TEST Pokémon Diamant Étincelant et Perle Scintillante : des joyaux de nostalgie légèrement repolis
par Alexandre S.Pokémon Diamant Étincelant : La région inspirée d'Hokkaido fait son retour dans nos consoles modernes à travers des remakes un peu trop fidèles à leurs modèles.
Dans une galaxie pas si lointaine...
28 septembre 2006, les joueurs japonais découvraient enfin la 4e Génération de monstres de poche dans Pokémon Version Diamant et Version Perle sur Nintendo DS, que nous n'avons eus qu'en 2007 dans nos contrées, la norme n'étant alors pas aux lancements mondiaux. 15 ans plus tard, en cette année du 25e anniversaire de la licence, The Pokémon Company a décidé de ressortir ces titres cultes sur Switch au travers des remakes Diamant Étincelant et Perle Scintillante. Rien de bien surprenant en soi, chaque nouvelle console nomade ayant accueilli une aventure remise aux goûts du jour depuis la GBA. Et pourtant, pour la toute première fois en 25 ans, ce n'est plus Game Freak qui est au développement, mais ILCA, avec tout de même la supervision de Junichi Masuda. C'est avec un plaisir certain et bien des souvenirs en tête que nous avons donc à nouveau arpenté les routes de Sinnoh pour devenir Maître Pokémon et compléter le Pokédex local, décortiquant durant une quarantaine d'heures les différents aspects de ces productions. Il est donc temps de rendre notre verdict.
Du classique sur presque toute la ligne.
Avant toute chose, précisons qu'ILCA a tenu à proposer des remakes qui soient les plus fidèles possible aux titres d'origine et c'est là que le bât blesse. Bien qu'il s'agisse d'une force sur des points précis, il est difficile de ne pas y voir une certaine forme de manque d'ambition, une manière de se dédouaner de ne faire que le strict minimum. Ce ne sont pourtant pas les moyens qui manquent du côté de The Pokémon Company... Le premier élément sur lequel nos yeux se posent, ce sont évidemment les graphismes et la direction artistique. Si Rouge Feu/Vert Feuille, Or HeartGold/Argent SoulSilver et Rubis Oméga/Saphir Alpha s'adaptaient au style des jeux principaux de leur génération, ce n'est donc pas le cas de Diamant Étincelant et Perle Scintillante, qui ne reprennent pas les proportions plus réalistes des personnages et environnements que nous avions dans Épée et Bouclier. Était-ce d'ailleurs souhaitable ? Avec l'arrivée prochaine de Légendes Pokémon : Arceus se situant dans la même région à une époque antérieure et qui sera entièrement en 3D, pas si sûr. Nous nous retrouvons donc avec des remakes dont les personnages arborent une esthétique « chibi » / « super deformed » durant les phases de jeu dans l'overworld, mais disposent de proportions normales en combat. Nous concernant, nous avons apprécié ce parti pris, mais n'aurions pour autant pas été contre une approche dans la veine de Let's Go, Pikachu et Évoli.
Les petites idle animations de notre personnage et autres expressions faciales du casting sont adorables et vraiment bon enfant, avec des passages « cinématiques » zoomant sur eux, tandis que les décors très colorés sont une transposition très fidèle de ceux d'époque sur ce nouveau moteur. Le cycle jour/nuit est lui toujours présent, les faisant varier au cours de la journée en fonction de l'horloge de la Switch. Que ce soit en mode Portable ou TV, ce style a le mérite d'être constant et de proposer le même rendu peu importe notre manière de jouer, sans écueil technique notable. Cela ne veut pas dire que tout est impeccable pour autant. Bizarrement, et ce dès l'intro dans la chambre de notre avatar, la majorité des intérieurs de bâtiments présentent des reflets au sol tel un miroir, à croire que les titres des jeux ont été pris un peu trop au pied de la lettre... Rien de dérangeant, mais curieux pour sûr. Autre bizarrerie, certaines textures de points d'eau dans les grottes paraissent plates, sans l'effet d'ondulation présent ailleurs.
