Nos vieux combattants sont de retour dans un nouvel épisode explosif. Une prise en main toujours aussi nerveuse ?
La loi de la rue !
Qui ne connait pas Street Fighter aujourd'hui ? La licence de Capcom traverse les générations et essaye de se renouveler à chaque fois, sans trop bousculer les aficionados. Pour ceux qui s'en souviennent, quand Street Fighter V avait vu le jour, le contenu laissait vraiment à désirer. Et pour cause, la firme japonaise visait principalement les combats en ligne et l'e-sport, en délaissant un brin l'aspect solitaire. Forcément, nous avions des craintes concernant ce sixième épisode, qui s'invite sur les consoles de Sony Interactive Entertainment, mais aussi de Microsoft et sur PC (champagne). Ce nouveau titre a-t-il de quoi amuser dès le départ ? C'est la grande question que tout le monde se pose. Il est donc temps de vous livrer une réponse avec quelques ampoules aux doigts.
Ça claque !
Avant toute chose, parlons du point qui saute aux yeux d’entrée de jeu, les graphismes. Le design des protagonistes se base sur les opus précédents, avec quelques altérités. Globalement, les carrures restent inchangées avec des corps démesurés et des muscles gonflés à l'extrême. La différence vient surtout des visages et des textures. Nos héros d'antan sont plus vieux, plus ridés, avec des mâchoires plus prononcées. La peau est mieux détaillée, nous apercevons plus facilement les veines, les pores, les ombres... Même les vêtements sont plus clinquants et de petites blessures font leur apparition.
Et les animations ? Elles sont parfaites. Les gestuelles sont fluides et plaisantes à l’œil, en d'autres termes, ça claque ! Les nouveaux venus, eux, ont une apparence totalement délirante qui colle à leur personnalité. Seul bémol dans tout cela, le rendu des personnages est étrangement flou durant les affrontements, il y a un léger contraste entre les combattants et les décors. Et pour cause, l'arrière-plan est bien plus net et chatoyant. Rapidement, sachez que les environnements sont vivants et pas mal variés, certains lieux ont de quoi titiller les mirettes. Gros coup de cœur pour le niveau Dhalsimer Temple, bref, les terrains sont magnifiques !
Diverses options graphiques sont disponibles dans les paramètres. D'un côté, nous avons Performance pour jouir d'une production extrêmement fluide ! De l'autre, Qualité, qui vise à exhiber une image plus fine. Le framerate varie-t-il d'un mode à un autre ? Cela dépend. Pendant un simple affrontement, Arcade ou Versus, le jeu tourne parfaitement en Qualité. Cependant, dans World Tour, la partie « aventure » de Street Fighter 6, le nombre d'images par seconde peut bouder. Durant nos explorations, nous n'avons pas constaté de ralentissements ou de saccades (du moins au premier plan), globalement tout va bien. Mais pendant une Battle sauvage en pleine rue, le framerate peut vite agacer. En effet, le titre semble tourner dans les 30 fps, c'est très déroutant pour un jeu de combat. Pour le coup, nous déconseillons d'y jouer sous cet aspect-là et de privilégier Performance. Et sincèrement, nous n'avons pas vu de grands écarts visuels entre les deux paramètres, alors autant favoriser la fluidité. Il est possible de désactiver « Arrière-plan (Fighting Ground) » qui permet de définir le nombre d'objets en fond, mais nous n’avons remarqué aucune influence sur les performances.
