MediEvil : Ce bon vieux sac d'os de Dan revient arpenter Gallowmere à l'occasion d'Halloween, et il n'a pas vraiment changé en deux décennies.
Que vois-je ? Sir Dan est de retour !
À l'automne 1998, SCE Studio Cambridge lançait un drôle de jeu d'action et d'aventure sur la première PlayStation, MediEvil. 21 ans se sont écoulés et les développeurs d'Other Ocean Emeryville se sont vu confier la tâche de dépoussiérer ce titre d'antan pour lui donner une nouvelle jeunesse dans nos PS4. C'est avec nos bons vieux souvenirs en tête que nous avons pris une fois de plus le contrôle de Sir Daniel Fortesque afin de revivre cette petite épopée, qui se révèle toujours aussi plaisante.
Nous n'aurions pas été contre un peu plus de nouveautés.
Le scénario de ce remake de MediEvil à la sauce 2019 ne bouge pas d'un iota et fait fi des ajouts du MediEvil: Resurrection de 2005 paru sur PSP. Nous retrouvons donc la vingtaine de niveaux originaux nous faisant arpenter le royaume de Gallowmere, en proie aux tourments depuis le retour du vil sorcier Zarok que tout le monde croyait mort. Ce dernier souhaitant se constituer une armée, il va tout bonnement faire revenir à la vie les défunts, mais aussi notre héros squelettique. Si la légende vante les exploits de Daniel, qu'il aurait accomplis cent ans auparavant, il n'en est rien et son retour non désiré dans le monde des vivants va ainsi lui offrir une occasion de laver son honneur et prouver qu'il mérite son titre de héros.
Depuis la crypte où il reposait jusqu'à l'antre de Zarok, la progression se fait toujours en parcourant zone après zone la carte du royaume, remise aux goûts du jour. Bien plus colorée et laissant mieux apparaître les détails de chaque environnement, elle se dévoile à mesure de notre avancée, rien de bien nouveau donc. Il aurait cependant été plus agréable d'implémenter un curseur permettant de sélectionner librement la destination au lieu de devoir tout retraverser, histoire de moderniser un peu le titre.
Que vous ayez de vagues souvenirs ou découvriez l'aventure, les différents niveaux se parcourent dans l'ensemble très rapidement, leur level design n'ayant pas été changé, avec comme objectif annexe redondant d'éliminer un certain nombre d'ennemis afin de remplir un calice. En le récupérant, nous avons alors accès au Hall des Héros, où diverses statues nous offrent armes et bonus fort appréciables pour progresser aisément, bien que la difficulté générale soit assez basse, garantissant l'accessibilité aux plus jeunes. La seule nouveauté en termes de « quêtes annexes » provient de l'ajout d'Âmes perdues une fois un certain point du jeu atteint. Concrètement, nous devons en retrouver une dans chaque stage, qui va nous indiquer de manière détournée un autre lieu à visiter où un petit défi nous attendra. Terrasser des adversaires, récupérer des objets ou franchir des pièges plus rapides qu'en temps normal, la variété est de mise, mais nous n'aurions pas été contre un peu plus de nouveautés. Avec tout ça, nous finissons par connaître par cœur chaque niveau.
Rigidité cadavérique
Côté prise en main, rien de bien compliqué et nous (re)trouvons rapidement nos repères. Daniel dispose d'un vaste choix d'équipements à débloquer, pouvant s'équiper d'un bouclier destructible ainsi que de deux armes à l'aide du menu lié au pavé tactile. Attaques rapide et chargée, ruée en avant, blocage et saut sont donc au rendez-vous pour venir à bout d'un riche bestiaire et dégager la voie.
Les vieux de la vieille retrouveront donc tous ces petits détails agaçants, mais qui font aussi le charme de MediEvil.
Malgré le fait qu'il s'agisse d'un remake, les tares du passé ont ressurgi et la physique rigide de notre sac d'os ambulant pourrait en rebuter certains, ce qui n'a pas trop été notre cas à l'exception de certaines phases de plateforme. En effet, il faut bien négocier ses sauts, et même là, la frustration peut montrer le bout de son nez. Nous pensons particulièrement à la Zone des Anciens défunts où notre Dan se mangeait le rebord et tombait à l'eau... Il en va de même sur le Vaisseau Fantôme, avec son fameux passage nous faisant tomber dans ses cales remplies de canons lorsqu'il faut rebondir sur des filets. Les vieux de la vieille retrouveront donc tous ces petits détails agaçants, mais qui font aussi le charme de MediEvil.