À côté de ça, les arrière-plans en combat sont superbement détaillés, notamment ceux des Arènes, nous immergeant comme il se doit lors de ces joutes endiablées au tour par tour qui font le charme de la licence. Petit bémol toutefois, outre les combats contre la Team Galaxie donnant l'impression voulue de se dérouler dans l'espace, certains matchs en intérieur proposent simplement un flou en fond, alors que le sol est bien reproduit, par exemple dans un restaurant. C'est d'autant plus incompréhensible puisque le studio nous montre à d'autres moments qu'il a le souci du détail, comme dans l'École des Dresseurs. Des problèmes de timing côté développement ? Cela expliquerait d'ailleurs les patchs au lancement...
Outre l'aspect visuel clivant, nous retrouvons donc tout ce qui faisait la grandeur de Diamant et Perle, dont une bande-son aux petits oignons soigneusement remixée, s'accordant toujours du plus bel effet à l'action. Mention spéciale à une certaine composition au piano toujours aussi parfaite ! Côté scénario et contenu associé, rien ne bouge, ne vous attendez donc pas à y retrouver des ajouts de Platine. Si vous étiez trop jeunes pour y avoir joué, rappelons rapidement de quoi il retourne. Notre personnage (garçon ou fille, avec désormais 4 choix de teintes de peau et/ou couleur de cheveux) et son meilleur ami René (ou tout autre nom que nous lui choisissons) vont donc partir à l'aventure avec l'un des trois starters de la région de Sinnoh obtenu par la force des choses, aidant le Professeur Sorbier dont les travaux de recherche portent sur l'évolution et son assistante Aurore (ou Louka si vous choisissez d'incarner une fille). Durant ce périple, nous affrontons les Champions d'Arène locaux, luttons contre la Team Galaxie aux objectifs aussi grandiloquents que leur nom et arpentons même certaines zones en compagnie d'un allié de circonstance. Du classique sur presque toute la ligne certes, mais qui reste bien meilleur que le fil rouge d'Épée et Bouclier, la mise en scène en moins.
Moderne, mais pas trop non plus
De petites améliorations par-ci, par-là viennent tout de même rendre l'ergonomie et le plaisir de jeu bien meilleurs qu'à l'époque. La Pokémontre est de retour avec ses multiples applications bien pratiques et, faute de dual screen, se loge dans le coin supérieur droit de l'écran en l'activant avec R. Une deuxième pression l'affiche en gros plan pour l'utiliser avec le curseur lié au joystick ou via l'écran tactile de la Switch selon notre manière de jouer. Pour le coup, l'ergonomie est top et s'adapte au mieux au support. Et en parlant de tactile, il est à nouveau possible de polir nos badges, qui ont conservé leurs notes de musique, un détail que nous attendions tout de même au tournant ! Courir se fait désormais automatiquement en inclinant le joystick (il fallait garder enfoncé B à l'époque, un réflexe resté gravé), nous avons la possibilité d'accéder aux boîtes de stockage depuis le menu presque à tous moments (pas dès le départ) et, évidemment, le fonctionnement des CS a été modifié.
Le game design accuse l'âge.
Plus besoin de se coltiner un Keunotor ou autre « CS slave » tout au long du jeu pour franchir les obstacles environnementaux, c'est la Pokémontre qui s'en charge. Bon, la justification est capillotractée puisque ce sont des créatures sauvages qui nous viennent en aide, et ce sans raison narrative, mais cela enlève une bonne épine du pied. Il reste nécessaire d'acquérir les CT adéquates avant de pouvoir utiliser les Capacités Secrètes de la montre et de battre un Champion d'Arène pour en débloquer l'utilisation. Dommage que Flash, qui était passée en CT lors de cette 4e Génération, n'ait pas été ajoutée à l'application de la montre, nous obligeant à la faire apprendre à l'une de nos créatures pour l'exploration d'une certaine grotte. Supprimer ce non-obstacle aurait également pu être la solution. Dans tous les cas, à force de vouloir trop coller aux originaux, c'est le genre de détail absurde qui vient en opposition directe avec les nouveautés mises en place.
