Resident Evil Resistance : Heureusement qu'il ne s'agit que d'un mode accompagnant Resident Evil 3, parce qu'il n'y a pas grand-chose à sauver...
Scientifique fou, c'est tout un métier
Lorsque les joueurs achètent Resident Evil 3, ils reçoivent également une copie de Resident Evil Resistance, un jeu multijoueur au gameplay asymétrique qui est là pour prolonger l'expérience en permettant d'incarner un méchant Mastermind réalisant des expériences sur des Survivants, un groupe de quatre autres joueurs devant s'échapper. Le titre surfe clairement sur la vague du 4 vs 1 actuellement portée par l'excellent Dead by Daylight, mais comme nous allons le voir dans ce test, Capcom et Neobards Entertainment, qui codéveloppe le titre, ont loupé le coche.
Resident Evil Resistance n'a rien à voir lorsque le joueur incarne un Survivant ou un Mastermind.
Le scénario, nous l'avons déjà abordé, il s'agit d'un membre d'Umbrella Corporation (Annette Birkin, Daniel Fabron, Alex Wesker et Oswell Spencer) enfermant quatre jeunes adultes (parmi Valerie, January, Tyrone, Samuel, Martin et Becca) dans des lieux plus ou moins inspirés de la franchise (Centre-ville, Laboratoire, Parc abandonné et Casino). Le Mastermind dispose de cartes pour invoquer des ennemis ou placer des pièges afin de ralentir la progression des Survivants, ces derniers devant effectuer à chaque fois le même objectif au fil des trois zones de chaque partie, avec dans l'ordre des pièces : trouver trois objets, tuer un puissant zombie pour obtenir une carte d'accès et déverrouiller des terminaux, et enfin détruire des cuves de recherches avant de pouvoir enfin s'échapper.
Jeu multijoueur au gameplay asymétrique oblige, Resident Evil Resistance n'a rien à voir lorsque le joueur incarne un Survivant ou un Mastermind, et c'est ce second rôle qui est le plus intéressant. Le vil scientifique n'a accès qu'à des caméras de sécurité pour suivre l'action, et une carte globale où sont affichés les objectifs des Survivants. Idéal pour poser des pièges ou invoquer de gros zombies à des endroits stratégiques pour gagner du temps, car si le compteur arrive à zéro, les Survivants perdent la partie. Ces éléments à invoquer demandent des points, qui s'accumulent au fil du temps, le rôle du Mastermind est donc très stratégique : envoyer régulièrement des ennemis faibles ou conserver ses points pour des zombies en armures, c'est au choix, et il est même possible d'incarner un mort-vivant pour embêter un peu plus les Survivants, l'intelligence artificielle de base n'étant pas vraiment efficace (oui, ce sont des zombies, mais quand même).
Mais surtout, chaque Mastermind dispose d'une invocation spéciale permettant de renverser le combat. Il est en effet possible de faire apparaître et contrôler William Birkin en forme G1, le Tyrant Mr. X ainsi que la plante géante Yateveo, qui ne peut pas se déplacer contrairement aux deux autres. Placée à un croisement stratégique, elle se révèle cependant particulièrement efficace et puissante. Seul Spencer ne peut pas invoquer de créature, mais il fait apparaître un mur de lasers empêchant les Survivants de passer pendant un long moment. Chaque Mastermind a donc ses spécificités, les joueurs peuvent personnaliser leurs decks de cartes d'invocation pour adapter leur propre style de jeu, même s'il faut faire de nombreuses parties et gagner un tas de niveaux pour débloquer la plupart des emplacements. Mais dans l'ensemble, incarner le Mastermind donne un vrai sentiment de puissance, permettant de vite faire tourner en bourrique les Survivants qui ne savent plus ou donner de la tête lorsqu'ils sont assaillis de zombies.
Personne ne veut survivre...
Car non, incarner un Survivant n'est vraiment pas une partie de plaisir, pour de nombreuses raisons, à commencer par le gameplay général. Les déplacements sont lourds, les contrôles ne sont pas du tout ergonomiques avec les réglages de base, l'inventaire est confus et les environnements étriqués rendent souvent l'exploration difficile lorsque tout le groupe se retrouve dans le même couloir en compagnie de zombies.
Le gameplay tourne vite en rond, les objectifs sont tout le temps les mêmes.
Question lisibilité, c'est également une galère, les décors sont riches en éléments et comportent pas mal de choses en surbrillances ou simplement mises en avant par leur apparence, comme les crédits Umbrella, les munitions et herbes, certains zombies tout juste invoqués, quelques pièges au sol, voire certaines caméras du Mastermind. La confusion est totale, les tirs fusent dans tous les sens et les balles sont vite perdues pour rien, c'est très frustrant. Mais surtout, le gameplay tourne vite en rond, les objectifs sont tout le temps les mêmes, seuls les emplacements des objets changent, ce qui n'est clairement pas suffisant pour tenir en haleine les joueurs, surtout avec seulement quatre cartes actuellement disponibles.