Parmi les rares ajouts, nous notons la présence d'un feu follet servant à mieux apprécier les distances entre notre personnage et ses cibles, un détail au final anecdotique qui n'a pas spécialement impacté notre manière de jouer. La Caméra Dan change elle le point de vue, se positionnant près de l'épaule, mais relève là encore plus du gadget sympathique à utiliser pour admirer certains décors sous un jour nouveau qu'autre chose. Il faut en effet maintenir une gâchette pour l'utiliser et son impact sur le gameplay ne se fait pas vraiment ressentir. C'est d'autant plus dommage qu'elle ne peut pas être activée partout, à l'instar du déplacement à 360° de la caméra de base qui a tendance à s'affoler dans les lieux exigus et près des parois. Au passage, si vous aimez réaliser de belles captures d'écran, sachez que l'ATH peut être désactivé en appuyant sur L3 une fois l'option cochée.
Au cours de notre périple, nous avons malheureusement rencontré quelques bugs et soucis d'interaction. Divers livres servant la narration sont en effet disséminés à travers les niveaux, et l'appui sur Triangle en face d'eux a parfois bien du mal à fonctionner, échangeant alors l'arme tenue, la touche étant la même. Mais le plus gênant reste le fait que Daniel peut se retrouver bloqué dans le décor, la seule solution pour l'en sortir étant alors de relancer le niveau...
Une ambiance mortelle
Pour nous immerger comme il se doit, un doublage français est présent comme à l'époque, et autant dire qu'il est de qualité. Ainsi, une narratrice est présente en voix off tout du long, que nous retrouvons aussi à la lecture des descriptions du Grand livre de Gallowmere, servant de bestiaire et d'encyclopédie. Concernant les divers personnages croisés, les bandes audio originales ont été réutilisées, ce qui n'est pas vraiment un mal, rajoutant à la nostalgie.
La bande-son a elle été réenregistrée, pour un résultat qui régale notre ouïe.
La bande-son a elle été réenregistrée par l'Orchestre symphonique de Prague, pour un résultat qui régale notre ouïe, notamment avec des morceaux comme Master of the Mausoleum et ses puissants chœurs. L'habillage visuel flatte lui plutôt bien la rétine sans être non plus exceptionnel, avec des décors bien mieux détaillés qu'autrefois, encore heureux, donnant vie à ce monde lugubre et coloré.
Si vous possédez une PS4 Pro et une TV adéquate, sachez que le titre exhibe un rendu en 4K. Sans surprise, les graphismes sont alors plus fins et détaillés. Nous pouvons par exemple apercevoir clairement les petits coins rouillés sur l'armure de Sir Daniel Fortesque, et les effets de lumière sont un peu plus chatoyants. Vous l'aurez donc compris, nos mirettes apprécient. Seul point que nous regrettons pour le coup, aucune option HDR n'est présente dans les parages... Nous n'aurions pas craché sur un affichage clinquant jouant avec les nuances dans les cieux, une luminosité plus poussée n'aurait pas été de trop, c'est assez dommage.
En os et pas cher
Pour venir à bout de MediEvil, il ne vous faudra pas bien longtemps. En effet, en une petite dizaine d'heures montre en main, le 100 % peut facilement être atteint avec la plupart des Trophées. Nous y comptons le fait de devoir rejouer certains niveaux pour les calices et Âmes perdues, en plus des possibles morts nécessitant de recommencer au début du stage.
Si en tant que joueurs, nous avons pris un plaisir nostalgique à arpenter de nouveau Gallowmere aux commandes de Sir Daniel Fortesque, il faut bien avouer que ce MediEvil 2019 manque cruellement de nouveautés et d'une véritable prise de risque. Il se contente de rendre accessible à la génération de joueurs actuelle ce titre incontournable de la ludothèque PlayStation avec un rendu plus moderne, tout en conservant certains soucis d'antan en termes de maniabilité. Si vous n'avez jamais eu l'occasion de vivre cette aventure, vous en aurez tout de même pour votre argent.
Seule interrogation qui reste en suspens, pourquoi ne pas avoir inclus le deuxième épisode afin de proposer un contenu plus conséquent comme d'autres éditeurs ont pu le faire ? Nous ne serions clairement pas contre un remake de MediEvil 2, voire un épisode original, gommant les défauts cités.
- Revivre cette aventure avec des visuels actualisés
- La bande-son orchestrale sublimant l'originale
- Le doublage français
- Une maniabilité par moment d'une autre époque
- Un manque de nouveauté
- Pas de prise de risque
- (Où est MediEvil 2 ?)