mouvements fascinants de nos personnages en attente. Ajoutez à cela un tas d'easter eggs, de petits détails et de bonnes idées ponctuelles, et tout y est. Techniquement, il n'y a rien à redire, pas même sur les performances : tout est fluide, et aucun bug ne s'est fait voir ou ressentir durant nos sessions.
La cerise sur le gâteau, c'est la musique. Yūzō Koshiro, Motohiro Kawashima, Olivier Derivière et les autres s'en sont donnés à cœur joie avec des thèmes funky, electro ou synthwave aux accents rétro qui nous ont fait bouger la tête plus d'une fois. Il est juste regrettable que le nombre de musiques soit conditionné par celui des chapitres : nous aurions aimé en avoir encore plus pour satisfaire nos esgourdes. Concluons sur un dernier point assez anecdotique : le scénario. Sûrement en hommage aux beat'em up arcade dont il reprend le flambeau, Streets of Rage 4 ne fait pas dans la dentelle, avec des liens de parenté inutile à tout va, des méchants et une histoire digne d'un film d'action de série B des années 90. Le but n'est clairement pas de nous conter du Shakespeare, et ce récit assez basique sert juste à faire s'enchaîner des décors et des bastons : le pari est réussi à ce niveau-là, et permet au moins d'apprécier de très courtes cinématiques façon comics, dans la continuité de la direction artistique générale.
Streets of Rage 4 ne réinvente pas le beat'em up, et ne le fera donc probablement pas apprécier aux plus réfractaires. Il réussit néanmoins à moderniser complètement un genre ancien, grâce à une direction artistique remarquable et sans faute, des visuels aux compositions. Rien que pour ça, il mérite le détour, même pour les simples curieux. Mais il se paye surtout le luxe de proposer un gameplay qui, malgré son apparente rigidité et sa répétitivité, se montre vite plus poussé et malin qu'il n'y paraît, permettant à chacun de s'épanouir et de monter en compétences. Il faut cependant être préparé à jouer et rejouer les mêmes douze niveaux pour se perfectionner et progressivement faire monter la difficulté : le plaisir reste, mais s'essouffle forcément avec la multiplication et la durée des sessions, même pour les plus attachés au style. Qu'importe, Streets of Rage 4 est le genre de titre à ressortir pour un kiff de quelques niveaux, pour le faire découvrir à ses potes, ou à retourner dans tous les sens en solitaire pour viser les meilleurs scores.
- Un beat'em up en 2020, fraîcheur garantie
- Le gameplay qui s’approfondit avec notre maîtrise des combos
- Un défi relevé qui reste accessible dans les modes de difficultés bas
- Graphiquement et techniquement au top
- Les musiques cool et entraînantes
- Le feeling général très 90's
- Quand même court sur le papier
- Le scénario (volontairement) cliché et oubliable
- Un beat'em up, forcément, c'est un peu répétitif