TEST de Scarlet Nexus : un excellent cru pour le nouvel Action-RPG Brain Punk de Bandai Namco
par Jonathan P.Scarlet Nexus : Nous avions été carrément emballés par la preview du jeu il y a un peu moins de deux mois et il nous tardait de découvrir l'ensemble du titre dans sa version finale pour vous en dire plus. Alors, est-ce que nos premières impressions positives dans l'univers Brain Punk sont confirmées ?
Une nouvelle licence qui pose les bases d'un univers transmédia
Scarlet Nexus est le nouveau projet de vétérans de l'Action-RPG chez Bandai Namco Entertainment. Le studio est très connu pour ses nombreuses adaptations de mangas et d'anime en jeux vidéo, ainsi que pour des séries RPG fleuves et plus particulièrement dans le sous-genre de l'Action-RPG, avec la série des Tales of. C'est d'ailleurs un ancien de la franchise, Kenji Anabuki, qui avait travaillé en 2008 sur Tales of Vesperia ou en 2012 sur Tales of Xilia 2, accompagné du producteur Keita Iizuka, qui nous proposent une nouvelle licence pour l'éditeur japonais avec ce Scarlet Nexus. Annoncé depuis mai 2020 lors d'un évènement Xbox, le jeu est en gestation depuis plus de 4 ans et les développeurs ont de gros projets pour la franchise. Mais du coup, réunir tous ces talents, cela paye-t-il ?
En plus d'un jeu vidéo, l'éditeur Bandai Namco s'est associé avec le studio d'animation Sunrise pour sortir en parallèle une série d'animation Scarlet Nexus.
Sans tergiverser plus longtemps, c'est vraiment excellent. Nous sommes même surpris de voir à quel point le titre renouvelle le genre et dépoussière une formule qui justement semblait un peu vieillissante dans la saga des Tales of (même si les dernières vidéos de Tales of Arise, une autre grosse sortie pour cette année, montrent des combats bien plus dynamiques que les précédents opus). Kenji a su s'entourer d'une équipe de choc avec d'autres vétérans du RPG ou de l'animation japonaise. Le scénariste Takumi Miyajima est par exemple responsable de l'écriture de l'anime Fate/Zero. Nous sentons d'ailleurs immédiatement l'inspiration shonen dans l'écriture et les ficelles scénaristiques. Ce n'est pas sans raison. En plus d'un jeu vidéo qui va marquer cette année, l'éditeur s'est associé avec le studio d'animation Sunrise pour sortir en parallèle une série d'animation Scarlet Nexus. La boucle est bouclée !
Il faut déjà expliquer pourquoi nous parlons de Brain Punk. Dans un avenir lointain, après la découverte d'une hormone cérébrale de type psionique, les humains développent des pouvoirs extra-sensoriels, changeant à jamais la face du monde. À l'aube de cette nouvelle ère, résultant d'un cataclysme nommé Le printemps de l'Extinction, d'étranges mutants appelés Autres dotés d'un certain appétit pour les cerveaux humains tombent littéralement du ciel. Très vite, le monde se rend compte que seules des mesures extrêmes peuvent venir à bout de ces créatures, insensibles aux armes conventionnelles, et que son unique chance de survie réside dans des êtres aux capacités extrasensorielles ultradéveloppées appelés les Psioniques.
Depuis, la BEA (Brigade d'Extermination des Autres) recrute tous les Psioniques qu'elle trouve pour constituer la dernière ligne de défense de l'humanité. Ces soldats psychiques d'élite sont surnommés les Gardiens Écarlates (d'où est tiré le nom du jeu, Scarlet représentant le Sang Écarlate et Nexus la connexion psyonique entre les êtres). Il existe deux moyens de rejoindre la BEA. Les deux plus courantes étant le volontariat et l'enrôlement. Certains s'engagent volontairement avant leurs 16 ans et d'autres sont enrôlés directement. Lorsque quelqu'un atteint un score suffisamment élevé au test de puissance lors de l'examen physique national, il se voit enrôlé par la BEA. En théorie, la loi l'oblige à faire son service. Malgré cela, certaines personnes sont enrôlées alors qu'elles sont adultes. Mais les pouvoirs sont actifs et puissants uniquement en restant jeune. La carrière des adultes est donc très courte.
