La suite de Tales from the Borderlands est enfin là. Est-elle à la hauteur du jeu d'aventure narratif qui avait convaincu les amateurs du genre ?
Une nouvelle aventure
Pour les amateurs d'aventures narrative, Tales from the Borderlands: A Telltale Game Series est un classique, remarquable par son ambiance et son humour. C'est donc avec grand intérêt que les fans du genre et de la licence ont accueilli l'annonce de New Tales from the Borderlands, une suite développée directement par Gearbox Software, qui dirige la franchise. Mais malheureusement, la magie n'a pas autant opéré sur nous qu'avec l'original.
Un point and click au scénario oubliable et au gameplay archaïque, dont nous ne retiendrons que les personnages et leurs passages les plus marquants.
Oubliez Rhys et Fiona, même s'ils auront encore des rôles mineurs dans cette histoire. Nous suivons ici Anu, une ingénieure angoissée chez Atlas qui vient de découvrir une étrange technologie pouvant faire disparaître des choses, son frère adoptif Octavio, un voleur raté à l'ego surdimensionné habitant sur Prométhée, et Fran, qui l'employait dans sa glacerie et qui doit travailler sur la gestion de sa colère, surtout depuis la destruction de son entreprise par un laser de Maliwan. Les évènements sont postérieurs à ceux de Borderlands 3, et s'il est plus confortable d'être à jour sur ce récit, il est facile de raccrocher avec les quelques éléments importants, y compris si vous n'avez pas suivi la série depuis Tales from the Borderlands.
Car tout va évoluer très vite quand Tediore, l'un des principaux fabricants d'armes de l'univers, et sa patronne Susan Coldwell vont attaquer Prométhée pour une raison inconnue. Le frère et la sœur séparés depuis longtemps et la glacière en fauteuil roulant robotique vont ainsi être réunis malgré eux pour survivre à cette invasion, et pourquoi pas la contrecarrer grâce à un mystérieux artefact qu'ils vont découvrir. Et tout l'intérêt de cette suite va reposer sur ce trio aux caractères forts, dont nous pourrons dresser les nuances et la synergie au fil de nos choix de dialogues. Presque un peu trop humains pour le monde totalement fou de Borderlands, ces héros remplis de défauts vont vite se montrer attachants, au contraire du récit qui les met en scène.
En dépit d'un départ canon et assez intéressant, New Tales from the Borderlands peine à passionner durant la totalité de ses 10 heures de durée de vie. Les situations rocambolesques s'enchaînent sans trop de cohérence narrative et esthétique, avec des ellipses qui ont parfois réussi à nous perdre dans des repères de temps et d'espaces pourtant resserrés, de quoi nous larguer sur certains aspects narratifs. L'histoire générale manque de liant et de pep, avec plusieurs scènes qui traînent trop en longueur et d'autres assez ennuyantes, malgré les QTE simplistes juste là pour maintenir l'attention. D'ailleurs, parti pris intéressant : si vous réussissez à les rater, l'échec peut aller jusqu'au Game Over, nous demandant de recommencer le passage, ce qui permet de maintenir l'intérêt des scènes d'action tendues, même s'il est parfois possible de manquer un QTE sans que cela n'ait aucune incidence sur le déroulé. Le système de choix narratifs reste globalement bien ficelé, avec des chemins qui s'empruntent de manière fluide, en dehors de quelques décisions binaires plus voyantes, y compris lors de la fin qui ne devrait pas beaucoup varier selon les joueurs. Les liens entre nos personnages seront en parallèle décomptés par des jauges relationnelles et un compteur de réjouissance général, régulièrement décompté en skateboards.
Marquant ou oubliable ?
D'ailleurs, New Tales from the Borderlands ne manque pas d'humour et s'il a réussi à nous faire souffler du nez à quelques reprises (ce qui reste un exploit pour un jeu vidéo), il ne nous a pas apparu aussi drôle que son prédécesseur. Il y a bien quelques parodies de phénomènes sociétaux actuels, du comique de répétition efficace et quelques gags visuels amusants, mais pas de là à maintenir un ton comique captivant. Son arsenal de personnages secondaires loufoques, régulièrement introduit durant la première moitié de l'aventure, ne sert lui qu'à des apparitions futiles de certains d'entre eux dans le dernier des 5 chapitres, là où nous aurions préféré en revoir certains davantage, et avec autant de profondeur que Lou13, qui va tous leur voler la vedette.
Sinon, le gameplay se limite au strict minimum, avec des choix de dialogue et des QTE sommaires, des phases de recherche d'objets en zone fermée ou encore des combats de figurines et des mini-jeux faciles comme jamais. Certes, les aventures narratives ne sont pas réputées pour leur ingéniosité en termes de mécaniques, mais nous pouvions espérer mieux qu'un point and click de l'ancien temps. New Tales from the Borderlands n'est pourtant pas avare techniquement : très beau graphiquement, avec des personnages bien animés (si ce n'est quelques visages dont celui d'Anu qui manquent d'expressivité), très peu de clipping et autres soucis visuels, et une direction artistique certes fourre-tout, mais riche. Le doublage est lui au top, grâce à des acteurs investis qui ont bien saisi l'ambiance électrique et décalée du jeu. Soulignons aussi l'efficacité des quelques cinématiques musicales qui ont mis du baume dans nos yeux et nos oreilles.
Mais voilà, malgré sa générosité et son envie de bien faire, New Tales from the Borderlands n'en reste qu'un point and click au scénario oubliable et au gameplay archaïque, dont nous ne retiendrons que les personnages et leurs passages les plus marquants. Cette épopée n'a rien de désagréable, ses beaux graphismes et sa bande sonore sans faute permettant de se maintenir, mais son intensité retombe au fil du scénario qui perd en intérêt et se termine dans une certaine indifférence.
New Tales from the Borderlands est disponible à partir de 39,99 € chez Amazon.fr.
- Les personnages principaux originaux et réussis
- Techniquement très soigné
- Plusieurs gags vraiment amusants
- Le scénario dont l'intérêt baisse au fil des chapitres
- Quelques passages un peu longuets
- Les mécaniques de jeu qui se limitent au minimum, malgré quelques à-côtés peu ingénieux