Pour autant, les développeurs ont essayé de rendre le gameplay des Survivants un peu plus varié grâce aux capacités spéciales des six personnages jouables, ainsi qu'à une capacité propre à chacun et souvent puissante. Valerie peut ainsi mettre en lumière les ennemis ou objets importants et soigner ses coéquipiers aux alentours, Becca peut améliorer sa précision en se mettant à genoux et tirer des balles illimitées pendant quelques instants, Martin pose des pièges au sol et éblouit les ennemis, Samuel peut boxer les zombies, January est capable de pirater les caméras du Mastermind pendant quelques secondes et Tyron peut améliorer la résistance des coéquipiers lors d'un court instant. Cela ne change pas grand-chose au gameplay, et même s'il est clair que les développeurs ont voulu recréer la Sainte Trinité DPS/Tank/Soigneur, cela ne fonctionne pas vraiment... à moins de jouer avec des amis. Si les Survivants veulent sortir victorieux de la partie, il faut énormément de coordination dans la réalisation des objectifs et l'utilisation des capacités spéciales, car sinon, le Mastermind arrive vite à ses fins.
Du côté des cartes, elles sont au nombre de quatre, et c'est bien faible. Mais surtout, aucune n'arrive à sortir du lot, si ce n'est le Parc abandonné, sorte de lieu horrifique de fête foraine à l'abandon qui met un peu les Survivants dans l'ambiance, au contraire du Casino, qui dénote totalement avec la franchise Resident Evil. Mais que ce soit ces deux maps ou le Laboratoire et le Centre-ville, le constat est le même : le level design est chaotique, les Survivants se perdent rapidement, et heureusement que le Mastermind a une carte globale pour s'y retrouver avec ses caméras pour ne pas être lui aussi perdu. Aucune vraie bonne idée du côté des cartes de Resident Evil Resistance, c'est du très classique, alors que la licence a sans doute bien mieux à proposer (comme... un manoir ?).
Encore des ombres au tableau
Techniquement parlant, Resident Evil Resistance utilise le moteur de jeu RE Engine, mais il est clair que Neobards Entertainment ne le maîtrise pas aussi bien que Capcom.
Resident Evil Resistance lorgne vers le pay-to-win.
Avec les mêmes réglages graphiques que Resident Evil 3, ce mode multijoueur perd en framerate sur PC, mais sur ordinateur comme sur consoles, le titre est bien moins joli, avec des animations rigides, quelques bugs de colisions et de l'aliasing. Même si le jeu reste globalement assez beau, passer du solo à ce mode en ligne fait un petit choc, c'est quand même dommage...
Le tableau de Resident Evil Resistance n'est déjà pas bien reluisant, mais en plus de cela, Capcom a opté pour un modèle économique propre au titre, qui a de quoi faire grincer les dents. Outre les capacités uniques des Survivants et Masterminds, des emplacements d'améliorations sont là pour octroyer des bonus variés, concernant la santé, les dégâts infligés, la vitesse, la précision, etc. Ces équipements bien pratiques, ils sont à débloquer dans des coffres via des points obtenus en jouant, mais ces points peuvent être doublés en lâchant quelques euros. Oui, en plus de proposer des loot boxes, Resident Evil Resistance lorgne vers le pay-to-win, ce qui rappelle des heures sombres de l'histoire vidéoludique (le lancement de Star Wars Battlefront II, en somme). Pour un mode multijoueur d'un jeu payant, c'est quand même osé. Sinon, les joueurs peuvent également débloquer des skins pour les Survivants, leurs armes ou les monstres des Mastermind, c'est classique, mais au moins, cela n'influe en rien sur le gameplay.
Vous aimez les ambiances horrifiques et vous êtes à la recherche d'un jeu multijoueur en 4 vs 1 pour vous amuser entre amis ? Eh bien, foncez acheter Dead by Daylight ou Friday the 13th: The Game, qui sont bien mieux que ce Resident Evil Resistance. Inclus de base avec Resident Evil 3, sans doute pour tenter de rallonger la durée de vie globale de ce dernier, le mode multijoueur est bien trop classique, répétitif, pas franchement intéressant à jouer en tant que Survivant (mais un peu plus en Mastermind) et propose un modèle économique douteux. Capcom a clairement essayé quelque chose de nouveau pour lui, mais c'est loin d'être une réussite, et il y a fort à parier que Resident Evil Resistance va vite être abandonné par les joueurs, à moins qu'il ne finisse par sortir en stand-alone et free-to-play.
Lire aussi : TEST de Resident Evil 3 : un remake beau, intense, mais frustrant
- Incarner un Mastermind est plaisant pendant un temps
- Entre copains, c'est un peu rigolo
- Le gameplay des Survivants, rigide et chaotique
- Des cartes peu nombreuses et pas inspirées
- Tout le temps les mêmes objectifs
- Pas aussi joli que Resident Evil 3
- Modèle économique douteux