TEST de Pokémon Épée et Bouclier : L'île solitaire de l'Armure, un DLC plein de bonnes intentions
par Alexandre S.Pokémon Épée : La série principale des jeux Pokémon s’essaie enfin aux extensions payantes, est-ce qu’Isolarmure a su nous convaincre ?
Isolarmure, une île plus ouverte que jamais
Au cours de la vingtaine d'années d'existence de la série principale Pokémon en jeu vidéo, Game Freak nous a habitués à sortir une version complémentaire peu de temps après chaque duo d'une génération. Il fallait donc repasser à la caisse en payant plein pot, et ce afin de profiter de changements assez minimes améliorant l'expérience de base, et bien souvent d'un contenu scénaristique supplémentaire ou alternatif donnant envie de s'y replonger. Nous sommes désormais en 2020 plus que jamais à l'ère des DLC, Pokémon Épée et Bouclier ont connu un énorme succès commercial, mais pas forcément critique auprès de la communauté, et il était temps que la licence aille de l'avant. Les deux derniers jeux accueillent donc chacun de leur côté un Pass d'Extension scindé en deux parties, dont la première vient de sortir : L'île solitaire de l'Armure. Nous avons donc repris notre partie là où nous l'avions laissée après notre test complet paru 2019, à retrouver plus bas, direction la bien nommée Isolarmure.
Les environnements sont de notre point de vue bien plus organiques que ne l'étaient ceux des Terres Sauvages de Galar.
Premier point à noter, si nous avons profité de ce contenu après avoir bouclé le jeu de base, les nouveaux joueurs peuvent de leur côté en profiter dès l'instant où ils posent les pieds dans les Terres Sauvages pour la première fois, et cela a son importance, nous y reviendrons. Si vous aimez le concept de ces dernières, vous serez donc comme nous ravis de découvrir cette nouvelle zone de jeu, qui est un véritable monde ouvert sans temps de chargement (hormis pour entrer et sortir des rares bâtiments), assez vaste, avec caméra à 360° et apparition des Pokémon dans la nature. Pas de changement concernant les limitations techniques avec une distance d'apparition des créatures et arbres à baies trop faible, ainsi qu'un changement brusque de la météo d'une zone à l'autre, mais cela ne gâche en rien le plaisir de parcourir les différents biomes proposés. De même, la caméra passe toujours à la première personne dans les recoins et permet de voir à travers certaines textures, mais rien de bien méchant.
Les environnements sont de notre point de vue bien plus organiques que ne l'étaient ceux des Terres Sauvages de Galar, donnant envie de s'y attarder et de partir en exploration. Au-delà des plages, nous pouvons ainsi traverser un « marécage » et une forêt, arpenter un mini désert et des grottes, ou bien rouler sur les flots, chaque zone abritant une faune distincte et ne manquant pas d'une profusion d'objets à ramasser. Alors, certes, nous sommes encore loin des espaces tortueux que nous proposaient les jeux en 2D, mais c'est encourageant.
Pour profiter pleinement de cet open world, il est donc nécessaire de posséder la Moticyclette, bien que tout ait été pensé pour la rendre optionnelle, du moins pour la partie se situant chronologiquement avant le post game. Cette dernière peut d'ailleurs être améliorée auprès d'un PNJ, lui offrant deux apparences noire et blanche sympathiques, tout en débloquant sa vitesse de pointe. Il faut bien ça pour échapper aux dents de la mer, les terribles Sharpedo, qui nous foncent dessus sans aucun répit, ce qui a eu tendance à nous énerver par moment. Plus paisible, un gigantesque Wailord est lui posé dans un coin de la carte, donnant un sens des proportions plutôt inédit, ce qui n'est hélas pas le cas lors des combats. Autre élément aidant à l'immersion, aucune barrière fictive n'est visuellement présente autour de la zone de jeu, bien que nous ne puissions pas braver la mer au-delà du périmètre prévu à cet effet.