Au niveau de son organisation, la BEA est composée de deux régiments. L'un commandé par le général Fubuki, l'autre par le major Karen. Chaque régiment comprend plusieurs compagnies et chacune d'elle plusieurs pelotons. Les pouvoirs psy de ces recrues deviennent instables et perdent en puissance avec l'âge et la croissance. C'est pour cela que les soldats de la BEA subissent un traitement anti-âge pour stopper leur croissance. Il leur a été expliqué tout cela pendant leur enrôlement et le traitement est intégré dans les repas, au point que les soldats oublient parfois qu'ils sont traités de force pour maximiser leur longévité au combat et donc leur utilité. Un destin tragique, mais faire carrière dans la BEA peut aussi vous apporter la gloire des projecteurs. Chaque fois qu'une escouade de Gardiens empêche une invasion de monstres, les Corbeaux (les drones de la presse) sont là pour tout enregistrer et même interviewer les stars de la brigade. Nous retrouvons d'ailleurs toujours quelques badauds sur les bords de l'académie qui aspirent à devenir Gardiens ou simplement pouvoir récupérer un autographe ou échanger quelques mots avec leurs modèles.
Un jeu qui intègre deux campagnes distinctes et complémentaires !
Quelle ne fut pas notre surprise en découvrant lors de la preview que les deux personnages jouables n'étaient pas de simples gender swap pour permettre d'incarner au choix un héros ou une héroïne qui ont ensuite exactement le même type de gameplay et le même déroulé narratif. Les développeurs ont bel et bien prévu une campagne miroir qui vous impose de jouer deux fois le titre en alternant les personnages pour avoir tous les points de vue de cette histoire complexe !
La structure du jeu est assez linéaire, mais pour une bonne raison.
Votre premier choix, masculin, n'est autre que Yuito Sumeragi, une jeune recrue dynamique issue d'une lignée prestigieuse de politiciens, qui combat avec une épée et un gameplay au corps à corps. L'alternative féminine se prénomme Kasane Randall, recrutée directement par la BEA pour sa maîtrise de son pouvoir et sa puissance. Elle est la fille adoptive d'une grande famille de l'armement, combattant à distance avec des couteaux de lancer et est accompagnée de sa sœur Naomi qui s'avère rapidement un personnage névralgique de l'histoire.
La structure du jeu est assez linéaire, mais pour une bonne raison. Elle alterne passages narratifs, combats, missions principales et activités secondaires annexes. Vous intégrez à la BEA un peloton qui est différent selon le personnage et donc vos compagnons de route varient tout autant. Nous nous retrouvons parfois à croiser notre alter ego lors d'évènements communs, mais le scénario est tellement bourré de rebondissements qu'il faut obligatoirement jouer les deux personnages à la suite pour saisir les tenants et aboutissants de l'histoire. Nous ne saurions trop vous conseiller de commencer avec Yuito, qui semble avoir été écrit comme le scénario principal, mais Kasane n'est pas en reste d'éléments clés. C'est quasi impossible de départager les deux scénarios tant ils sont complémentaires.
Les recrues et les soldats de la BEA peuvent discuter par messagerie psionique directement en s'envoyant de petits SMS par cerveaux interposés. Super pratique pour consolider vos liens avec vos alliés et coéquipiers. Le jeu dispose même de missions spécifiques pour créer des liens d'amitié avec eux, débloquant à chaque nouveau rang d'amitié une compétence additionnelle de combat ou en renforçant une existante. Vous pouvez leur acheter des cadeaux et même des objets cosmétiques pour les customiser visuellement. Lors de ces phases de conversation ou de détente entre les missions principales, les Gardiens se réunissent souvent chez Musubi, un restaurant familial très prisé des membres de la brigade. Musubi elle-même est un personnage secondaire prépondérant de l'histoire qui à travers plusieurs missions annexes vous en apprend plus sur l'intrigue qui se joue en toile de fond. Il existe même un archiviste qui est là à chaque coin de rue ou de niveau pour enregistrer votre sauvegarde en restant dans la diégèse ! Il sauvegarde votre mémoire, littéralement.
Le gameplay Action-RPG gravitationnel vient d'être inventé
Au niveau de nos compagnons de route, ils ne sont pas juste là pour servir à consolider le scénario ou à être habillés par vos soins avec l'éditeur de costumes, ils font partie intégrante du gameplay Action-RPG. Nous ne dirigeons bien que notre personnage principal, mais nous pouvons emmener jusqu'à 4 Gardiens additionnels, nouvelles recrues comme nous ou bien supérieurs hiérarchiques parfois. Chacun possède son pouvoir psionique, que nous pouvons combiner à loisir jusqu'à débloquer une compétence qui permet d'activer les quatre en simultané. Ils sont très variés : certains enflamment ou électrisent vos attaques, d'autres ralentissent le temps, vous permettent de vous téléporter, de voir à travers la brume, de consolider votre défense, etc.