D'ailleurs, les CT ne sont pas utilisables en illimité, mais qu'une seule fois comme à l'époque. Les développeurs ont tout de même fait en sorte que les PNJ nous en offrent plusieurs (3 ou 5). Cela reste néanmoins problématique pour les adeptes de stratégie s'il n'est pas possible d'acheter la technique voulue par la suite. Autre détail lié aux CS et qui accuse l'âge, le game design. À l'époque, le choix nous était par endroit offert entre un chemin de hautes herbes, avec donc des combats aléatoires, et un plus sûr nécessitant que l'un de nos Pokémon puisse déblayer le passage. Forcément, la question ne se pose plus maintenant, mais ces décors ont été repris à l'identique, rendant caducs certains des éléments présents. Autre choix douteux, potentiellement lié à la localisation française, les textes en Zarbi des ruines Bonville. Outre le terme anglais « friend » non traduit, c'est la présence de « ' », « . » et « À » parmi les symboles qui nous a sorti de l'ambiance...
Point épineux pour certains, ce qui était autrefois l'apanage du bien nommé Multi Exp est désormais intégré de base au système de jeu et impossible à désactiver, offrant de l'expérience à toute l'équipe pour chaque affrontement et capture. C'est la norme depuis plusieurs épisodes et cela facilite vraiment la vie pour avoir une équipe au niveau sans la nécessité de grinder pendant des heures. Alors, oui, nos Pokémon peuvent rapidement être au-dessus du niveau des Dresseurs et créatures que nous croisons, facilitant la progression, mais cela n'enlève rien au challenge de la Ligue par exemple. Il faut davantage y voir là un moyen de gagner du temps plutôt qu'une baisse de la difficulté (un faux débat de toute manière), l'aspect stratégique restant le même. D'ailleurs, sur ce point, ILCA a eu la bonne idée de faire tenir des objets bien précis à certains Pokémon lors des matchs importants. Et bien sûr, le type Fée est de la partie comme dans tous les jeux depuis la 6G. En revanche, les Méga-Évolutions n'ont pas été ajoutées alors même que l'effort avait été fait pour Let's Go...
15 ans en arrière, il était encore possible d'intégrer des machines à sous dans un jeu Pokémon sans souci, mais plus depuis la sortie européenne de Platine, dont notre version avait été censurée en urgence. Le casino de Voilaroc n'existe donc plus et a été remplacé par le Coin Mode Métronome, une boutique permettant d'acheter des tenues et dont le thème musical est vraiment top. Pas de choix de vêtements à associer selon nos goûts en revanche, la personnalisation est limitée à l'achat d'onéreux costumes plutôt chouettes. Oui, nous pouvons enfin aller marcher dans la poudreuse en étant habillés pour résister au froid si nous le désirons, c'est tout de même bien plus pertinent ! Notez que l'icône de notre personnage sur la carte de la région change aussi selon la tenue portée.
Un filon bien exploité ?
Les nouveautés de gameplay de ces remakes ne se bousculent pas au portillon, mais existent tout de même, bien qu'il s'agisse de la réutilisation de lieux et activités déjà là de base. Ainsi, le Parc des Amis devenu bien inutile laisse sa place au Parc Rosa Rugosa, atteignable en cours de partie, mais qui n'ouvre pas ses portes de suite, logique puisqu'il a été transformé en coin pour légendaires. Le Square Paisible a lui vu sa limite de Pokémon nous suivant monter à six, mais toujours parmi une liste prédéfinie. Une fois que nous l'avons visité une fois, il est possible de se promener avec l'un des membres de notre équipe à travers toute la région, une fonction qui peut heureusement être désactivée. Si nous disons cela, c'est bien parce que son implémentation laisse encore à désirer, en cause des soucis de collision avec notre avatar dans les passages étroits et des téléportations à outrance s'il n'arrive pas à suivre. Nous avons même eu droit à un bug où le modèle 3D de notre Pingoléon nous suivait en lévitant sans son animation de course... Et contrairement à Let's Go, les Pokémon ne sont pas à l'échelle, ce qui est compréhensible puisque nous retrouvons de sacrés géants parmi les 493 monstres de poche pouvant être affichés.