Let's Go, Wushours
Si nous avons passé une vingtaine d'heures à déambuler à travers ce nouveau terrain de jeu sans éprouver de réelle lassitude, la durée de vie de l'aventure proposée est malheureusement bien plus dérisoire. Notre arrivée sur Isolarmure s'effectue avec un drôle de quiproquo nous introduisant auprès de notre rivale Sophora (Épée) dont la beauté cache une personnalité quelque peu toxique bien raccord au type Poison qu'elle utilise, faisant d'elle un personnage fort bien travaillé et qui ne laisse à aucun moment indifférent. Si vous possédez Bouclier, vous aurez affaire à Saturnin, dont nous pouvons seulement dire qu'il est spécialisé dans les Pokémon Psy. Dans l'ensemble, les expressions faciales et la mise en scène quasi cinématique des dialogues importants sont irréprochables, bénéficiant d'un soin tout particulier que nous espérons revoir à l'avenir.
Le premier Pokémon de notre équipe peut nous suivre sur Isolarmure !
Nous sommes ensuite introduits au Dojo de la Maîtrise tenu par le vénérable Mustar, qui sous ses airs un peu gagas se révèle être un puissant Dresseur ayant entraîné Tarak sur cette même île. Le lore de Galar est donc légèrement étoffé, même si nous en apprenons presque plus à travers les Cartes de Ligue obtenues que via les dialogues. Invités à rester au dojo, nous prenons donc part à une série d'épreuves avant que nous soit offerte l'incontournable figure de cette extension, l'adorable Wushours. Avec lui a été ajoutée LA fonctionnalité tant demandée par la communauté, à savoir que le premier Pokémon de notre équipe peut nous suivre sur Isolarmure ! Alors, certes, nous n'aurions pas été contre un minimum d'interaction avec nos compagnons, mais c'est un bon début. En plus, il est possible de la désactiver en parlant à un PNJ, nous laissant le choix.
C'est aussi à partir de là que les choses se corsent, car reçu au niveau 10, il va falloir faire progresser Wushours aux alentours du niveau 70 pour boucler ce contenu en gravissant l'une des deux tours présentes sur l'île, après avoir amélioré notre amitié avec lui au préalable. Avec des Pokémon sauvages tous capés à 60 et bien aidés par le Charme Exp offert sur place ainsi que le Multi Exp automatique, l'exploration de fond en comble fait globalement le reste après quelques heures de jeu, mais nous avons vraiment eu l'impression que tout a été fait pour que cet entraînement s'effectue en parallèle de l'aventure principale à Galar.
Ce n'est pas le seul élément où ce DLC semble ne pas savoir où se positionner. En effet, personne ne fait allusion au fait que nous soyons Maître de la Ligue tout au long de notre périple, s'en étonnant même dans la dernière partie accessible uniquement en tant que « post game ». Heureusement, les quelques indices teasant Les Terres Enneigées de la Couronne, deuxième partie à venir cet automne, laissent penser que nos prochaines aventures seront bien ancrées dans le post game. D'ailleurs, les Champions d'arène apparaissent aléatoirement au bout d'un moment, tous venus s'entraîner, mais ne nous offrant que quelques lignes de dialogue. Du reste, les éléments scénarisés mis bout à bout doivent représenter environ 3h de jeu à tout casser, mais nous voyons mal l'intérêt de rusher vers l'objectif (et utiliser des Bonbons Exp sur Wushours) sans profiter des à-côtés en chemin. Au passage, une fois le scénario terminé, nous débloquons l'exercice spécialisé, consistant à prendre part à 5 combats de suite avec une équipe d'un type précis, un bon petit défi supplémentaire rapportant des PCo.
Où est Taupi ?
Isolarmure dispose de son propre Pokédex à compléter, dont une centaine d'anciens Pokémon ayant été ajoutés pour l'occasion. Nous ne pouvons que nous en réjouir, mais cela pose la question des véritables raisons derrière l'affaire du « Dexit » qui a secoué la communauté... Quelques nouvelles têtes font donc leur apparition à cette occasion, à savoir les Formes de Galar de Ramaloss et Flagadoss, ainsi que Wushours et son évolution Shifours, dont le design et le second type varient en fonction de l'entraînement suivi (Tour de l'Eau ou des Ténèbres). Ce dernier possède également deux formes Gigamax pour aller de pair avec cette évolution pas banale. Une fois de plus avec la 8G, les designs font mouche à nos yeux. Et c'est malheureusement tout de ce côté.
L'île solitaire de l'Armure est un contenu agréable à parcourir, augurant d'un bon avenir pour l'orientation monde ouvert que prend la licence.