Concernant la partie sonore, du très bon travail a été fait. Les bruitages sont toujours aussi bons et jouissifs, et les doublages sont de bonnes factures. En outre, nous avons le choix entre deux langues, le japonais ou l'anglais. Chose agréable, nous pouvons personnaliser le tout et attribuer une voix spécifique à un personnage. Du côté des musiques, nous avons un aspect hip-hop qui pulse pas mal les affrontements. Nous suivons le rythme tout en donnant quelques torgnoles, les mélopées nous rappellent un brin les notes de l’excellent Street Fighter III, reprenant un peu le style « Street », pour coller à l'univers de ce nouvel épisode. Pour faire simple, c'est pas mal ! Pour ceux qui aiment l’aspect e-sport, une nouvelle fonction fait son apparition, les commentaires en temps réel. Ainsi, nous avons droit à des commentateurs techniques/d’ambiance pour nous exciter pendant une mêlée. Le rendu n’est pas du tout mauvais, les observations sont en anglais ou en japonais, et... c’est tout. Eh oui, point de français en vue, cela aurait été agréable d’avoir la langue de Molière pour jouir d’une meilleure immersion. Dommage.
Les ancêtres VS les jeunes !
Il y en a eu des Street Fighter... Des titres typés arcades, très bourrins, certains plus tactiques, au fil des années, Capcom a su remanier avec génie le gameplay, tout en gardant l’âme de la licence. Ainsi, il est toujours question de faire des demi-cercles, des combinaisons et des « haut, bas, gauche, droite » pour amorcer des assauts dévastateurs et des coups spéciaux dantesques. Mais alors, qui a-t-il de neuf dans ce Street Fighter 6 ? Eh bien, la firme fait un savant mélange entre Street Fighter III, pour le côté défensif, et Street Fighter IV / V, pour l’aspect offensif.
La prise en main est parfaite et bien équilibrée.
Pour être un poil plus précis, nous pouvons parer avec le Drive Parry, nous laissant alors une ouverture ; ce mouvement est idéal pour remplir sa jauge Drive, utilisée pour d’autres attaques survoltées. Le Drive Impact, lui, s’invite à la fête ! Pour faire simple, il s’agit d’un coup puissant qui absorbe l’offensive du rival et qui sert à projeter l’opposant dans le coin afin de le contenir au bord de l’écran. Ensuite, le Super Amor, comme son nom l’indique, agit comme une armure qui nous protège d’une simple tape. Cet effet n’est pas invincible et peut être utilisé avec une technique pour surprendre l’opposant et le contre-attaquer. Nous avons aussi l’Overdrive qui permet de déclencher un coup spécial en appuyant sur deux touches du même type ; ressemblant aux spéciaux EX des anciens jeux pour les connaisseurs. Ce dernier peut être « cancel » pour le transformer en un « Super Art ». Pour être plus clair, nous annulons une « attaque spéciale » pour la réformer en quelque chose de plus explosif.
Drive Rush, Drive Reversal, Drive « quelque chose »... De prime abord, tous ces termes sont compliqués et, oui, il faut un temps d’adaptation pour tout assimiler et enchaîner des combos ravageurs. Bloquer, frapper, annuler un coup, amorcer une technique, se défendre, sauter, nous constatons que la prise en main est parfaite et bien équilibrée, les développeurs ont pensé à tout pour nous faire frissonner devant notre TV. Ce sixième épisode propose de contrôler 18 combattants, ayant des caractéristiques uniques. Certains sont puissants, d’autres plus robustes ou encore plus vifs. C’est donc à nous, le joueur, de trouver celui qui nous convient, bien que l’idéal soit, au final, de donner naissance à notre propre personnage, mais nous en parlerons un peu plus tard dans ce test.
Trois types de commandes sont disponibles. Tout d’abord, nous avons « Classique » qui est le gameplay le moins accessible puisque nos doigts se doivent de bouger dans tous les sens pour remporter une victoire ; attentions aux ampoules. Ensuite vient « Moderne » pour assouplir un peu tout cela. En gros, une touche permet de faire des coups spéciaux, une autre peut déclencher une attaque légère, moyenne ou forte, les « Drive » se situent sur les gâchettes, bref, c’est très facile d’exécuter des enchaînements et de faire de grosses offensives électriques ; nous sommes un brin assisté en quelque sorte. Pour finir, « Dynamique », qui est tout simplement honteux. Qu’est-ce ? Une intelligence artificielle qui va tout simplement nous faire croire que nous jouons. En gros, il suffit de marteler des boutons, sans forcément se déplacer, et l’IA va tout gérer sans nous épuiser les mains et la tête. Sans surprise, Capcom interdit cette prise en main dans les matchs en ligne. Le tutoriel précise que cette commande est là pour apprendre les bases d’un personnage alors que c’est faux ; encore une fois, nul besoin de se fatiguer pour faire des combos. Et les personnes ayant des difficultés ou un handicap peuvent réellement prendre leur pied avec « Moderne » (qui tend vraiment la main) et avoir de bonnes sensations durant leur expérience, plutôt que ça.
