TEST RoboCop: Rogue City, les développeurs de Rambo: The Video Game ont fait un bon jeu !
par Amaury M.Faire un FPS avec RoboCop en 2023, quelle drôle d'idée, mais pourtant, Teyon et Nacon ont réussi leur mission.
Robot de métal
Lorsque Nacon a dévoilé RoboCop: Rogue City, nous avons soufflé du nez. Déjà, parce que l’idée de remettre la franchise avec le policier robotique sur le devant de la scène aujourd’hui est assez inattendue, mais surtout, parce que le développement a été confié à Teyon, derrière le très soporifique Terminator: Resistance et surtout le rail-shooter catastrophique Rambo: The Video Game. Mais contrairement à Reef Entertainment, éditeur de ces deux jeux, Nacon a mis du budget pour RoboCop: Rogue City. Et avec du budget, Teyon est capable de belles choses !
Une histoire digne d’un film d’action des années 80.
RoboCop: Rogue City est évidemment un jeu de tir à la première personne permettant d’incarner le flic robot de Détroit, dans une histoire se déroulant après le second film, mais qui est en fait un mélange d’idées scénaristiques de toute la trilogie (Quoi ? Un remake en 2014 ? Ha bon ?). L’existence de RoboCop étant actée dès le début du jeu, il vaut mieux avoir revisionné le premier volet avant de lancer l’aventure, afin d’avoir les bases. Pour les autres, eh bien c’est simple : Alex Murphy était un jeune policier assassiné par un gang de Détroit mais ramené à la vie grâce à une expérience de l’OCP, une méga-corporation qui imagine des robots pour assurer la sécurité des citoyens. RoboCop est donc 50 % homme, 50 % machine, 100 % flic et fait régner la loi à Détroit, où les gangs vont des ravages dans les rues et trafiquent de la Nuke, la drogue à la mode. Mais voilà qu’un Nouveau gars débarque en ville, bien plus dangereux que les chefs de gangs.
Le scénario de RoboCop: Rogue City n’a rien de surprenant, c’est un patchwork d’éléments de la trilogie de films, avec tout de même des idées inédites qui sont surtout là pour contenter les fans. Quoi qu’il en soit, eh bien cela reste une histoire digne d’un film d’action des années 80, avec des méchants très méchants et des gentils pas forcément gentils, les développeurs ont quand même fait des efforts pour humaniser RoboCop, un robot flic pas dénué de sentiments, ce qui est d’ailleurs un élément important de l’intrigue. Rien de révolutionnaire dans l’écriture, c’est cliché, mais c’est tout ce que recherche le joueur en jouant à un jeu RoboCop, l’histoire reste quand même intéressante et offre son lot de révélations pour tenir en haleine pendant plus d’une dizaine d’heure. S’il y a bien un reproche à faire au scénario, c’est concernant son manque de cynisme. Le film de Paul Verhoeven était bourré d’humour noir, dépeignant une société prenant la violence à la légère tant elle est omniprésente, mais dans RoboCop: Rogue City, c’est assez sage, même si quelques notes à lire font sourire.
Plutôt morts que vivants
L’idée de faire un FPS avec RoboCop peut surprendre, car le flic n’est clairement pas le plus nerveux de l’équipe. Bloqué dans son armure métallique, ce qu’il reste d’Alex Murphy est lent et peu mobile, mais ultra résistant aux balles de ses ennemis. Comment adapter ça en jeu vidéo tout en le rendant amusant ? Eh bien en faisant exactement la même chose, mais bien. Dès la séquence d’introduction, RoboCop: Rogue City pose le ton avec un gameplay totalement en adéquation avec la franchise.
Tout est fait pour rendre les gunfights jouissifs malgré la lenteur de RoboCop.
Le joueur avance lentement, tire en rafale avec son pistolet automatique Auto 9 sur les membres de gangs, ça explose dans tous les sens, le sang gicle, les balles ricochent sur l’armure dans un bruit métallique, il est possible de viser avec le scanner de RoboCop pour mettre en lumière les cibles, d’attraper des objets pour les balancer sur les ennemis et même agripper ces derniers pour les projeter au loin. C’est assez basique, mais tout est fait pour rendre les gunfights jouissifs malgré la lenteur de RoboCop, le titre donne dans l’action pure. La séquence d’introduction fait même du charme aux cinéphiles avec le thème musical de la franchise, c’est un régal, avec la véritable impression de contrôler un tank mobile. Cela manque quand même un peu de vraie mise en scène et de séquences réellement marquantes, ainis que d’une IA à la hauteur des standards de l’époque, la difficulté résidant dans le nombre des ennemis et leur puissance de feu augmentant au fil des niveaux.
RoboCop: Rogue City a cependant des mécaniques de gameplay qui permettent de renouveler les séquences de tir au fil de l’aventure. Cela passe notamment par des cartes à placer dans l’Auto 9 pour modifier son comportement via des puces, mais surtout par un arbre de compétences. Le joueur peut ainsi améliorer certains aspects de RoboCop, débloquant ainsi des capacités comme un bouclier, un dash, un coup de poing électrifiant ou un mode ralenti, bien utile pour faire face aux ennemis du jeu. Bien sûr, les membres de gangs sont les plus présents, mais d’autres adversaires plus coriaces font leur apparition au fil de l’aventure et même des boss, dont le fameux ED-209, toujours aussi défectueux. Notons que RoboCop peut également ramasser les armes de ses adversaires, c’est varié avec des pistolets, fusils à pompe, mitraillettes et fusils d’assaut ou à lunette, mais malheureusement, rien n’arrive à la cheville de l’Auto 9.