Vous pouvez à la manière de Control, le jeu de Remedy, utiliser une grande partie des objets du décor pour les balancer sur les Autres et enchaîner des combos en alternant coups d'épée ou de couteaux et pouvoirs télékinésiques.
D'ailleurs, parlons un peu des combats, qui sont vraiment la cerise dynamique sur le gâteau narratif du jeu ! Ici, pas de tour par tour ou de combat mou du genou avec quelques actions stylées automatiques. Nous partons sur un système de baston en 3D à base de combos simples et forts, puis nous y ajoutons des pouvoirs gravitationnels (que les deux héros possèdent). Vous pouvez à la manière de Control, le jeu de Remedy, utiliser une grande partie des objets du décor pour les balancer sur les Autres et enchaîner des combos en alternant coups d'épée ou de couteaux et pouvoirs télékinésique. Le gameplay est aussi très aérien si nous le souhaitons, avec des doubles sauts, des esquives parfaites et du ciblage dynamique d'ennemis. Le tout rappelle un peu Astral Chain mixé avec Devil May Cry !
Pour encore rendre les affrontements plus variés, nous disposons du SAC (Système d'Armes de Combat), une connexion inter-cerveaux via un câble virtuel qui permet d'utiliser temporairement les pouvoirs des alliés. Le menu du SAC s’affiche en bas à droite de l'écran pendant les combats. Appuyer sur les 4 boutons de façade active le SAC correspondant à chaque emplacement. La durée effective du SAC varie selon les pouvoirs. Il est tout à fait possible d'interrompre un pouvoir en cours pour conserver de la jauge et réduire la durée du cooldown.
De plus, des combos élémentaires existent. Par exemple, en empruntant le pouvoir d'électrokinésie, vos attaques et projectiles deviennent électriques. Des attaques répétées peuvent infliger l'altération « électrisé », efficace contre les ennemis trempés. En outre, les combos d'arme créent des étincelles permettant de toucher facilement les ennemis aériens. Des effets sont ajoutés au fur et à mesure que votre niveau d'affinité avec les compagnons augmente. Au moment d'activer le SAC, les câbles tentaculaires si spécifiques aux artworks et visuels du jeu sont visibles et sortent de notre dos pour représenter la connexion entre les soldats !
Il existe aussi des éléments environnementaux qui permettent de déclencher des coups spéciaux avec des objets précis du décor. Vous consommez alors la jauge de psychokinésie et attaquez avec des objets énormes. Une fois l'ennemi touché, le joueur doit réussir une série de Quick Time Event (QTE) affichée à l'écran, qui varie en fonction des objets, pour porter des attaques supplémentaires dévastatrices. Nous pouvons de cette manière nettoyer un couloir de métro désaffecté de tous ses ennemis avec un wagon de train ou encore faire tomber un échafaudage géant sur le crane d'un boss résistant. Les opportunités sont nombreuses et très fun à exécuter.
Enfin, les monstres disposent en plus de leurs PV d'une jauge de pression. Les ennemis immobilisés dont la jauge de pression est vide ne peuvent être éliminés qu'avec une pression cérébrale. Cette manipulation vous permet d'obtenir à coup sûr au moins un objet de loot avec la gratification immédiate d'une mini-cinématique en temps réel pendant le combat ! En fonction du type d'ennemi et de votre position, les finishers varient. Enfin, quand votre jauge de poussée cérébrale est pleine, votre personnage baisse sa capuche LCD à motifs triangulaires dans une animation dynamique et vous débloquerez un état de concentration intense qui ajoute différents bonus pour vous rendre pendant quelques secondes beaucoup plus fort, rapide et dévastateur. Les possibilités n'arrêtent pas de s'ajouter, même après 15 heures de jeux, de nouvelles mécaniques nous sont encore proposées ! Un vrai bonheur.