Le tour du monde en 80 coups
Quand les fans évoquent le contenu d’un Street Fighter, ils pensent d’abord aux coins Arcade, Entraînement, Online et Versus. Mais Capcom veut surprendre tout le monde en bousculant les mœurs de la franchise et en y ajoutant de l’inédit qui fait du bien à voir. Notre regard se tourne donc vers World Tour, qui est la plus grosse nouveauté de la licence. Kézako concrètement ?
Le Battle Hub est the place to be.
Le joueur se doit de concevoir son mercenaire avec des outils de custom complètement dingues. Nous avons la faculté de créer des humais ayant n’importe quelle morphologie, ou même des créatures loufoques sortant directement de notre imagination. Une fois fait, l’aventure commence et la firme nous plonge dans un mini univers délirant à explorer où nous devons réaliser des défis, par moment redondants et ennuyants. L’objectif est de partir à la rencontre de « Maîtres » (en gros, les héros du jeu) à travers le monde pour apprendre différents styles de combat. Dans la rue, nous pouvons interpeler un passant pour taper du poing avec lui et gagner en niveau. Grâce aux combats et missions réalisés, nous pouvons ensuite booster les compétences de notre protagoniste via un arbre adéquat ; vous l’aurez compris, il y a une petite composante « jeu de rôle » dans ce Street Fighter 6.
Une fois que nous avons trouvé les Maîtres désirés, nous avons la possibilité d’attribuer des offensives précises à notre guerrier et de les mélanger. Pour être plus clair, nous lui décernons un « style » se basant sur les mouvements d’un combattant populaire, mais nous pouvons modifier certaines attaques pour jouir d’un protagoniste original. En somme et pour vous donner un exemple, nous pouvons amorcer un Hadoken (de Ryu) pour enchaîner sur un Spinning Bird Kick (de Chun-Li) sans aucun souci. Totalement déjanté, c’est le genre de chose qui apporte un brin de fraicheur à cet univers survolté.
Parlons peu, parlons bien, pour les anciens qui apprécient les modes classiques et qui n’ont clairement pas envie de se lancer dans une petite odyssée, Fighting Ground est fait pour vous ! Pour commencer, vous pouvez souffler, le mode Arcade est bel et bien présent. Tout comme autrefois, c’est ici que nous pouvons en apprendre un peu plus sur les personnages, leur histoire et ce qu’ils sont devenus. Nous avons le choix entre 5 ou 12 stages pour arriver jusqu’au générique final. Sincèrement, c’est l’endroit parfait pour se faire la main, puisque nous pouvons aussi sélectionner le type de difficulté et nous amuser sans prise de tête. Mention spéciale aux Bonus Stage modernisés qui jouent beaucoup sur la nostalgie.