Les Grands Souterrains, toujours aussi addictifs.
Avec son Mont Couronné, Sinnoh est une région bien rocailleuse où l'activité minière bat son plein. C'est pourquoi Game Freak avait introduit des souterrains en guise d'activité annexe. ILCA a bien réintégré ce concept avec les Grands Souterrains, qui sont toujours aussi addictifs. Le principe est simple, une fois l'Explorakit obtenu, nous pouvons plonger dans leurs galeries depuis l'overworld pour aller y déterrer différents objets via un mini-jeu à l'aide d'une pioche et d'un marteau. Parmi eux ont été ajoutés les Coffrets Élégants, qui renferment des statues de Pokémon. Ces dernières servent à décorer notre Base secrète en lieu et place des meubles que nous avions à l'époque (pas sûr d'y gagner au change) et peuvent influer sur la nature des créatures présentes en sous-sol. En effet, les tunnels relient désormais des Grottes et Cavernes où nous pouvons capturer des Pokémon, dont des espèces non présentes à Sinnoh de base et ce sans attendre le post-game (nous avons eu un Démolosse assez tôt par exemple). Mieux encore, pas de RNG à proprement parler, puisqu'ils s'y baladent en étant bien visibles. Leur niveau augmente d'ailleurs à mesure de notre progression dans l'aventure pour rester pertinent. Et avec le multijoueur en local ou en ligne, nous pouvons nous y amuser avec un ami. Autant dire que nous allons y passer énormément de temps.
Enfin, parlons rapidement du Super Show Concours, qui nous a quelque peu laissé de marbre. Terminées les trois épreuves de Style, Danse et Comédie bien séparées, elles ont été fusionnées en une unique prestation. Le Style de notre Pokémon est donc évalué lors de son introduction sur scène en fonction des effets appliqués via les Capsule Balls (tellement de PNJ en parlent et en donnent, même les Champions, qu'il est difficile de passer à côté) et de sa condition liée aux Poffins qu'il a mangés, que nous pouvons d'ailleurs à nouveau concocter. Ainsi, plus de décoration en une minute chrono de notre partenaire sur un thème donné. Le mini-jeu de rythme dansant est lui de retour dans une version plus lisible durant laquelle nous pouvons utiliser une capacité en coordination avec les autres participants et non plus avec plusieurs tours face à un jury, retirant une grande partie de son attrait et côté tactique. Pour autant, le contenu est toujours là et a de quoi occuper bien des heures pour décrocher les nombreux rubans disponibles.
Pour résumer Pokémon Diamant Étincelant et Perle Scintillante, nous avons affaire à une dose authentique de nostalgie manquant de réelles innovations, une production qui fera découvrir à la jeune génération ces jeux au plus proche de ce qu'ils étaient à l'époque, avec tout de même un certain confort moderne. Y jouer en mode Portable sur Switch OLED est d'ailleurs super plaisant, un bon combo au pied du sapin ! Les joueurs plus vieux peuvent eux déplorer le manque de nouveautés ou de reprises d'éléments de Platine. Nous avons pleinement apprécié redécouvrir ces productions sous ce format et saluons tout de même le travail d'ILCA pour sa grande première sur la série principale, mais aurions aimé une plus grande prise de risque. Tâche désormais à Game Freak de nous montrer avec Légendes Pokémon : Arceus que déléguer ces remakes tant attendus était la bonne solution.
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- Une formule classique toujours aussi efficace
- Une refonte visuelle charmante...
- La bande-son remixée reste un régal
- Les Grands Souterrains, encore plus addictifs qu'avant
- L'écran tactile de la Switch utilisé à bon escient
- Un contenu généreux
- Le game design coincé entre respect des jeux d'origine et modernité
- ... mais potentiellement clivante selon les goûts
- Un réel manque de nouveautés
- Le Super Show Concours, peu palpitant