Forcément, l'envie de capturer la moindre espèce ne figurant pas dans notre collection en cours de route est prenante et les affrontements s'enchaînent. Ce sont d'ailleurs les seuls combats auxquels nous avons droit dans ces landes sauvages, car hormis dans le cadre du scénario, Isolarmure ne possède aucun Dresseur « sauvage » sur ses terres inspirées de l'Île de Man. En revanche, elle est peuplée de 150 Taupiqueur d'Alola à dénicher ! Oui, après les cellules de Zygarde en 7G ou les fameux Korogus de Breath of the Wild, les amateurs de collectibles peuvent s'en donner à cœur joie. Si la grande majorité se cueille telles des pâquerettes, il y a de quoi s'arracher les cheveux pour certains, qui donnent l'impression d'apparaître au moment où tout espoir a quitté notre corps... Sans aucun guide, cette quête nécessite pas mal de temps et de chance pour en venir à bout. En récompense, nous obtenons différents Pokémon sous leur Forme d'Alola, ainsi que le starter 7G correspondant au type du nôtre (Flamiaou pour nous donc).
Autrement, différents PNJ bien utiles peuvent croiser notre route. Régiona propose ainsi des échanges entre Formes de Galar et de base de certains Pokémon, tandis qu'une autre jeune fille demande 100 Watts pour nous montrer une créature manquant à notre Pokédex ou, une fois la liste complétée, nous vendre des Noigrumes, qui font leur retour et peuvent être obtenus dans les arbres à baies. Après les Trou Brothers, nous croisons aussi la route de leurs parents, Trou Dad et Trou Mama (true story!), permettant de miner des Watts ou de l'Armurium, nouvelle ressource introduite pour l'occasion. Cette dernière peut notamment servir auprès d'un nouveau Maître des Capacités, disponible au dojo.
Ce lieu central de l'intrigue peut d'ailleurs être amélioré, mais il va falloir farmer les Watts comme jamais si vous souhaitez en voir le bout, plus de 3 millions étant demandés... Nous y retrouvons également le NigoMix 3000, qui en échange de quatre objets peut en créer un nouveau. L'idée est bonne, l'exécution maladroite sans un répertoire listant les recettes déjà testées ou apprises. Et pour les amateurs de Gigamax, la Maxi Soupe constitue une excellente alternative pour donner ce gène spécial à un Pokémon en étant dépourvu, notamment notre starter puisque Pyrobut, Lézargus et Gorythmic y ont désormais droit, tout comme Florizarre et Torkank. C'est une bonne alternative au farm de Raids pour y trouver la créature voulue, mais il faut tout de même prendre part à ces derniers pour faire apparaître les Maxi Champis nécessaires à la préparation. Il en faut 3 par dose et, selon notre expérience et les retours de la communauté, en faire apparaître un demande 3 Raids en retour, soit 9 à chaque fois. Avec des antres éparpillés à travers Isolarmure et pas forcément bien visibles de partout, accompagné du fait que les Raids 5 étoiles sont difficilement faisables en solo pour certains, avec un matchmaking bien capricieux, et cette bonne idée peut vite lasser.
En résumé, L'île solitaire de l'Armure est un contenu agréable à parcourir, augurant d'un bon avenir pour l'orientation monde ouvert que prend la licence, sans toutefois proposer assez de contenu justifiant un achat obligatoire. Il faudra cependant attendre l'extension Les Terres Enneigées de la Couronne pour trancher sur la justification du tarif du Pass d'Extension par rapport au contenu, les deux n'étant pas vendus séparément. En l'état, tout dépend donc de la manière dont vous souhaitez consommer ce qui est proposé, et vous avez désormais toutes les cartes en main pour faire votre choix.
Vous pouvez vous procurer le Pass d'Extension de Pokémon Épée et Bouclier sur l'eShop ou depuis Amazon au prix de 29,99 €. Prenez garde à ne pas vous tromper de version !
Lire aussi : TEST de Pokémon Épée et Bouclier : un chemin vers la gloire pavé d'embûches
- Un scénario globalement cohérent et bien mis en scène…
- Le plaisir de retrouver une centaine de Pokémon familiers…
- La quête des Taupiqueur, bon prétexte à l'exploration
- Un monde ouvert agréable à arpenter
- Les rares nouveaux thèmes musicaux, bien classes
- De nouveaux accessoires et tenues, tout en élégance
- … mais à la durée de vie maigrichonne
- … qui auraient donc pu être présents de base
- La quête des Taupiqueur, une galère pour tous les trouver
- Le NigoMix 3000 sans une aide externe au jeu