Pour le reste, nous avons Pratique, là où il y a les tutoriels, les guides, la training room, en gros, le coin pour éduquer et dresser nos pouces à glisser sur la manette. Il y a le classique Versus, où nous pouvons faire du 1v1 ou des combats par équipes, idéal après une bonne journée fatigante pour se reposer un peu les neurones. Mais le top du top, c’est « Combat Extrême » dans « Spécial ». C’est sans doute le mode le plus amusant du jeu ! Et pour cause, nous pouvons imposer une règle pendant un tête-à-tête. Bienvenue dans « Paradis et Enfer », où des effets s’activent aléatoirement, comme l’impossibilité de sauter, la vie qui diminue lentement, le dash désactivé, etc. Nous avons aussi « Aller-retour » qui nous a bien distrait, où un curseur s’excite dans une jauge, le premier qui l’a rempli, gagne le match. Ou bien « Jeu de rôle » où nous devons réaliser une action précise, et bien d’autres conditions... Pour ajouter un peu de piment à tout cela, nous pouvons y inclure des « Obstacles ». Comme ? Un taureau qui fonce à toute allure sur le terrain pour nous massacrer, des bombes à retardement qui viennent nous ennuyer, ou encore de petits mechas (venus de Mega Man au passage) qui nous prêtent main-forte. C’est à mourir de rire et nous avons passé des heures et des heures sur ce mode tellement c’est hilarant !
La Battle Hub est la partie en ligne de Street Fighter 6 où nous pouvons nous « éclater » contre des amis ou des inconnus. Nous choisissons alors nos gros bras préférés pour en découdre comme il se doit. Mais au-delà de cela, Battle Hub, ce n’est pas juste de la bagarre pure et dure, c’est aussi un endroit pour se poser et faire des activités avec des personnes traînant des pieds dans les environs. Et pour cause, différentes bornes d’arcade sont là, nous pouvons lancer une production « rétro » pour faire vibrer le cœur des vieux de la vieille, comme le grand classique Street Fighter II. Mais LE point qui amuse vraiment, c’est le fait de pouvoir affronter d’autres combattants avec notre propre avatar. Ce que nous avons appris dans World Tour, nous le mettons en application ici. En d’autres termes, c’est un lieu de rassemblement, de partage, de détente et de folie, avec la possibilité de créer des clubs afin de réunir une bande de camarades sur la Toile. Sans l’ombre d’un doute, le Battle Hub est the place to be pour faire disparaître les tensions. Purement géniale comme idée !
Final Round !
Dans les 18 personnages, 8 viennent de Street Fighter II, 4 de divers opus et 6 sont inédits. Du coin de l’œil, c’est léger, quelques fans s’attendaient à un peu plus de gras du côté des combattants. Mais Capcom a été clair sur le sujet, la firme apporte tout de même du neuf et proposera de nouvelles têtes au fil des mois. Et parmi les 6 nouveaux venus, certains ont de quoi titiller, comme Jamie, utilisant la technique de l’homme saoul, ou encore Marisa, une véritable Spartiate brutale de 122 kg qui n’est pas là pour plaisanter. Bref, pas de quoi hurler, il y a de quoi se divertir au final ; en tout cas, c’est beaucoup mieux que Street Fighter V à sa sortie.
Vous l’aurez compris, le géant japonais a appris de ses erreurs et propose un jeu complet dès le départ, qui aura droit à des ajouts avec le temps. La prise en main est excellente, les modes sont nombreux et délirants, le World Tour est une bonne idée, le Battle Hub amuse sans difficulté et le coin Combat Extrême a de quoi nous faire délirer. Cette production touche tout le monde, tout type de personne, allant du solitaire dans son salon au joueur pro dans une convention. Street Fighter 6 est l’apothéose des jeux de combat, ne passez surtout pas à côté de cette perle si vous croisez le regard de Luke dans un rayon.
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- Des décors de folie et des animations à tomber...
- World Tour, ça change...
- Les commentateurs pour pulser les combats...
- La conception d’un personnage original à notre image
- La prise en main, totalement électrique et dynamique
- Combat Extrême, l’un des meilleurs modes pour rigoler
- La Battle Hub, the place to be sur la Toile
- Les musiques, l’ambiance « Street »
- ... mais des personnages légèrement flous
- ... mais certaines missions sont quelque peu redondantes
- ... mais pas de doublage en français, dommage
- La commande Dynamique, pourquoi ?
- Le rendu Qualité dans World Tour, pas top !