RoboCop n’est pas qu’un tueur, c’est également un enquêteur. Entre deux fusillades, nous pouvons donc explorer librement l’environnement pour récupérer des caisses de l’OCP et des objets volés, en lien avec les capacités du robot flic. Par exemple, des coffres-forts sont à ouvrir dans certains niveaux, soit directement avec un bon niveau d’Ingénieur, soit en trouvant la combinaison dans le décor avec la Déduction, une recherche facilitée par la capacité améliorée de Scannage. Et les environnements sont parfois très ouverts, le joueur est notamment plongé plusieurs fois dans un quartier de Détroit qu’il peut explorer librement, donnant lieu à des missions secondaires, que ce soit pour arrêter des malfrats ou simplement aider la population. Des quêtes annexes assez anecdotiques, un peu répétitives et reprenant les clichés des films de l’époque, qui sont perdues si le joueur décide de quitter la zone pour poursuivre la mission principale, dommage. La ville n’est pas très vivante, avec des habitants disséminés ici et là dans les ruelles, de quoi nous rappeler que RoboCop: Rogue City reste quand même un simple AA, avec un budget réduit. Nous tournons quand même pas mal dans les mêmes rues, les fans auraient aimé en voir davantage de Détroit, mais il faut se contenter de ça, c’est un peu frustrant. Par ailleurs, au fil de l’aventure, des choix sont à faire, ils ont une influence sur certains éléments de l’histoire, mais pas de quoi totalement chambouler le scénario, seulement de petits dialogues et séquences. C’est sympathique pour l’immersion avec un très léger aspect RPG, mais au final, eh bien la conclusion nous amène vers RoboCop 3.
Métal hurlant et brillant
Le jeu utilise l’Unreal Engine 5, la réalisation reste assez impressionnante. RoboCop: Rogue City est plutôt joli, les textures sont propres, les effets d’explosion sont crédibles, c’est plutôt bien détaillé, sans non plus en mettre plein la vue, mais c’est déjà bien.
Peter Weller, 76 ans, s’en sort vraiment bien dans son rôle.
Les environnements sont très fidèles aux films, les fans reconnaissent d’emblée le commissariat de Détroit et quelques monuments de la ville, sans oublier les personnages. Des têtes connues sont présentes, à l’instar du Maire Kuzak (Willard Pugh), du Sergent Reed (Robert DoQui), d’Anne Lewis (Nancy Alen) et bien sur d'Alex Murphy. Seul l’acteur Peter Weller a participé au jeu en prêtant ses traits et sa voix à RoboCop, les autres ont été modélisés plutôt fidèlement avec des comédiens de doublage différents, mais ça passe. Et surtout, Peter Weller, 76 ans, s’en sort vraiment bien dans son rôle, le comédien est vraiment impliqué dans son personnage, même après toutes ces années.
Un soin particulier a été apporté au niveau du sound design, nous avons déjà évoqué le bruit des balles sur l’armure de RoboCop, mais chaque arme pétarade parfaitement, les impacts sont crédibles et nous avons constamment en fond sonore le bruit des pas lourds de RoboCop, renforçant l’immersion et l’impression de réellement incarner le flic robotique. Sans oublier le thème musical de la franchise qui retentit de temps en temps, un régal.
Nous n’attendions rien de ce RoboCop: Rogue City, adaptation d’une franchise (malheureusement) oubliée par un développeur au C.V. inquiétant. Et nous avions tort, car le titre se révèle être un FPS particulièrement fidèle à la licence, avec de l’action décomplexée et jouissive, quelques bonnes idées dans les mécaniques de gameplay et un scénario qui sent bon les années 80, faisant le lien entre RoboCop 2 et RoboCop 3. Certes, le jeu souffre d’un budget réduit, les environnements ouverts sont assez vides et tournent vite en rond, c’est assez basique et même parfois répétitif, le côté RPG est sous-exploité, les fans de RoboCop rêvent sans doute d’un jeu open world plus libre, façon Grand Theft Auto, mais rendons-nous à l’évidence : aucun éditeur ne financera un tel jeu au vu de la faible popularité de la franchise de nos jours. Nous avons donc RoboCop: Rogue City, un FPS AA qui fait plutôt bien ce qu’il entreprend, venant de Teyon, c’est un miracle et il serait dommage de bouder le jeu si vous êtes fan du robot flic.
RoboCop: Rogue City est disponible sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series X|S. Vous pouvez l'acheter sur Amazon, Cdiscount, la Fnac ou Gamesplanet.
- La franchise très bien respectée
- Les gunfights lents et violents, du pur RoboCop
- Le gameplay qui arrivent à se renouveler un peu au fil de l’aventure
- Techniquement plutôt solide (pour un AA)
- Peter Weller aime encore RoboCop, ça s’entend
- Des missions secondaires, du light-RPG, il y a des idées…
- Un arsenal varié…
- … mais elles restent sous exploitées
- … mais inutile comparé à l’Auto 9.
- Une ville de Détroit trop vide
- L’IA, c’est compliqué
- Parfois répétitif dans ses missions secondaires
- Pas assez cynique !
- Un jeu surtout pour les fans de RoboCop
Clint008 Rédacteur - Testeur |