Au niveau de la technique, c'est presque irréprochable
Pour faire court concernant la partie technique, peu importe votre plateforme, vous bénéficierez de la même fidélité visuelle. Nous pouvons activer quelques paramètres additionnels sur PC, mais dans l'ensemble, les visuels et l'identité artistique du jeu sont préservés et similaires, peu importe votre plateforme. Seuls la résolution et le nombre d'images par seconde changeront. Sur PC, PS5 et Xbox Series X, vous pouvez bénéficier de la 4K native à 60 images par secondes (et plus sur ordinateur). Sur PS4 et Xbox One, la résolution est en 1080p, mais il faut accepter de jouer à 30 images par seconde. Nous n'avons par contre pas la certitude qu'un mode Performance existe sur PS4 Pro et Xbox One X, afin de choisir entre 30 et 60 fps. C'est un peu la seule déception de ce côté, d'avoir un Action-RPG si nerveux et dynamique tourner seulement à 30 fps.
Les visuels sont vraiment excellents.
Maintenant, les visuels sont vraiment excellents et font honneur aux artworks et à la direction artistique globale du titre. D'ailleurs, les cinématiques en temps réel du jeu sont plus détaillées et belles que l'anime officiel de Sunrise ! C'est dire le chemin parcouru pour réaliser cette 3D spécifique qui mixe cel-shading pour les personnages et un rendu plus réaliste, mais volontairement terne, pour les bâtiments et les environnements. Les néons Brain Punk et les fils rouges représentant les connexions au réseau central sont là pour compléter cette DA totalement dingue.
Nous tenons aussi à tirer notre chapeau à Kouta Ochiai, directeur artistique de Scarlet Nexus, pour avoir imaginé ces décors futuristes originaux, un look graphique qui dépasse l'anime japonais traditionnel, mais surtout un bestiaire complètement barré de monstres bigarrés en tout genre. Tout le long de l'histoire, nous nous demandons d'où proviennent vraiment ces monstruosités, un peu à la manière de l'Attack des Titans. Les designs des Autres partent dans tous les sens, mais avec une certaine cohésion. Nous retrouvons toujours des morceaux d'animaux, d'objet d'antan comme des corsets vintages ou des klaxons d'époque, des métaux rappelant de la tuyauterie, des ampoules, des jambes de danseuses, des plantes... Bref, le tout est indescriptible, mais sublime à regarder ! Idem pour les quartiers de la ville de Suoh qui mêlent l'architecture japonaise traditionnelle à des monuments plus récents des années 90 (comme la Tour de Tokyo, utilisée pour servir de bâtiment officiel de la BEA) en passant par les néons et câbles futuristes pour donner ce côté SF et Brain Punk.
La musique et le travail sonore sont tout aussi qualitatifs. Nous profitons d'un doublage anglais et japonais, avec dans les deux cas des voix connues dans le casting. Et pour accompagner tout ça, les pistes sonores alternent des thèmes orchestraux lors de la plupart des séquences, qui sont parfois ponctuées de quelques singles JPOP, comme l'ouverture animée du jeu Dream in Drive joué par le groupe The Oral Cigarettes.
Vous l'avez compris, Scarlet Nexus c'est un quasi-sans-faute pour Bandai Namco Entertainment, qui lance là une nouvelle franchise pleine d'avenir. L'univers nous rend immédiatement curieux, nous nous efforçons de vouloir comprendre d'où viennent et qui sont ces Autres. Les intrigues politiques et narratives en coulisse vont vous tenir en haleine tout le long et, une fois terminé, après avoir enchaîné les deux campagnes d'environ 25 à 30 heures chacune, vous en redemanderez ! Bandai Namco n'est pas bête, vous êtes d'ailleurs invités cordialement à regarder la diffusion de l'anime Scarlet Nexus, qui propose son premier épisode en VOSTFR librement sur Internet ! Chez nous, il faudra suivre la suite chez Wakanime dès le 1er juillet ! Il y a tellement à raconter dans cet univers où tous les personnages, même secondaires, sont multifacettes et attachants. Sans parler des rebondissements scénaristiques, qui risquent de vous motiver à relancer la seconde campagne pour comprendre tout ce qui s'y passe et tirer le maximum de ce jeu unique et si plaisant ! Pour une fois, nous sommes en face d'un jeu parfaitement équilibré qui plait autant à travers ce qu'il nous raconte qu'avec son gameplay efficace et profond. Vivement la suite !
Vous pouvez acheter Scarlet Nexus à la Fnac à partir de 59,99 €.
- L'histoire palpitante
- La direction artistique
- Les combats dynamiques
- La profondeur et les possibilités de gameplay
- La double campagne avec 2 points de vue différents
- Un jeu assez linéaire
- Level design simpliste
- Seulement 30 fps sur PS4 et Xbox One
- Un peu de ghosting lié au TAA (à 30 fps)
- Des boss fight peu inspirés